Les propositions pour relancer la croissance... Que du bonheur...
Liberté totale des prix, choix de poursuivre une activité sans limite d'âge, réduction des dépenses publiques… Les propositions de la commission Attali seront remises mercredi.
Trois cent quatorze propositions, 20 «décisions fondamentales», huit «ambitions»… Le rapport de «la commission pour la libération de la croissance française», qui sera remis mercredi à Nicolas Sarkozy, donne le vertige par sa démesure. Et promet une ampleur inégalée de réactions hostiles tant il bouscule les conservatismes et les rentes qui brident l'activité depuis des années. L'objectif ultime de la commission présidée par Jacques Attali consiste à livrer un programme complet et cohérent de réformes pour redonner à la France un point de croissance supplémentaire. Un point qui n'a rien de théorique. Il aura des conséquences concrètes pour les Français, justifie la commission dans l'introduction du rapport provisoire mis en ligne hier sur les echos.fr. Augmenter de un point le PIB, c'est, à moyen terme, «500 euros de pouvoir d'achat en plus par ménage, 150 000 créations d'emplois supplémentaires, 90 000 logements sociaux de plus, 20 000 enfants handicapés scolarisés (…) et 4 000 euros de dette publique en moins pour chaque citoyen», explique-t-il.
En installant la commission en août dernier, Nicolas Sarkozy lui avait demandé de travailler sans tabous et de ne pas craindre de heurter les résistances. Le rapport dépassera sûrement ses attentes. Les 41 personnalités choisies par l'ancien conseiller spécial de François Mitterrand, venues d'horizons différents, ont rendu un travail «apolitique». Mais clairement libéral : «les Français doivent savoir que l'avenir de l'emploi n'est plus dans la fonction publique, que celui des entreprises n'est plus dans les subventions», estiment-ils. Sans pour autant négliger l'aspect social «c'est d'abord pour les victimes chômeurs, pauvres, exclus du marché du travail» qu'il faut «changer la France». Nombre de leurs propositions avaient déjà été égrenées au fil des dernières semaines. Ainsi, la commission veut «préparer la jeunesse à l'économie du savoir et à la prise du risque». Ce qui signifie, dans le primaire, accélérer l'apprentissage de l'anglais, du calcul et de l'informatique et, dans le supérieur, faire naître «dix grands pôles d'enseignement et de recherche» de niveau mondial. Il faut aussi installer la France dans l'économie de la connaissance, en favorisant l'Internet haut débit pour tous d'ici à 2016. Pour résoudre les problèmes aigus de logements, elle suggère une bourse Internet du logement social, la facilitation des réquisitions de terrain par les préfectures, l'extension des permis de construire ou des surfaces constructibles, la suppression des droits de mutation ou encore le raccourcissement des délais légaux empêchant les expulsions. En matière sociale, il faut supprimer la durée légale du travail et laisser le libre choix à chacun de l'âge de départ en retraite. Enfin, dans le domaine du commerce et du loisir, la commission recommande d'instaurer la liberté tarifaire pour tous, de favoriser la libre installation et de lever l'interdiction de revente à perte…
Propositions iconoclastes
Si le gouvernement a déjà avancé sur quelques-uns de ces sujets, il risque en revanche d'être pris à contre-pied par d'autres propositions iconoclastes. Ainsi, Jacques Attali persiste et signe dans sa condamnation du principe de précaution qu'il voudrait retirer de la Constitution. Au passage, il suggère de maintenir le «rythme de construction des centrales nucléaires». Quant à l'immigration, «elle peut être un puissant facteur de croissance», chiffres à l'appui : 50 000 nouveaux migrants apporteraient chaque année 0,1 point de croissance en plus. D'où la recommandation numéro 222 de «simplifier la délivrance d'autorisation de travail» pour les étrangers, qui a déjà fait pas mal de vagues à l'UMP. L'échelon départemental, lui, est appelé à disparaître dans les dix ans au profit des régions. L'objectif est de réduire la dépense publique de 1 % par an, pour la ramener dans la moyenne européenne en 2012. Nicolas Sarkozy avait promis de rentrer dans le dur des réformes en 2008. Il a désormais le mode d'emploi pour le faire.