SPOILERS
Sans avoir vu le trailer (de mémoire) et sans savoir de quoi traitait le film, j'ai plutôt été surpris par le film car celui-ci était essentiellement vendu comme LE nouveau film avec Gosling sur fond de braquage à moto alors que c'est face à une œuvre bien plus intimiste et dramatique que nous avons affaire.
Le film est clairement divisé en 3 parties bien distinctes :- La storyline de Gosling, des braquages à moto, de l'ex-petite amie et du bébé.
- La storyline du flic interprété par Bradley Cooper : trauma, vie de famille, la corruption au sein de la police, carriérisme.
- La storyline des gamins: le fils du flic et le fils du défunt braqueur. Le premier issu d'une famille divisé, un père peu présent, la drogue etc... ,le second en quête de ses origines paternelles; lui aussi accro à la drogue (ce qui le rapproche du premier).Titre évocateur et poétique pour un film assez triste et tragique,
The Place beyond the Pines est un projet ambitieux, un film très bien construit qui bénéficie d'une richesse thématique bien exploitée et d'un casting solide bien que certains seconds rôles passent à la trappe malgré les grands noms derrière : Ray Liotta, Eva Mendes (loin d'une bombe dans le film) et Rose Byrne mais cela permet d’exploiter d'autres acteurs, moins connus mais très talentueux).
Autre surprise : Gosling, tête d'affiche, meurt bien avant la moitié du film (scène très surprenante, l'anti-héros décède d'un coup : en tant que specateur on regarde sa montre
" Merde il reste 1h30 c'est quoi ce délire ??" )et le vrai personnage principal devient , pour bien plus de minutes, l'excellent Bradley Cooper qui passe d'un flic qui culpabilise à un flic aux dents longues très intelligent qui se sert de la corruption au sein de son service pour arriver à ses propres fins : la politique. Là on l'on pouvait s'attendre à voir le film pencher vers la pure enquête d'affaires internes, c'est vers un scénario bien plus profond et familial que nous assistons. Techniquement on a droit à un film quelconque mis à part une poursuite moto/voiture de flic que l'on suit de l'intérieur de la voiture du policier : excellent, même pour le cascadeur sur le deux roues + un plan séquence d'intro bien sympa lui aussi.
Psychologique, cette histoire nous plonge rapidement dans le principe de causalité.
La première partie évoque donc le destin d'un homme marginal, hors la loi, impulsif mais amoureux qui désir vraiment renouer avec son ex et prendre son rôle de père par la main mais son caractère et sa pauvreté ne lui laisse que peu de choix. Scène très touchante dans l'église lors du baptême de son enfant, on sent Gosling respectueux et fier, triste et on peut vraiment y voir un homme qui ne croit pas en lui-même, qui sait qu'il est foutu mais qu'il veut le meilleur pour son fils quitte à trouver de l'espoir dans ce sacrement salutaire (les musiques évoquent souvent la religion: la relation père/fils, le Pardon du Père, le Salut).
Une fois mort (tué par un flic qui tire clairement le premier alors que Gosling tenait un téléphone dans les mains, assis), c'est un fils sans père qu'il laisse (c'est à sa demande que la mère ne parlera pas de lui à son fils durant 15 ans). Deuxième partie, le trauma du flic. Cooper prouve encore que son talent va grandissant. En peu de temps il passe d'un état un peu "absent", coupable, choqué à celui d'un flic qui reprend du galons et se fout de ses amis flics au point de les balancer pour une histoire de corruption puis, dan le même coup, il en profite pour demander à gravir les échelons...Le spectateur s'attend à ce que tout prenne un sens avec ce seul nouveau chapitre et pourtant...
15 après : causalité, le destin des gamins, résultat de l'absence métaphorique d'un père (et d'une mère puisque le couple est séparé) et de la mort de l'autre, noyés sous les mensonges de la mère. Deux ados perdus que l'on aurait au préalable "inversés" dans les rôles. En effet, le fils du flic se rapproche plus du père de l'autre et vice versa. Ce qui justement évite les clichés. En gros, plus tu es riche, plus tu es carriériste, plus tu zappes ton gamin, plus tu es indifférent à son destin, plus il peut partir en couilles tandis que, sans repères dès le départ, dans une famille plus pauvre, tu es plus fragile et plus solitaire.
Père, fils, mêmes destins ?
Le fils du flic est certes bien moins développé mais c'est surtout la quête du fils de Gosling qui nous intéresse. Une quête qui permet à un jeune ado de se rapprocher d'un père en qui il se trouve une plus grande ressemblance (solitude, marginalité). En phase de construction, tout lâche quand il apprend que son meilleur pote est le fils du flic qui a tué son père. Plus tard, il le met à genoux. L'ex flic pleure et demande pardon. Cela surprend le jeune homme qui s'enfuit et découvre la photo de lui, son père et sa mère dans le portefeuille de Cooper (pas la pleine de se venger, le flic à douiller, souffert de ce qu'i la fait au point de ne JAMAIS oublier). La quête du fils torturé offre un plan écho à celui de son père en moto ; plan annonciateur d'un don qu'il va lui aussi exploiter : celui de la conduite à moto , plan de clôture du film, évocateur d'un passé que l'on peut oublier- pour passer à autre chose- qu'en allant au bout de la route, Au-delà des pins. Un film qui annonce clairement que l'éducation d'un père et sa présence contre énormément pour l'enfant dans sa construction mais qu'ils ne suivent pas tout à fait les mêmes chemins bien qu'à y regarder de près: Cooper a suivit les races de son père, son fils s'en écarte mais le final le montre clairement fier de son père lors d'une conférence et le fils du motard devient motard.