[Mr Jack] Mes critiques en 2013

Modérateur: Dunandan

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2013

Messagepar Mr Jack » Mer 14 Aoû 2013, 11:51

Tout à fait d'accord avec ça, Mark :super:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2013

Messagepar Hulkiss » Mer 14 Aoû 2013, 14:07

Mark Chopper a écrit:OK, alors pour filer la métaphore, dis-toi que l'acteur est un instrument de musique qui a besoin d'être accordé avant de jouer une partition.

Il manque trop de recul pour le faire de lui-même sans risquer de tomber dans le sous-jeu ou le surjeu.

Le metteur en scène qui a une vue d'ensemble peut/doit l'aider dans ce travail (tout comme un éditeur travaille avec un auteur par exemple).



Excellent :super: , merci Mark pour ta patience....et ta pédagogie pour "les nuls".
En attendant, je crois que j'en reste encore à ne réussir qu'à apprécier les acteurs avant tout, grand public oblige!
Dur de savoir apprécier, et surtout différencier, le travail que représente celui du réalisateur, metteur en scène etc....pour moi. Mais ça viendra, surtout avec des assistants pareils... :D
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2013

Messagepar zack_ » Mer 14 Aoû 2013, 20:08

Et en plus tu crois les conneries de Mark, où va l'monde!
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2013

Messagepar Mark Chopper » Mer 14 Aoû 2013, 21:39

Pour une fois que je dis des choses sensées :mrgreen:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2013

Messagepar Kakemono » Mar 27 Aoû 2013, 14:58

Heatmann a écrit:
Jack Spret a écrit:Par contre, le White Russian n'a rien d'un breuvage bizarre :nono:
Les vrais savent :love:


carrement :super: :love:


Best cocktail ever. :bluespit: :bluespit:

D'ailleurs je vous invite tous a tester le Marathon Lebowski si ce n'est pas déjà fait. Vous vous installez confortablement dans votre canapé, et à chaque White Russian bu par le Dude, vous en buvez un. Il boit un bière, vous en buvez une. Un joint? Roulez vous en un aussi, tant qu'a faire. Je vous assure que vous aller voir le film autrement. :super: :eheh:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2013

Messagepar Jack Spret » Mar 27 Aoû 2013, 15:35

J'avais lu quelque part que Bridges souhaitait boire autant que son personnage pour plus de crédibilité, ce qui explique le côté complètement barré du film et de sa prestation.


"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ?
- Si c’est un échange de fluides corporels, je suis pas contre. Mais alors dans ce cas, tu passes devant."
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Inspecteur Harry (L') - 9/10

Messagepar Mr Jack » Mer 11 Sep 2013, 23:40

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⌲ DIRTY HARRY (1971)
de Don Siegel avec Clint Eastwood, Andy Robinson, Harry Guardino, Reni Santoni.

Histoire: Si la police de San Francisco ne remet pas immédiatement 200 000 dollars à un homme qui vient de commettre un crime, il recommencera au rythme d'un assassinat par jour. L'inspecteur Harry Callahan est sur ses talons.


Très agréablement surpris par cet objet original, décalé, presque inquiétant qui va au rebrousse poil des autres films du genre, que ce soit grace à son personnage principal, à sa mise en scène tout à fait spéciale ou par les chemins qu'il emprunte et les messages qu'il tente de faire passer. C'est un peu l'anti-Die Hard, l'anti film d'action, qui se range plutôt dans le genre des thrillers urbains avec un regard bien unique.

La première grande réussite de ce Dirty Harry c'est d'abord Harry. A l'opposé de ce que peux laisser imaginer la légende, c'est à dire un gars antipathique qui fait rugir son magnum pour régler ses comptes à sa manière. C'est une petite partie de ce qu'est vraiment Harry, un gars désabusé, habité par une frustration personnelle et qui va attendre la toute fin du film pour s'émanciper d'un pouvoir public qu'il pensait plus puissant et juste que lui à la base. C'est pas une tête brûlée, c'est un gars assez laconique, un peu sombre, un peu dur avec les autres qu'il juge en partie, mais c'est un inspecteur qui respecte la loi, qui fait ce qu'on lui demande, qui applique les ordres, qui se laissera même manipuler, insulter, battre, presque humilier avant de comprendre qu'il ne pourra compter que sur lui même s'il veut acquérir une justice qu'il pense méritée. C'est pas du tout un gars antipathique, au contraire on sent bien, de par le jeu tout en finesse de Eastwood, tout le passé, toute la douleur qui l'anime mais qu'il porte comme un fardeau de manière silencieuse. Son surnom lui même est un trompe l’œil puisqu'il explique -et on le comprend vite- que Dirty ne fait pas référence à son comportement en soi mais aux missions dégueulasses qu'on lui donne tout le temps. En fait Dirty Harry c'est plutôt l'histoire d'un mec honnête qui se fait tromper par son camp et qui surpasse son impuissance pour s'émanciper et exister dans cette jungle impitoyable qu'est San Francisco. Quelle scène sublime, remplie de symbole quand il saisit son insigne et le jette au loin, sans dire un mot, et s'en va comme un cow-boy.

San Francisco n'est pas une ville choisie comme ça, au pif. On est au début des années 70 et c'est encore le berceau de de la liberté pour les américains. Je trouve beaucoup de courage à Siegel de montrer en même temps qu'en effet, c'est une ville pour s'émanciper, et en même temps la dépeindre comme une horrible araignée empestée de toiles où se cachent les pires pervers et malfrats. Ca va plus loin que la "loi de la jungle", c'est plutôt une question de saleté, référant là encore l'époque où la ville était en pleine Manhattanisation. La ville se salit et en même temps c'est se retroussant les manches qu'on arrive à nettoyer une partie des toiles. Parce qu'on a pas le droit à un conflit manichéen entre un méchant kidnappeur et un héros à lunettes. Non, le bad guy est un pervers qui viole, tue des enfants parce que ça lui chante et visuellement, on en voit les conséquences. Le gars a une vraie tête de pervers, il va jusqu'à se faire péter la gueule pour se débarrasser de Callahan (scène de baston incroyable où le gars finit avec un visage presque violet), il vole et casse une épicerie juste pour le fun et une petite bouteille de vin en prime, il n'a aucun remord et aucune limite. Il y a une certaine impunité qui se dégage à nous montrer tout ça, toute cette violence. Une franchise, aussi. Ça fait partie intégrante du charme certain du film.

Mais le plus gros du travail réside surement dans la mise en scène de Siegel. A commencer par la photographie de Bruce Surtees. On a vraiment des plans magnifiques de la ville vue de haut, en panoramique, en vue subjective. Gros gros travail dans les décors, naturels et qui paraissent immenses, les espaces illimités. La musique et le silence ont une importance à part, également. La partition qui ne raisonne qu'en début et fin de scène, et qui sonne comme un second souffle, qui semble être presque une prolongée de la pensée de celui qui regarde, parfois. Car la caméra de Siegel est un œil, omniscient, pervers lui aussi qui s'amuse à planter son regard vers différents angles, beaux comme dégueulasses. C'est un regard le plus souvent fixe qui ne bouge que rarement, et de façon latérale, horizontale, verticale, sans décrocher d'un point d'appui fixe. Et le silence s'impose dans beaucoup de scène, notamment celles où l'action est censée régner, et donc la musique emporter le rythme du récit. Mais très souvent, on a le droit à de longues séquences muettes, uniquement rythmées par le bruit du vent, des pas, des coups de feu, etc. Ça ajoute un vrai plus et un apport à l'originalité du produit. Il y a une scène incroyable où Harry coince pour la première fois le bad guy au milieu d'un stade, il braque son magnum et appuie là où ça fait mal, on comprend qu'il va torturer le gars pour avoir une info qui lui parait vitale, et la caméra s'éloigne subitement, comme une pupille qui se rétracte, place alors à un travelling arrière rapide et la musique s'évanouit doucement, puis l'oeil se ferme, comme s'il refusait de voir la violence de Harry et par où passera son début de vengeance.

La légende de ce film s'est formée de par le personnage de Harry, qui est une réussite totale mais le film ne se résume pas à ça et au contraire s'émancipe lui même du reste des films de genre de par son travail de mise en scène magistrale et grace à son aspect unique, son ton calme, posé, presque inquiétant.

9/10
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2013

Messagepar pabelbaba » Jeu 12 Sep 2013, 07:12

Chouette critique! :super: J'aime beaucoup ton analyse du perso.

"- Et qu'est ce qu'il pense des pisse-froids qui trouvent ce film toupété?
- Ce sont les pires de tous les métèques!
"
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2013

Messagepar maltese » Jeu 12 Sep 2013, 09:45

The Dark Knight a tout piqué à ce film, mais en faisant moins bien :mrgreen:
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Yards (The) - 8,25/10

Messagepar Mr Jack » Jeu 12 Sep 2013, 18:04

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⌲ THE YARDS (2000)
de James Gray avec Mark Wahlberg, Joaquin Phoenix, James Caan, Charlize Theron.

Histoire: A sa sortie de prison, Leo Handler revient chez lui avec un seul but : rester dans le droit chemin. Il trouve du travail chez son oncle Franck, patron de l'Electric Rail Corporation, qui règne sur le metro dans le Queens. Son ami de toujours, Willie, l'initie aux méthodes de la société. Leo decouvre la face cachée des florissantes opérations de son oncle. Témoin de chantage, corruption, sabotage et même meurtre, il est au centre d'une situation explosive : il détient un secret qui fait de lui la cible de la plus impitoyable famille de la ville... La sienne.


Un polar classique mais efficace, puissant, noir comme je les aime.

On a souvent comparé James Gray et ses films à la trilogie du Parrain, y compris celui ci. Or hormis le ton et l'importance de la famille, il y a une grosse différence entre les deux. Là où Coppola se forçait à nous faire comprendre que l'on ne pouvait pas échapper à l'héritage que nous laisse sa famille, on ne peut pas sortir du cercle car on est né dedans et on est forcé d'y rester jusqu'à en crever ; Gray lui nous dit que si, on peut casser les liens, on peut s'extraire du système et non pas en tournant le dos à ses principes, mais justement en les appliquant à la lettre, jusqu'au bout. On peut s'en sortir même quand on est accroché par ce lien pervers qui frôle parfois le prétexte qui est la famille. Et ça c'est un ton résolument moderne, qu'essaie insuffler Gray dans tous ses polars certes noirs, mais toujours teintés d'une lumière. Dans The Yards la métaphore est visible, il y a toujours de la lumière au bout du tunnel, toujours un filet d'espoir dans lequel tu peux t'engouffrer.

Je ne sais pas si j'ai déjà vu Wahlberg aussi fort, aussi puissant que dans ce film. Dès le début on sent qu'il a une enclume sur la tête dont il va devoir se déposséder. C'est vraiment un acteur intéressant qui sait jouer dans beaucoup de registre et toujours avec une authenticité certaine et un volontarisme remarquable. Phoenix fait du Phoenix, c'est bizarre mais plus ça va, plus je me dis qu'il a pas autant de nuances que je lui prêtais, même s'il peut porter un personnage à bout de bras, il a moins de variété dans son jeu que certains dans le même genre.

C'est un cran en dessous de We Own The Night qui est franchement dans la même lignée mais encore plus fort, encore plus courageux dans tous les sens du terme. Mais ça reste un excellent polar et ça confirme -si il le fallait encore- l'énorme potentiel de Gray qui ferait beaucoup de bien au cinéma américain s'il réalisait plus souvent. Il a un don unique pour prendre de petites choses et les faire paraître dantesque. Prendre une petite histoire et la rendre presque universelle, prendre une petite scène et la transformer en une séquence remplie de tension qui te cloue au siège. Bref pour moi un des meilleurs actuellement.

8.25/10
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Jeu 12 Sep 2013, 18:05

Totalement d'accord avec ton premier §, même si j'ai moins apprécié ce film que toi :super:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2013

Messagepar Mr Jack » Ven 13 Sep 2013, 16:55

J'ai vu que c'était plutôt l'histoire et l'aspect redondant des créations de Gray -qui c'est vrai se ressemblent toutes un peu- qui t'as un peu refroidi. C'est vrai que quelques fois dans le film, je me suis pincé pour pas croire que Own The Night était une sorte de remake officieux qui serait passé en changeant quelques détails. Mais au final c'est pas dérangeant, même si dans le pire des cas The Yards est une sorte de "brouillon" du film de 2007 qui selon moi fais partie des meilleurs polars des années 2000 (si ce n'est le meilleur) tant il apporte sa pierre à l'édifice.
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Ven 13 Sep 2013, 17:06

Oui, et pourtant The lovers est très différent, tout en restant dans les thématiques du bonhomme ... M'enfin voilà tu as bien vu la raison principale pour laquelle je n'ai pas accroché plus que ça au film :super: (mais je lui redonnerai bien une seconde chance, le temps de revoir les films de mafia réalisés par Coppola ^^)
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No Pain, No Gain - 8/10

Messagepar Mr Jack » Mar 17 Sep 2013, 23:41

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⌲ PAIN & GAIN
de Michael Bay avec Mark Wahlberg, Dwayne Johnson, Anthony Mackie, Tony Shalhoub.

Histoire: À Miami, Daniel Lugo, coach sportif, ferait n’importe quoi pour vivre le « rêve américain » et profiter, comme sa clientèle fortunée, de ce que la vie offre de meilleur : maisons de luxe, voitures de course et filles de rêve… Pour se donner toutes les chances d’y arriver, il dresse un plan simple et (presque) parfait : enlever un de ses plus riches clients et… lui voler sa vie. Il embarque avec lui deux complices, Paul Doyle et Adrian Doorbal, aussi influençables qu’ambitieux.


Michael Bay ou l'art du vide. Ou l'art du too-much. L'art du cambrage de Megan Fox sur le museau d'une Ferrari à coup de ralentis bien pensés glissant entre deux seins siliconés. Michael Bay et son look de playboy des années 80, qui justifie ses bouses dégoulinantes en crachant sur le reste du monde. Michael Bay et ses films à pas moins de 200 millions de budget, pas moins de 1 milliard de recettes. Michael Bay, coupable de faire des merdes, d’appauvrir l'intellect cinématographique pour financer sa prochaine bouse et tout ça sur le dos de Dreamworks, Paramount et avec la complicité d'abord de son ami Bruckeimer et pire, de nous, spectateurs, prêts à payer dix euros et une boisson fraîche pour aller mater la nouvelle paire de seins visés par l'oeil numérique de ce même homme. Michael Bay. C'est bien lui. Et bien devinez quoi ? Michael Bay a fait un bon film. Mieux, un très bon film. Comment ? En mettant ses qualités au profit d'un objet qui lui sied, d'un sujet qui lui sied. Mais encore ? En introduisant le seul truc qui lui manquait et qui manque aux réalisateurs dotés de ses défauts: le second degré, la moquerie gratuite, le burlesque, l'humour, quoi. Comme quoi il ne faut pas grand chose, même à Michael Bay, pour passer de criminel cinématographique à postillonneur surdoué.

Oui car comment douter, rien qu'en regardant les deux premières minutes du film, que Bay n'est pas déjà tombé dans le second degré total ? Mark Wahlberg lâchant, pendu à l'envers d'un building, uniquement tenu par la force des muscles de ses jambes, qu'il tend en même temps que ses abdominaux énormes pour se redresser et lâcher des compliments sur lui même, une voix off improbable surplombant la scène nous indiquant "I'm Daniel Lugo, and I believe in fitness !". Comment peut-on prendre cette radicalité dans le ton pour du cynisme sans soi-même faire preuve d'acharnement quand ce même Daniel Lugo surenchérit dix minutes plus tard, quand vient le moment de justifier son plan débile ; qui consiste à kidnapper un riche juif et le torturer pour voler tous ses biens ; et précise à son accolyte "I watch a lot of movies, I know what I'm doing !". Comment prendre ça au premier degré sans passer pour un aveugle dédaigneux soi-même ? Impossible, surtout quand Dwayne "The Rock" "2 de QI, 3% bodyfat" Johnson fait son maximum pour rendre son personnage -un repenti amoureux de Jésus et qui l'air béat et la conviction à son paroxysme trouve normal de cramer des mains humaines au barbecue- complètement hors norme et hilarant par dessus le marché. Le ton est assumé totalement, surjoué volontairement, too much au possible mais avec ce jusqu'au boutisme que l'on doit accepter dès lors qu'on saisit cette notion de second degré. Si on ne plonge pas avec eux, on se noie tout seul et on tombe dans une piscine vide. Bien sur, il faut supporter deux heures pleines de too much attitude, de coke, de sang, de stupidité, de ralentis, de couleurs vives. Bien sur le milieu du film est un peu mou, tout n'est pas parfait mais comment mettre les menottes à un réalisateur qui pour la première fois de sa carrière utilise ses atouts là où il faut, quand il faut et avec les moyens et la technique qu'il faut ? Sans doute Pain & Gain sera la seule réussite de Bay car une autre opportunité ne se représentera peut-être pas. Peut-être qu'il reprendra ses habitudes de dribbleur sans vision de jeu alors qu'il pourrait faire une carrière d'ailier avec sa qualité de jeu première qui est la vitesse et la force. Ma métaphore n'est pas la plus fine mais Bay non plus alors tant mieux, tant pis, whatever. Moi aussi je suis dans le too much assumé, fuck it. Et puis peut-être que ça restera pour lui et Bruckeimer, Dreamworks, Paramount, nous autres, un accident et que son vrai faux visage reprendra le dessus mais quel bien a t-on eu de voir que même le plus handicapé des créateurs pouvait avoir son moment de gloire quand il se concentrait sur ce qu'il savait faire. Le temps nous dira qui du cynique ou du déluré pendra le dessus, en attendant, je retourne aux push-ups, aux milshakes protéinés et au rêve américain, parce que je suis Mr Jack, et que je crois au fitness !

8/10
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Heat - 10/10

Messagepar Mr Jack » Sam 21 Sep 2013, 00:36

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⌲ HEAT (1995)
de Michael Mann avec Al Pacino, Robert De Niro, Val Kilmer.

Histoire: La bande de Neil McCauley à laquelle est venu se greffer Waingro, une nouvelle recrue, attaque un fourgon blindé pour s'emparer d'une somme importante en obligations. Cependant, ce dernier tue froidement l'un des convoyeurs et Chris Shiherlis se retrouve obligé de "terminer le travail". Neil tente d'éliminer Waingro, mais celui-ci parvient à s'échapper. Parallèlement, le lieutenant Vincent Hanna mène l'enquête...


    « All I am, is what I'm going after. »


CETTE CRITIQUE CONTIENT DE NOMBREUX SPOILERS.

Deux heures cinquante de bonheur, la perfection incarnée.

Je vais commencer dans l'ordre tellement il y a à dire sur ce film dantesque, magnifique dans son fond comme dans sa forme, et donc par la première scène d'action, la scène du braquage. Efficace par la mise en scène brutale, par le montage sec et nerveux, très rapide, et qui rappelle furieusement celle du Dark Knight de Christopher Nolan et qui est elle aussi passée dans le livre des scènes cultes. En voyant cette scène de 1995 je comprends mieux à présent les sceptiques de Nolan puisque ce dernier semble s’être très fortement inspiré de Mann quand à la manière de filmer l'action. Quand on voit ça c'est un peu comme si on écoutait "Feeling good" de Michael Bublé et qu'on passait à la version de Nina Simone.

Je vais continuer dans la mise en scène de Mann que j'ai toujours trouvé langoureuse, dans ses déplacements latéraux et sa manière de glisser sur le côté, de l'arrière vers l'avant etc. Mais je ne connaissais pas (encore) sa capacité à se montrer implacable, puissante et dans Heat c'est un sentiment de maîtrise total qui émane de cette mise en scène. Je pense qu'avant tout c'est la multiplication des points de vue qui symbolise sa plus grande force. Il y a des yeux partout et on a l'impression de tout voir, partout quand il faut. Nous avons nous spectateurs le contrôle de tout ce qui se passe grâce à cette caméra qui s’immisce dans toutes les peaux, qui est partout, tout simplement. C'est une maîtrise totale mais une maîtrise généreuse qui ne garderait pas sa force pour elle mais qui sait la partager avec nous, pour nous faire vivre avec tous ces personnages, tout ce qui se passe, en même temps qu'eux. Tout parait millimétré. Tout semble se jouer sur des tout petits détails, ce qui rend les scènes de tension totalement immersives et prenantes.

Ce qui se dégage ensuite du film c'est une volonté de mettre tout le monde au même niveau. Cette envie humaine d'imposer cette égalité entre tous ces personnages. Ça commence d'abord par la distribution des qualités, données à tout le monde. Par exemple tout le monde semble intelligent, personne n'a l'air inférieur à l'autre. Il n'y a pas de jugement dans le regard de Mann et il ne montre jamais que l'un a le dessus sur l'autre. Tout se passe entre les lignes et c'est d'une subtilité immense. Du mastermind au plus dégueulasse des malfrats, ils sont tous malins, ils contrôlent tous leur sujet à fond. Il n'y a pas de vrais bons et de vrais méchants. Ils sont tous sur la même ligne. Mais ce constat ne vient pas comme ça, en claquant des doigts. C'est montré au fur et à mesure et c'est un des nombreux travaux que lancent Mann au début du film. Et il va utiliser chaque pion majeur de chaque camp pour prouver son idée. C'est à dire Pacino d'un côté et De Niro de l'autre. Il montre d'abord que tout le monde a ses ennuis à la maison, le gangster comme le flic dévoué. On nous montre des doubles rencards, des réunions sympas des deux côtés, comme s'il n'y avait pas de vraie différence entre un côté et l'autre. Mais très vite on va délaisser ce schéma général pour se concentrer sur De Niro et Pacino.

Parce que déjà l'idée géniale du film c'est de mettre face à face ces deux acteurs. Si on a déjà vu le Parrain, on connait l'importance que prend cette confrontation plus qu'une autre tellement ça nous ramène à d'autres choses passionnantes. Mais l'idée n'est pas concrétisée juste pour le fun, comme ça, pour le marketing, non, ça va au dessus du simple symbole. Ce sont deux chef d'orchestre qui se font face, deux maîtres absolus dans leur discipline et ils vont porter chacun tout au long du film une certaine idée de l'humanité. Sans manichéisme ni raccourcis. Et ça on le doit d'abord au talent fou de ces deux géants qui donnent tout pour leur rôle.

On comprend vite que cette confrontation c'est un duel entre deux lions, deux prédateurs. Quand vient le premier échange entre les deux durant cette scène mythique du café, on y voit d'abord un bras de fer, un concours de force. C'est à celui qui sortira mieux les crocs, qui rugira le plus fort, qui mettra le plus l'autre en difficulté, le fera sentir en danger. Montrer à l'autre qui a la main, montrer aussi celui qui aura le coup d'avance nécessaire pour faire tomber l'autre. Et ce qui sort de cet échange n'a rien de surprenant: égalité parfaite. On se rend compte que les deux sont symétriques, semblent sur la même ligne de départ et c'est celui qui fera le plus preuve de ruse qui gagnera. Et puis De Niro lâche cette phrase qu'il a déjà prononcée vers le début du film, qui marque un premier tournant et qui pose les bases de ce qui va suivre.

    « Don't let yourself get attached to anything you are not willing to walk out on in 30 seconds flat if you feel the heat around the corner »


C'est le terme "Heat" qui commence à prendre tout son sens. Titre du film, bien évidemment, mais qu'on peut d'abord traduire par "pression" et qui renvoie au courage ou au sang froid qu'il faudra avoir quand le moment le demandera. Et au fur et à mesure du film, "Heat" se traduira par "flamme". Celle au sens propre qui signifie le danger, ce qui vous brûle et qui vous fait mal ; mais aussi au sens figuré celle qui signifie la passion, ce qui vous fait avancer, ce qui vous nourrit dans la vie. Et c'est autour de ça que tourne le film, l'instinct naturel. Pacino est un homme marié au début, on apprend qu'il a déjà divorcé deux fois et a du mal car il donne toute sa vie pour sa mission première qui est d'attraper/de tuer des prédateurs. De Niro lui est un homme "seul mais pas solitaire" qui n'a pas d'attache, et qui, pas de pot, va tomber amoureux. Comme tout le monde il va vouloir goûter au bonheur mais ce qui l'anime, sa passion, c'est de faire des casses, et de tuer ses proies. Ce qui anime un homme l'affaiblit mais il a quand même la nécessité de le faire car c'est plus fort que lui. Plusieurs fois dans le film Pacino comme De Niro sont confrontés à cette flamme. Pacino insiste quitte à divorcer une nouvelle fois. Et De Niro lui, persiste malgré les risques qu'on lui annonce à chaque fois. On lui dit que c'est trop chaud...pas grave, ça vaut le risque. Que Pacino est trop coriace...pas grave, le jeu en vaut la chandelle. Et on se retrouve, au sein de cette scène cultissime de l'ultime braquage de banque, avec l'image de De Niro introduite dans la réalité, avec Pacino au coin de la rue, la flamme prête à le brûler vivant.

Cette scène est l'illustration parfaite de la puissance que dégage le film. On est au coeur du film et au coeur des enjeux du récit. C'est LE moment et que dire de plus à part bravo ? merci ? La fameuse image dont je parlais, on est en plein dedans et ça raisonne encore plus fort, que ce soit pour tous les persos ou pour nous spectateurs. On vit un moment authentique, primordial. La scène est en plein jour, il y a du monde autour et en une seconde ça bascule dans l'horreur et le désordre le plus total. Le bruit assommant des fusils d'assauts prend le dessus sur tout le reste. On est passé aux choses sérieuses. On entend plus que le bruit des flingues, du verre qui se casse. C'est clair, net, précis, implacable. D'un face à face entre deux prédateurs on passe à une chasse à l'homme en pleine nature. Encore une fois on est ici et là, derrière tout le monde et partout à la fois, et ça rend le tout encore plus puissant. Les frappes sont chirurgicales et les avancées bien réfléchies, millimétrées, comme une armée surentraînée. La scène dure une dizaine de minutes et à la fin on a la confirmation que Pacino est fort, il démontre sa puissance en fixant droit dans les yeux la proie et en hésitant pas une seule seconde. Encore de la force qui se dégage et accentue encore plus le rendu. Pour dire qu'on arrive à saturation niveau puissance.

Après ça on a plus qu'à attendre le retour de flamme. Il ne faut pas bien longtemps pour que le film bascule de nouveau. Et c'est Pacino qui montre d'abord sa vraie nature. Avant la tentative de suicide de sa belle fille, il annonce qu'il peut sentir que De Niro est encore en ville. Le drame qu'il vit réveille ses instincts, lui qui était sur le point de jeter l'éponge. Il repart pour une dernière foulée retrouver De Niro qui pendant ce temps là a une ultime chance de retrouver sa liberté. Il est loin de la flamme, il n'y a plus aucune crainte de se brûler mais il y va une nouvelle fois, comme si son salut venait justement de cette flamme, il ne pourrait être abouti en tant qu'homme qu'en y plongeant les deux mains. Très vite il va se rendre compte de sa faiblesse quand il comprendra qu'il est voué à la solitude car ses instincts le forcent à vivre seul, malgré son envie d'évoluer en tant qu'homme comme tous les autres. Pacino lui, ne peut pas vivre sans ses instincts, il est déjà conscient de sa nature et c'est en ça qu'il est plus fort que De Niro. C'est lui qui est en réalité en haut de la chaîne alimentaire car il se nourrit de prédateurs. Et la scène de fin c'est ça, un prédateur face à un autre, on est dans les herbes, c'est la savane. L'un est plus puissant et clairvoyant que l'autre qui est déconcentré par son besoin de liberté qu'il ne peut pas atteindre. Ça se finit sur un détail, une question de sens. Pacino sent sa présence et sa vue est plus concentrée, c'est un mouvement qui fait la différence. Si on va plus loin et qu'on prend en compte le lieu dans lequel ils se trouvent et l'objet qui crée la différence, on peut dire que l'avion, symbole de la modernité et de la liberté déconcentre l'un et rassure l'autre. C'est le prédateur le plus en symbiose avec son élément qui gagne, logique. Le fait qu'ils se prennent la main à la fin, qu'ils ne fassent qu'un comme s'ils se complétaient prouve l'immense humanité et la beauté de ce film.

Et je n'ai pas parlé des autres choses que Mann tente d'immiscer dans cette histoire, comme la relation entre l'homme et la femme. Il essaie de parler de la relation entre celui qui chasse et celle qui est censée contrôler ces instincts. Il tente de prouver quelque chose de fort en posant des questions du style: est-ce que la solitude n'est-elle pas la meilleure solution ? Ou l'homme a-t-il besoin de ce pendant pour trouver l'équilibre parfait qui le rendra plus fort ?

Je n'ai pas parlé non plus de la musique. Magnifique partition de Elliot Goldenthal qui commence par petites touches et qui durant les scènes clés accompagne les personnages dans leurs peurs, leur douleur et leurs sentiments. Sensorielle, quoi.

Franchement je m'attendais à un grand film, au moins de genre, mais pas à un film aussi puissant, doté d'une maîtrise parfaite, aussi sur de sa force et qui réussit absolument tout ce qu'il entreprend avec une finesse et un panache remarquables. Même Le Parrain, tiens, ne dégage pas autant de choses à la perfection.

Bref je peux dire sans la moindre retenue que Heat, c'est la quintessence du cinéma.

10/10
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