S'il n'est pas à la hauteur de l'attente que l'association Guillermo Del Toro/monstres géants/robots géants avait générée, Pacific Rim n'en constitue pas moins un fort honorable divertissement estival qui en met plein les mirettes.
Les défauts du film peuvent se résumer en deux mots: les scientifiques et le climax.
Les deux scientifiques, tout d'abord. Ça faisait belle lurette qu'on n'avait pas vu de personnage scientifique aussi caricatural. Censés apporter une touche humoristique et attirer la sympathie, ils finissent par susciter la réaction inverse, devenant vite pénibles à force de gesticulations inutiles et de gags pas drôles. On évite néanmoins le syndrome Rob Schneider dans Judge Dredd ou Jar Jar Binks, le personnage incarné par Charlie Day ayant sa propre intrigue secondaire (poussive) et interagissant assez peu avec les héros au cours de l’intrigue principale. On pourra dire ce que l'on voudra de Michael Bay, mais au moins, lui, dans le premier Transformers, il faisait de sa scientifique une jolie blonde agréable à regarder!
Le final, quant à lui, est clairement en deçà de ce qui a précédé, que ce soit en termes de spectacle (la séquence de Hong-Kong étant le véritable clou du film), de suspense ou d'émotions. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que Del Toro conclut son film sur un decrescendo (cf. le premier Hellboy et son troisième acte).
Pour le reste, ça oscille entre le bon et le très bon.
Le scénario, s'il est réduit à sa plus simple expression, n'en est pas moins bien construit, présentant de manière claire le contexte de la menace kaiju et servant efficacement de fil conducteur entre les différentes scènes d'action. Même s'il n'évite pas les clichés (les scientifiques, l'antagonisme entre les deux pilotes), il donne suffisamment vie à ses personnages pour que l'on se soucie de leur sort.
Mais, de toute façon, ce n'est pas pour le scénario que je suis allé, j'y suis allé pour voir des putains de robots géants combattre des putains de monstres géants dans des affrontements dantesques. Et là, je dois avouer que j'en ai eu pour mon argent! Le film possède deux bonnes grosses scènes d'action: la séquence d'introduction, qui gère admirablement les transitions entre l'extérieur du robot et le poste de pilotage, ce qui permet de comprendre la façon dont la relation pilote/jaeger fonctionne, sans qu'on nous ait asséné une grosse explication au préalable, et la scène à Hong Kong, une véritable tuerie ultra-jouissive, magnifiée par de superbes jeux de lumières. Seule la dernière scène auprès de la faille, moins ample et moins bien filmée, s'avère décevante.
J'ai apprécié le fait que chaque jaeger ait son propre look, avec des fonctionnalités et des armes différentes, ce qui les rend immédiatement reconnaissables lors des scènes d'action majoritairement nocturnes. Le réalisateur les met bien valeur à plusieurs reprises, que ce soit lors de la séquence sur la plage au début, l'arrivée de Gipsy à Hong Kong derrière un kaiju qui se retourne ou le plan du jaeger de Pentecost avec le soleil par derrière lors du flashback.
Un flashback qui permet de se rendre compte de la taille des créatures (pas évident quand leurs adversaires sont aussi grands qu'eux), de leur potentiel de destruction et constitue également un joli passage émotionnel, la peur chez la petite fille étant particulièrement palpable.
On a régulièrement la preuve qu'on est dans un film de Guillermo Del Toro, le réalisateur n'ayant pu s'empêcher de greffer des éléments graphiques issus de son univers, que ce soit dans le look des kaijus, la double mandibule de certaines créatures, les créatures conservées dans des jarres, l'utilisation d'une lumière ocre dans la partie hong-kongaise ou le symbole caché qui dévoile l'accès à une société secrète.
Concernant le casting, Charlie Hunnam s'en sort plutôt bien, mais il est éclipsé par Rinko Kikuchi et, surtout, Idris Elba, un acteur qui suinte de charisme dans son rôle de leader et que j'apprécie de plus en plus à chaque film (sa gestuelle et sa réplique lorsque Hunnam le touche
). Ça fait toujours plaisir de voir Ron Perlman. Sinon, le look des russes est assez gratiné
.
Bref, un film pas aussi ultime qu'espéré, mais vraiment divertissant et qui passe à toute allure. Dommage que son insuccès au box office nous prive de la suite envisagée...