[Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

[Jimmy Two Times]

La Jeune Fille de l'Eau - M.Night Shyamalan - 2006

Gamelle! Jusqu'alors sur un piédestal et installé dans un confortable cocon grâce à une recette solide qui a su séduire les spectateurs avec ses 4 précédents films, la carrière de M. Night Shyamalan va littéralement s'écrouler à partir de ce nouvel opus. Le film de trop! Une espèce de vengeance puérile qui voit le réalisateur essayer de régler ses comptes avec une partie de la critique de manière maladroite. Et artistiquement, le bas blesse encore plus... Oui, la Jeune Fille de l'Eau est en quelque sorte un conte pour enfants. Nombreux sont ceux à s'y être essayé au moins une fois dans leur carrière, avec plus ou moins de succès. Ce parti-pris n'excuse cependant pas tout. Shyamalan épure au maximum sa tambouille à base de mystère, de fantastique et de twist pour livrer une histoire bien vaine qui ne mène nulle part et qui met à l'épreuve les spectateurs les plus indulgents.

On se retrouve avec un espèce de prêchi-prêcha qui fait la part belle aux vertus de la foi et de l'élèvement spirituel. Sauf qu'ici, rien de tout cela ne fonctionne. Une nymphe traîne dans la piscine d'une résidence gardée par le gentil Paul Giamatti (le seul à surnager dans ce naufrage), bon samaritain au passé douloureux. A son contact, les résidents vont exhorter leur bonté d'âme, histoire de rendre le monde meilleur et aider la petite sirène à regagner son aquarium. Il faut pour ça passer outre une légende pour enfants dictée par une vieille asiatique et bien capillotractée. On y voit notamment un cruciverbiste tenter de décrypter la parole de Dieu dans ses grilles de jeu ou encore un gamin lire la prophétie sur ses boîtes de cornflakes... Amateurs de couleuvres avariées, bonjour!

Visuellement, c'est également le film le plus anodin de son auteur. Le décor unique limite déjà grandement les possibilités, la créature menaçante (un gros chien avec une touffe d'herbe sur le dos ) est purement fonctionnelle et ne permet jamais d'instaurer ne serait-ce qu'une once de frisson. A côté de ça, on se tape une galerie de seconds rôles tous plus inintéressants les uns que les autres et incarnés par des acteurs qui peinent à masquer leur abattement devant la caméra. A la limite, le final réussit à toucher les plus réceptifs à l'univers du réalisateur mais on le doit surtout à l'interprète principal plutôt qu'au talent du réalisateur. Je vais être super indulgent pour les "quelques" beaux plans, la belle musique de James Newton Howard et Paul Giamatti, mais surtout parce que les films suivants de Shyamalan seront encore pire. Rise and fall...

3/10

[Jimmy Two Times]

Punaise,je viens seulement de remarquer les notes de fou qu'il se tape!

[Jimmy Two Times]

Demolition Man - Marco Brambilla - 1993

Demolition Man pourrait presque être rangé dans la catégorie comédie plutôt que SF/Action... Le film de Marco Brambilla, qui n' a rien fait depuis, se complaît avec évidence dans le registre de l'humour parodique digne d'un bon vieux ZAZ. Mis à part 3 scènes d'action n'excédant jamais les 5 minutes (une au début, plutôt bien shootée, une baston dans un musée et le climax final), on suit l'homme de Cro-Magnon du XXème siècle (Sly, monolithique) découvrir les us et coutumes aseptisées de l'an de grâce 2032. On se torche le cul avec des coquillages (d'ailleurs, on ne saura jamais comment ça marche ), tous les restos sont des Pizza Hut, on ne peut pas traiter une raclure d'enculé sans se prendre une prune et on baise avec des casques sans se toucher (en même temps, c'est peut être pas plus mal que de se taper Sandra Bullock)...

Pendant ce temps, l'ennemi public numéro un incarné par Wesley Snipes, en freestyle total mais plutôt marrant, fout la merde partout où il passe, bien aidé par un espèce de maire en robe de chambre qui se sert de lui pour éradiquer la résistance qui se nourrit d'hamburgers aux rats dans les égouts de San Angeles. Sly ne l'entend évidemment pas de cette oreille et va lui péter la tronche au propre comme au figuré. A douze ans, le film m'avait paru bien fun. 20 ans plus tard, c'est un peu douloureux même si on ne passe pas un mauvais moment en raison de la pléthore de dialogue à la con. A force d'insister, on finit par sourire et même par rire de voir le film se vautrer dans la déconne.

On a le droit à quelques destructions de plateaux à l'ancienne (dans l'intro et à la fin) avec Sly qui s’époumone au milieu des explosions comme à ses plus belles heures. Les trois confrontations avec Snipes font leur office même si ça manque un peu de pêche. En fait, la mission annexe de ce dernier (buter les résistants) parasite l'action. L'origine de ces rebelles considérés comme des rebuts est trop survolée. Il aurait mieux fallu recentrer le récit sur une chasse à l'homme hargneuse, ça aurait largement fait l'affaire. Bullock, comme d'hab, on a envie de lui foutre des baffes, mais sa volonté de s'encanailler façon old school réserve quelques séquence marrantes, notamment lorsqu'elle tente de sortir des expressions du XXème siècle. Au final, Demolition Man paye sa radinerie, a très mal vieilli mais pourtant on passe un moment sans prise de tête entre nostalgie bêta et plaisir coupable. A voir uniquement pour se vider l'esprit.

Plait-il?

5.5/10

[padri18]

Tout à fait d'accord avec ta critique.
Sinon pour les coquillages :

[Dunandan]

Et quand on a la chiasse on fait quoi ? (peut-être que ça marche avec des coquillages plus gros )

[zack_]

Exact, suffit de chier dedans.
Je te trouve en tout cas bien radin, un film entre comédie et SF bien ancré dans les années 90 qui fait bien plaisir.

Tu le découvre?

[Jimmy Two Times]

Je l'ai vu en salles en 94. C'est vraiment light à côté d'un Last Action Hero ou même d'un Cliffhanger...
Là, je suis super indulgent en plus. J'étais en mode no brain intégral, rincé après une journée de taf. Soit les condition idéales pour le voir car ça a pris un sacré coup de vieux.

[Alegas]

Poseidon - Wolfgang Petersen - 2006

Wolfgang Petersen aka le spécialiste du film catastrophe en milieu maritime (l'excellent Das Boot, le sympatoche En Pleine Tempête avec Georges Clooney en Captain Igloo) revient avec ce remake d'un classique du genre, Poseidon. Typiquement le genre de projet mercantile sans âme qui tente de surfer sur la vague pourtant bien lointaine du Titanic de Cameron. Bardé d'un budget colossal de 160 millions de dollars, le film fut un four retentissant et on comprend aisément pourquoi lorsque l'on voit le résultat.

La flotte, c'est le truc de Petersen, y a pas à chier. Mais alors, je ne sais pas quel est le sombre abruti qui a validé ce script insipide mais là on est dans le domaine de l'irréel en matière de caractérisation des personnages. Sans déconner, en moins de 10 minutes, on nous balance une dizaine de protagonistes à la tronche, l'empathie, rien à foutre, et bim!... vas-y que je te retourne le joli bateau comme une crêpe et que je t'envoie la petite troupe à la recherche d'une éventuelle porte de survie. Tous les acteurs en ont strictement rien à foutre et sont aussi motivés que des marins d'eau douce à l'abord d'une écluse. Un vrai festival de cabotinage, d'hommages poussifs (on te sort 2/3 fois que le perso de Kurt Russell dit le bouffi est un ancien pompier, bonjour le parallèle lourdingue avec Backdraft...), de péripéties tout sauf palpitantes et de...ah bah merde, c'est déjà fini...

Y a deux ou trois trucs à sauver (pas le casting, vous l'aurez compris) comme les effets spéciaux (encore heureux vu les pépètes dépensés en post prod), une scène un peu immorale qui voit un membre du groupe envoyer paître un boulet (au sens propre) dans les profondeurs sous-marines mais alors pour le reste, c'est complètement inepte. D'habitude, dans le genre, on a tendance à faire monter la sauce histoire d'amplifier la dramaturgie, là c'est sauve qui peut. Plus tôt ça se terminera, plus tôt les producteurs pourront passer à un nouveau projet dépourvu d'âme. Un remake franchement insipide au budget complètement hallucinant vu le manque d'implication général...

1/10

[Scalp]

T'essayes de renforcer ton nouveau statut de aigri ?

[Jimmy Two Times]

Du tout (pis c'est juste nase y a que Zack pour aimer ce genre de truc ), je suis juste tombé dessus par hasard dans mon catalogue VOD gratos avec Orange, j'ai regardé la BOM Base, et bim le coup de la vague mortelle, c'était tout nul! . Je n'ai absolument pas le temps pour sélectionner et mater des bons films en ce moment, je termine les travaux d'une pièce d'un côté, Madame est hospitalisée quelques jours de l'autre, + le taf... Bon là, c'est les vacances (j'ai du annulé ma réservation du coup ) mais c'est par pour ça que j'ai plus de temps et d'envie...

Et pis faut aussi dire que lorsqu'on mate très peu d'étrons (contrairement à toi), quand on met 0 ou 1, ça se voit. Toi t'en distribue par pack de douze toutes les semaines

[Mark Chopper]

Rien d'aigri là : c'est une merde ce film.

Comme tu le dis, Petersen est sur la pente descendante avec ce genre.

[Jimmy Two Times]

Encore une vaine tentative de Scalp pour se dédouaner à la fin du mois lors de la grande réunion du conseil des aigris!

[Scalp]

Ce mois j'ai mit pleins de bonnes notes !!! j'ai plus de 5 de moyenne !!!!

[Jed Trigado]

j'ai plus de 5 de moyenne !!!!

[Jimmy Two Times]

Pain & Gain - Michael Bay - 2013

La comédie est un genre ingrat. Rares sont celles qui peuvent se targuer de supporter à merveille un nombre conséquent de visions. Un nouveau challenger inattendu, Michael Bay, le pape du blockbuster des 20 dernières années (qu'on aime ou pas son style, on ne peut lui retirer ce statut), postule avec son dernier film à l’accession à ce cercle très fermé. Pain & Gain, qui va s’appeler No Pain, No Gain dans nos vertes contrées (changement de titre débile, remarquez on a échappé à un truc du style Pas de bras, pas de chocolat ), est clairement le meilleur film de son auteur. Bay procède à une auto-psychanalyse de ses penchants graveleux (cf le reste de sa filmo), avec cette histoire (vraie) pas drôle sur le papier et qui devient une excellente comédie à l'écran par la force des choses.

Le culte de l'idiotie y est ici érigé en étendard et le rêve américain souillé comme rarement. Une vraie bonne surprise pour moi qui déteste le cinéma de Bay (à part The Rock). J'ai eu un peu de mal à entrer dans le trip au cours de la première demie heure mais cet amoncellement hors normes de bêtise humaine finit par emporter le morceau et livre un véritable concentré de fun pendant deux heures bien remplies et qui passent à une vitesse folle. Ce maelstrom subversif nous conte l'histoire de trois culturistes complètement cons qui fomentent le kidnapping boiteux d'un homme dont ils convoitent les richesses.

Sens du rythme parfait (le talon d’Achille de bon nombre de comédies), direction d'acteurs au top (l'homme qui parviendra à nouveau à obtenir de telles performances de la part de Mark Whalberg et de The Rock n'est pas né), image à la Tony Scott léchée (et délestée des tics de réalisation parfois extrêmes des précédents films de Bay), soundtrack estampillée 90's qui dépote, la liste des réjouissances est conséquente. Résultat, c'est bourré de scènes cultes en puissance. Là où Pain & Gain fait très fort, c'est qu'il garde sa ligne de conduite de la première à la dernière image. Ses personnages s'enfoncent inexorablement minute après minute vers une sordide destinée. L'humour est ici très noir (on pense forcément à Fargo devant tant de naïveté et de bêtise confondues), très frontal (pas de pincettes), et tout le monde en prend pour son grade. Les amateurs de gonflette et leur culte du corps parfait (avec ici toute une parabole qui fait la corrélation entre musculation, patriotisme et rêve américain, faut le voir pour le croire ), les ethnies, les gays, les gros, les religions, les nains, tout passe à la casserole percutante de Bay. Tout ce qui pouvait rendre circonspect et passait autrefois pour de la mysoginie, de l'homophobie ou paraissait tendancieux dans ses opus dits "sérieux" trouve une résonance tout autre dans le cas présent.

Mais ce bulldozer de la comédie matinée d'action ne serait rien sans ses acteurs. S'il y avait un oscar pour récompenser les directeurs de casting, on le filerait sans problème à celui de Pain & Gain. Au vu du sujet et du traitement subversif, qui de mieux que Mark Whalberg, l'ancien mannequin pour moule bite Calvin Klein (et aussi chanteur pour midinettes dans le boys band NKOTB) et que The Rock, ex-star du catch et successeur de Schwarzie pour interpréter ces idéalistes écervelés? Le premier a déjà été très bon malgré son manque d'expression récurrente (chez James Gray notamment et il montrait un étonnant sens de la comédie dans Ted même si le film ne restera pas dans les mémoires) et le second compense souvent le manque d'épaisseur de ses rôles dans les actionners ou ses regards un peu béats par un charisme physique hors normes. L'écriture de leurs personnages et les dialogues qui leurs sont attribués, c'est juste du putain de caviar. Ils s'éclatent et sont complètement transcendés à l'écran. Meilleures perf' de leurs carrières respectives haut la main. Le premier en cerveau (gros comme un pois chiche) de la bande et le second en taulard repenti mais trop souvent cocaïné et qui se pense touché par la main de Dieu. Rarement des personnages auront été aussi sérieusement cons.

On oubliera pas de citer le troisième membre du trio d'idiots, Anthony McKie, forcément un peu en retrait à côté des deux autres, la faute à un personnage de comédie un peu plus conventionnel (le black de service) mais qui ne dénote pas pour autant dans cet univers déjanté. Les seconds rôles, c'est la fête du slip aussi avec un Tony "Monk" Shalhoub on fire dans le rôle de l'escroqué d'origine juive et un Ed Harris impeccable en détective privé, seul perso sain d'esprit au milieu de toutes ses brebis égarées. Mêmes les deux seconds rôles féminins sont à l'avenant de la démesure ambiante. Au final, un seul conseil, si vous vomissez le cinéma de Bay comme moi, ravalez votre rancœur et ne ratez pas ce cocktail détonant qui compile tous les travers du bonhomme mais les met au service d'une histoire qui semble avoir été taillée pour lui. On ne le changera pas, il est toujours aussi bourrin dans son approche, mais s'il mettait plus souvent ses qualités techniques indéniables ( genre le travelling circulaire entre deux pièces d'un appart, ça claque techniquement et c'est au service du récit) dans autre chose que des franchises à la con, ça pourrait le faire. I believe in fitness!

Dumb and Dumber

8.5/10