X-Men, de Bryan Singer (2000)
L'histoire : Plusieurs humains, appelés mutants, possèdent des pouvoirs prodigieux et suscitent une certaine crainte au sein de la population. Ces mutants se divisent en deux groupes : ceux qui pensent pouvoir vivre en harmonie avec les autres humains et ceux qui pensent qu'une guerre avec eux est imminente...Voici le film qui a, avec le
Spider-Man de Sam Raimi, changé la donne de l'industrie hollywoodienne... Pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Depuis, pas une année ne s'écoule sans qu'une horde de super-héros ne déferlent dans les salles obscures. Avec plusieurs décennies de
comic books en réserve et un public de toute évidence insatiable et peu regardant sur la qualité, pourvu que les effets spéciaux suivent, la manne ne paraît pas près de s'éteindre : suites,
spin-offs et films de réunion : les producteurs américains tiennent la recette miracle, basée sur une faible prise de risque. Tel n'était pas le cas à l'époque : le
Superman de Richard Donner paraissait loin et la vampirisation de
Batman par Tim Burton n'avait donné naissance qu'à une foule de suiveurs tous plus minables les uns que les autres.
Il est important de se replonger dans le contexte de l'époque pour réaliser à quel point le premier
X-Men réalisé par Bryan Singer, malgré des défauts évidents, a révolutionné le genre... Le
comic book, ici, bénéficie enfin d'un traitement sobre et le thème principal du film, la peur de la différence, permet de rappeler les persécutions subies par les juifs (d'où l'introduction dans un camp nazi) et par les communistes (le personnage du sénateur évoque le maccarthysme)... En outre, certains éléments esthétiques ont été repensés afin d'éviter le ridicule que certains de ses prédécesseurs n'avaient su éviter : exit le célèbre costume jaune de Wolverine donc, au profit d'une tenue sombre plus adaptée à l'époque et à l'image.
La réussite n'est pas totale, bien sûr... Ce long-métrage souffre de deux grands défauts : la multiplicité des personnages et un manque de spectaculaire. Sur ce dernier point, la précipitation de la production et les lacunes formelles de Bryan Singer sont en cause. Quant au fait de se retrouver avec des personnages trop nombreux, il implique certaines inégalités de traitement. Cyclope et Tornade, deux figures historiques du
comic book, se révèlent ici trop unidimensionnels pour convaincre, tandis que Dents-de-sabre, lui, paraît ridicule, plus proche d'un métalleux déficient mental que de l'ennemi juré de Wolverine. Certains personnages et leurs interprètes, en revanche, se montrent parfaits : Patrick Stewart / Charles Xavier, Ian McKellen / Magnéto, Famke Janssen / Jean Grey et, surtout, Hugh Jackman en Wolverine.
En dépit de ses enjeux simples, d'un manque de spectaculaire et de l'impression de (re)découvrir un pilote luxueux de série télévisée (ce qu'il est, d'une certaine manière), voilà un film qui tient du miracle et qui permet toujours, treize ans après sa sortie, de passer un bon moment.
Note : 7,5/10