La neige tombait sur les cèdres Scott Hicks - 1999
Année 1950 sur une ile au large de Seatle s'ouvre le procès d'un japonais accusé du meurtre d'un pêcheur local et en parallèle on suit via des flashback une histoire d'amour impossible commencée avant la guerre entre la femme de l'accusé (japonaise aussi) et un journaliste local.
L'intérêt du film se situe bien entendu dans son contexte historique qu'on a rarement vu au cinéma à savoir la cohabitation entre japonais et ricains pendant et après la guerre, car cette petite île regorge un grand nombre d'habitant japonais, bon après ça reste classique dans sa description avec 90%¨de la population anti jap et quelques bons samaritains.
La narration du film se veut un brin complexe à savoir qu'on a une narration en flashback pour les 2 storylines, et que Hicks s'amuse à chiadé un maximum ses raccords qui se répondent presque tous entre eux, ça donne quelques chose de très travaillé visuellement ( loin du classicisme du Costa-Gavras par exemple) et Hicks joue vraiment et avec son cadre dans un somptueux scope ce qui donne souvent lieux à des split screen "naturel" et on dénombre pas mal de plans à travers des fenêtres ou miroir ( le plan de la confession de Susan Marie à travers sa vitre de douche c'est super beau).
Les flashbacks (souvent onirique) sont toujours amenés en fonction des sentiments souvent intimes des personnages ainsi c'est seulement après plus d'une heure de film qu'on remarque vraiment qu'il manque un bras à Ethan Hawke ( la seconde fois on fait plus attention ) et ce passage avec la lecture de la lettre de rupture est clairement un gros morceaux de bravoure où passé, présent et futur s'entremêle dans un déferlement d'émotion, par contre toute ne fonctionne pas et un sentiment de trop plein nous envahit lors de cette scène, on dirait que Hicks veut nous obliger à prendre parti pour cette histoire d'amour impossible.
Bon après y quelques fautes de gouts : le plan au ralenti du couple qui court sur la plage ça devrait être interdit, c'est con car à coté de ça il arrive vraiment retranscrire la mélancolie du couple mais par moment il en fait trop.
C'est con d'ailleurs que Hicks se laisse aller comme ça car il sait être sobre ainsi la scène où les japonais sont renvoyés de l'île est vraiment efficace car il en fait pas des caisses justement.
Sur le fond le film ne prend aucun risque ça reste un discours sur la tolérance avec tout pleins de bons sentiments, ici même les "méchants" ne sont finalement pas si méchant, malgré un contexte assez rude on reste quand même dans un monde bisounours et y a un coté beaucoup trop académique par moment.
Pour ce qui est de la partie procès, rien d'exceptionnel mais de l'efficace, l'intérêt ici c'est que quand le procès s'ouvre on ne sait absolument rien, on va donc découvrir la vie de la victime et de l'accusé au fur et à mesure du film, et ça fonctionne vraiment, d'ailleurs j'ai largement préféré la partie procès bien que conventionnel à cette histoire d'amour qui nous prend en otage, le terme est peut être un peu fort mais j'ai eu l'impression que le réal faisait tout pour qu'on adhère à son couple alors qu'il avait pas besoin de ça, enfin dans l'ensemble le mélange des 2 histoires fonctionnent bien et on ne voit pas passer les 2 heures malgré un rythme plutôt lent.
Ethan Hawke est assez discret, alors c'est son personnage de journaliste devant vivre dans l'ombre envahissante de son père qui veut ça mais c'est pas une grande prestation, d'ailleurs à part Max Von Sydow et l'actrice japonaise personne ne sort du lot, mais Von Sydow est vraiment génial, énorme prestation dans son rôle de vieil avocat et sa plaidoirie en plan séquence est parfaite. Dans le reste du casting qu'on a quand même Richard Jenkins, Sam Sheppard ou James Cromwell, on notera tout de même la prestation de Rick Yune qui ne joue pas pour une fois un gros méchant niak et il s'en sort très bien.
La photo est signé par le grand Robert Richardson ( tout les derniers Tarantino et une chié de Stone ) et il se fait plaisir avec cette petite île du Pacifique, entre les plans brumeux, les plans neigeux et les nombreux plans où ça joue avec les sources de lumières c'est vraiment de toute beauté et le coté monochrome est somptueux, en tout cas c'est une bonne blague sa défaite aux oscars contre American Beauty.
La partition de James Newton Howard toute en finesse est très agréable.
Un petit film bourré de petits défauts handicapant, ça n'en reste pas moins plaisant.
7/10