200 000 dollars de budget, huit-clos, photo et mise en scène réduites au strict minimum, casting composé essentiellement d'inconnus (habitués des séries TV) et de seconds rôles très connus (Richard Riehle, Tony Todd) pour un genre qui se veut, depuis toujours, spectaculaire, blockbuster, divertissant et futuriste.
The Man from Earth n'est certainement pas un grand film ni même un chef d'oeuvre formel mais, prenant en compte le budget et l'époque à laquelle le film est sortit aux USA (2007) on peut aisément parler de très bon film surtout via le scénario et la narration, simpliste mais ô combien passionnante. Avec un tel concept de départ, il aurait été facile (et onéreux) de bourrer le film de flashbacks à travers l’Histoire et l'histoire vécu par cet homme de 14 000 ans
. On aurait donc pu avoir un film plus époque, plus riche visuellement, plus impressionnant, moins "clos" mais cela aurait totalement dénaturé le principe du film porté exclusivement sur la confiance, la Foi et l'imagination car à travers ce huit clos volubile et scientifique se distingue clairement un message spirituel et profond sur les origines de l'Homme, sa peur de la mort, son ignorance, ses croyances et ses doutes.
Plus le film avance plus on a clairement là une œuvre de sf intimiste qui se rapproche de
Starman et
K-Pax. Sans prétention (le film est très documenté), intriguant, passionnant alors que durant 1h20 la scène ne change jamais (malgré quelques plans d’arbres, coucher de soleil etc...) et les dialogues sont nombreux (pour une fois, l'homme qui parle ne fait pas un monologue à gober -ce n'est pas un gourou- il invite les autres à parler, questionner, réfléchir mais la finalité sera une question de Foi et de choix. Les réponses sont nombreuses mais LA réponse, celle qui clôturerait absolument tout le mystère n'est jamais révélée. Malgré ses 14 000 ans et son principal rôle historique important, l'homme n'en sait pas plus sur sa condition et son métabolisme que les autres. On pourrait penser qu'il s’agit d'un extraterrestre car lui-même se met à part de l’Humanité (forcément il est radicalement différent tout en étant très proche). On peut aussi le voir comme le fameux surhomme de Nietzsche (dont le film aurait été inspiré par l'Antéchrist du philosophe en question).
Musiques hypnotiques par moment, scénario qui tient le spectateur en haleine, la preuve que l'écriture à elle seule peut faire un bon film. Les acteurs sont crédibles sans en faire des tonnes, l'acteur principal était fait pour ce rôle, les perosnnages sont bien utilisés, le tout dresse clairement une analogie avec Bouddha et Jésus et leurs disciples. Le discours n'est pas imposé, les auditeurs le prennent, l’interprètent, y adhèrent ou pas. Le Temps modifie tout ainsi que les intentions. La vieille catho dont les rêves se brisent petit à petit avec les révélations, le black ouvert d'esprit fasciné par ce qu'il écoute, à en chialer, le vieux docteur jaloux qui vient de perdre sa femme et qui sent sa fin approcher, la femme amoureuse prête à tout croire, la jeune élève avide de savoir, jeune donc encore vierge de toutes certitudes et préjugés, le prof rebelle qui refuse la vérité etc...Excellent, touchant, émouvant , simple, philosophique, scientifique, une petite perle de la SF à moindre budget. Une histoire à laquelle on aimerait croire du fond du cœur (car elle colle, elle est cohérente, elle est plausible). Un film qui nous montre aussi les limites de la raison, les limites de la Foi et les limites de l'esprit humain...La Vérité en face, peu de gens l'accepteraient sauf ceux qui y croyaient déjà.