[elpingos] Mes critiques en 2013

[maltese]

Le terme "bitch" laisse la place à d'autres interprétations...

[Alegas]

BRICK
-------------------------------------------
Rian Johnson (2005) | 7,5/10

Un peu déçu à la révision, mais ça reste tout de même un de ces premiers films de tout premier plan, original dans son traitement et hyper convaincant dans son formalisme. En plongeant le débutant et génial Joseph Gordon-Levitt dans une enquête poisseuse, Johnson réussit un joli mélange des genres et instille une ambiance de film noir sur fond de teen movie. Il ne sacrifie pas pour autant un aspect ludique et enlevé qui caractérise ses films, réservant aussi une part belle à ses acteurs. L'écheveau étrange que ces ados vont tisser lorgne alors parfois du côté de Lynch (persos obscurs et situations un peu absconses). Mais Johnson recolle assez rapidement aux ramifications de son histoire de disparition et livre ses explications avec patience. Certes le film tourne parfois en rond (le whodunit central n'est au final pas le plus passionnant) et on peut alors s'ennuyer devant ces djeun's un peu trop grandiloquents. Mais c'est sans doute le prix de l'originalité et l'ensemble reste néanmoins suffisamment subtil et intelligent pour en savourer chaque mouvement. Très difficile en tout cas de ranger ce film dans une case quelconque. L'expérience s'avère ainsi assez unique, et malgré ses petits défauts inhérents à un 1er film, franchement intéressante. Et évidemment prometteuse.

[Jack Spret]

J'avais vraiment kiffé ce film.
Une grosse découverte à l'époque.
Le personnage de Lewitt me fait penser à un Marlowe adolescent et contemporain.

[elpingos]

Ben ouais il a bien la classe.

[Moviewar]

Merci pour la découverte, je connaissais pas, je vais me le choper

[osorojo]

J'ose pas le revoir pour ma part. J'en garde un tellement bon souvenir que j'ai peur d'être un peu déçu, comme tu as pu l'être :/

[elpingos]

Ben l'effet de suprise ne marchant plus, il y a quelques trucs qui tournent un peu trop à vide du coup ...

[Moviewar]

MUD
-------------------------------------------
Jeff Nichols (2012) | 8,5/10

Retour aux critiques avec Mud, une aventure poignante et intense de l'esthète Jeff Nichols, qui avec ce 3e film confirme ses talents formels et thématiques. Avec un McConaughey iconique à mort qui remplace ici solairement le ténébreux Michael Shannon (aussi présent en scaphandrier), le réalisateur livre un thriller "mafieux" avec en toile de fond un tableau social et dramatique de l'Amérique rurale. Mieux encore, vue au travers des yeux de 2 adolescents aventureux, l'histoire prend des accents initiatiques et transcende le drame en fable mystérieuse et romantique.

Nichols fait de son décor du Mississippi une terre suspendue, mi-théâtre des origines, mi-purgatoire des hommes, et en digne héritier de Malick, il donne à son histoire de très beaux accents naturalistes. Et si la langueur rappelle son Shotgun Stories, la beauté de ses images et la profondeur des histoires entremêlées trouvent ici le juste équilibre. Et son récit de rédemption, de rapport de force, d'individus et de faux-semblants, de chasse à l'homme et d'évasion, de livrer des moments forts, justes et passionnants.

Un très beau film donc, grâce aussi à ces acteurs parfaits et habités (McConaughey donc, Robinson triste et amoureux, Reese Witherspoon sa Juliette poisseuse et poissarde, Sam Shepard, un vétéran aux accents rednecks paternels, et les 2 kids, les 2 facettes du personnage du héros qui grandit et auquel s'identifier). Mud, dans ses thèmes, son décor et ses personnages rappelle ainsi à de nombreux égards un autre très beau film de cette année, les Bêtes du Sud Sauvage; le film de Nichols est tout autant une fable hyper élégante, belle, triste et merveilleuse à la fois. Et confine à une leçon de cinéma, tant la maîtrise de son art d'atteindre un nouveau sommet, aussi bien dans la forme que dans la parfaite densité de son histoire;

Une "petite histoire" aux accents universels, qui élève sans conteste Nichols ( et McConaughey ) au rang de grand.

[Scalp]

Chouette retour que voilà.

[Jimmy Two Times]

Les bestioles du Sud, j'ai tenu 30 minutes par contre... Alors que Mud, c'est le kif total. Y a comme une couille dans le pâté...

[elpingos]

Ca n'a rien à voir certes en terme de film, mais y a quand même un max de points communs. (l'enfance, le décor, le rapport au fleuve, la pauvreté, etc..) 2 films qu'on peut quand même rapprocher. Moi j'ai adoré, ptêt plus que Mud même. (et je t'assure que mes couilles vont bien )

[Alegas]

MAN OF STEEL
-------------------------------------------
Zack Snyder (2013) | 7,5/10

Superman Origins, Nolan évidemment. Un axe idoine qui a notamment relancé Batman et qui confirme qu'un film de super héros peut être sérieux un minimum. Et pourtant quoi de plus galère que de s'attaquer à superslob et sa mythologie casse-gueule.

Le combo Nolan-Snyder s'en sort donc très bien. Car même si le scénario est réduit à une portion congrue et que Snyder enfonce le clou d'une réal grandiloquente, le film a quand même de quoi impressionner par ses péripéties. Les flashbacks explicatifs relancent dans le bon timing la partie origine et les personnages s'étoffent doucement et sûrement, heureusement incarnés par un cast impeccable. Cavill a la gueule de l'emploi et le flegme britannique du surhomme perché et besogneux, Adams fait sa Loïs MILF à jugeotte, Shannon est le bad guy en colère rêvé, et Crowe et Costner les papas guest stars platinum.

Snyder ne fait pas pour autant dans l'étude de caractères et le sentimentalisme. Il s'empresse de livrer un gros pourcentage de FX à base de bastons planantes et de destructions toute azimut. Et en bon Snyder qu'il est, c'est assez génial à regarder pour tout amateur de SF, scotchant, repoussant une fois de plus les limites de l'ampleur et de l'impression visuelle. On ne lui reprochera donc pas ses excès shaky sur les quelques scènes intimistes et on ne reprochera pas non plus à Nolan ses excès de roublardise sur les enjeux.

Car mine de rien on n'avait rien vu d'aussi généreux depuis un bout de temps avec au final une dose d'adrénaline réglée à son maximum. Et l'octroi d'un scénar simple et sérieux réussit à rendre le tout intéressant, pas si con et franchement plaisant. De là à en redemander, why not, mais d'ores et déjà Man of Steel rentre clairement dans le panthéon des films d'action super héroïque hautement recommandable.

[Alegas]

LES LOIS DE L'ATTRACTION
-------------------------------------------
Roger Avary (2002) | 7/10

Les Lois de l'Attraction, petite bombe que j'avais adorée à sa sortie et que je revois un peu à la baisse aujourd'hui, reste tout de même un bijou de Teen movie démonté et cynique.

Avary signe une adaptation studieuse et inventive du roman de Bret Easton Ellis (que j'avais lu à l'époque avant le film). La densité en terme de script et de réal est assez extraordinaire, porté par des acteurs bis qu'on supporte plutôt bien malgré des persos assez détestables. Un miroir cru et cruel du passage à l'âge adulte, un kaléidoscope paroxystique, le film multiplie les angles de vue et d'attaque de l'american rich student way of life. Un coup de santiag dans la bêtise humaine, ses contradictions et son romantisme écervelé. Rock'n 'Roll !!

Mais la sauce aurait-elle légèrement tournée ? Avary, malgré ce talent qu'il impose farouchement et qu'il tarde à reconfirmer, se prend-il un peu les pieds dans la moquette un peu trop trash et feutrée de sa mécanique? Car la machine très huilée de son microcosme tourne parfois à vide. Les acteurs et les enjeux d'autrefois, au but absent, passionnent un peu moins. Et l'histoire d'être au final glaciale et assez vaine. Comme si passée à l'écran l'étude de moeurs certes brillante mais superficielle se révélait plus générationnelle. Datée.

Néanmoins le film reste quand même cet ingénieux brûlot ludique et un peu trash d'un mec qui a manifestement beaucoup de talent (à défaut peut-être de profondeur).

[elpingos]

METROPIA
-------------------------------------------
Tarik Saleh (2009) | 6,5/10

Drôle de film noir, auréolé de nombreux passages dans les festivals, Metropia est la rencontre improbable entre l'animation statique d'un tête à claques chiadé et l'univers de 1984 d'Orwell. Il y est donc question d'une Europe totalitaire reliée par un réseau de métro continental, d'une machination qui vise à contrôler les pensées individuelles et d'un employé de bureau rebelle qui va vouloir se révolter. L'animation est très originale, la photo et la direction artistique glauques à souhait, et si les mouvements sont un peu trop statiques, les phases de dialogue elles s'avèrent très prenantes avec des visages et des regards glaçants et très réels, portées qui plus est par un casting de voix efficace (Vincent Gallo et Juliette Lewis). Et si l'histoire n'est pas au final d'une très grande complexité, et souffre parfois d'un manque de liant, le film un peu naïf réussit à brasser suffisamment de thèmes (la paranoïa, la claustrophobie, l'insurrection, l'espionnage) et de moments clé pour garder l'intérêt constant. Et d'insuffler un peu de lumière dans cette fable d'une extrême noirceur.

[Alegas]

EQUILIBRIUM
-------------------------------------------
Kurt Wimmer (2003) | 6,5/10

Elle est pas si mal cette série B de SF. Pas de quoi crier au chef d’œuvre ni à la purge, même si ça fait très 90s tout ça, mais bon, le relatif bon scénar maintient quand même l'intérêt. Bale campe un sauveur de l'humanité plutôt honnête, bien dans sa tenue de prêtre et sa technique de kata-armé. Si l'histoire ne réserve que peu de surprises (des petits twists quand même vers la fin) on peut quand y trouver son compte grâce à une thématique sympa (l'éradication des sentiments), des décors assez impressionnants et un rythme tenu, sans trop d'incohérence ni de bouche-trou (ça change). Bale fait bien le mec intransigeant qui s'éveille au monde et puis y a Emily Watson que j'aime bien. On sourit aussi souvent (Bale et le petit chien c'est trop mignon, les méchants en mousse et Sean Bean qui y passe encore au bout de 5 min de film); Je vais pas en faire un roman, mais Equilibrium ça reste pour moi un petit cocktail sympa pour ne pas se prendre la tête, et dans le genre SF post-apo on est quand même dans le haut du panier.