Volte/Face de John Woo
La plus belle affiche du film, mais aussi la moins utilisée chez nous...Synopsis: Castor Troy, dangereux terroriste, est tombé dans le coma à la suite d'un affrontement avec Sean Archer, agent de la CIA. Grâce à une intervention chirurgicale, Archer prend le visage de Troy pour faire avouer au frère de ce dernier l'emplacement d'une bombe. Mais Troy sort du coma et prend à son tour le visage d'Archer.Après 2 essais plus ou moins ratés aux USA, John Woo nous revient avec le film qui restera encore aujourd'hui non seulement comme sa plus franche réussite hollywoodienne, mais aussi tout simplement comme l'un des meilleurs actionners de ces 20 dernières années. D'ailleurs, et il faut l'admettre, John Woo n'atteindra plus jamais ce niveau de perfection, si ce n'est, et ce dans une moindre mesure et surtout dans un registre différent, avec l'excellent Windtalkers (à voir absolument dans sa version director's cut). Volte/Face se présente donc aujourd'hui, comme le vestige d'une période révolue, celle où les CGI ne venaient pas remplacer les cascadeurs, celle où le bullet times n'existait pas, une époque où c'est la virtuosité du metteur en scène qui faisait la différence. Le film se montre riche en action donc, avec un final à couper le souffle, mais c'est le coté intimiste de certaines scènes qui contribue à rendre le film unique en son genre et ce sans jamais le faire sombrer dans la niaiserie, elles contribuent à donner de l'épaisseur au héros. Si le réalisateur soigne la forme donc, c'est bien le fond qui sera le plus mis en valeur: porté par un scénario en béton, teinté de science fiction, le film se montre incroyablement généreux, et offre à ses 2 principaux acteurs leurs meilleurs rôles à ce jour. La dualité des 2 protagonistes étant la clé de voute du film, transcendée par un jeu d'acteur époustouflant, c'est la psychologie des 2 personnages qui retiendra toute l'attention du spectateur même si le postulat de départ est relativement classique, à savoir l'éternel combat du bien contre le mal. Si Castor Troy est donc le "méchant" du film, incarné tour à tour par Nicolas Cage puis John Travolta, et apparait comme l'un des méchants les plus charismatiques du genre, c'est véritablement le personnage de Sean Archer qui se révèle le plus remarquable. Parfaite antithèse du méchant, touchant, il se démarque des autres héros de films d'action par sa sensibilité, son impulsivité, ses faiblesses, mais aussi sa combativité, il est le héros brisé par excellence. Là il ne faut surtout pas s'attendre à une punchline qui tue de sa part. L'interversion des personnages est donc rendue crédible (bon peut être pas sur un plan scientifique) par l'incroyable jeu des acteurs qui s'adaptent avec brio à leur nouveau personnage. Il suffit de voir Travolta, étonnant, passer d'une véritable ordure à un être sensible, rien qu'à travers son regard. Les 2 acteurs finissent par ne former plus qu'un seul personnage, ce fameux Castor Archer. L'alchimie est donc parfaite. En soit, la fin du film est pleinement justifiée, Archer ayant sombrer plus ou moins dans la folie, ne sera plus jamais complètement lui-même, une part de Castor Troy restera toujours en lui. En l'espèce, l'enfant, Adam, représente ce qui était bon en C. Troy, mais aussi ce qui manquait à Archer, d'où l'adoption par ce dernier. Je sais que ça a dérangé certaines personnes que je ne citerai pas mais qui se feront sans doute un plaisir de se manifester rapidement. A coté de tout ça, un mot sur la musique, car la bande originale est extraordinaire. Parfois triste (le thème du héros), parfois plus sauvage (le thème du méchant), elle colle parfaitement à ce qui se passe à l'écran.
Un film d'action original, souvent émouvant, qui reste encore aujourd'hui l'un des mes films favoris, que je ne me lasse jamais de revoir. Un chef d'oeuvre du genre qui mérite amplement sa note !
10/10
PS: il est 0h30 et à cette heure là c'est pas facile d'écrire une critique cohérente, et je suis sûr que j'ai oublié quelque chose, je me relirais donc demain matin et y ajouterais peut-être 2 ou 3 trucs qui me seront revenus