⌲ 48 HRS. (1982)de Walter Hill avec Nick Nolte & Eddie Murphy.
Histoire: Un inspecteur de police doit retrouver un tueur. Ce dernier est à la recherche d'un butin. Le policier fait libérer Hammond, un gangster excentrique, qui connait l'existence du magot.
« I'm your worst fucking nightmare, I'm a nigga with a badge. »
A la hauteur de sa réputation.
C'est le premier film de Hill que je vois et je ne suis pas déçu. Bien sur avec ce genre de films dits "précurseurs" c'est toujours difficile de différencier les clichés des idées originales. Pour le coup c'est vraiment un des premiers buddy-cop movies avec une paire noir/blanc. Il faut donc remettre le film dans son contexte original car les clichés de ces personnages n’existaient pas encore, comme si le film créait la photo qu'on copiera mainte et mainte fois avec le temps.
On découvre alors naïvement le blanc bourru, bourrin, régi par ses propres règles, macho sur les bords associé au noir enfantin, drôle et malin. Sauf que le truc original repose sur la base de l'association, puisque Eddie Murphy joue un gangster et non un flic que Nolte doit se coltiner. C'est en ça que ça se démarque encore plus le film des autres et l'idée de base est vraiment sympa.
Là où Rush Hour se plantera en copiant de façon exagérée le couple, l'Arme Fatale inversera les rôles pour masquer le manque d'originalité.
Bref j'ai déjà été agréablement surpris par l'ambiance posée et la qualité de mise en scène, malgré un rendu technique assez dégueulasse il faut le dire (le jour où ça sortira en BR ça facilitera le visionnage, déjà).
Le gros travail de Horner y est pour beaucoup puisque la bande son nerveuse et animée va de pair avec la caméra ultra dynamique, la correlation des deux rendent les scènes d'action particulièrement juteuses. Pareil pour le son, gros travail. On entend avec précision et patience le moindre coup de vent et le rendu des coups lors des scènes de baston ajoute au côté sec et crédible du doss.
Mais le plus gros taff réside à la mise en scène. La façon de cadrer, très précise, maline, pensée.
On est à San Francisco dans les années 80. Les années Raegan. Et on sent le côté nerveux et violent du début de la décennie. Comment Walter Hill arrive à faire passer ça ? Par le traitement des personnages déjà. Les dialogues. Il y a une véritable liberté de ton, un franc parler qu'on imagine courant dans le milieu. Les méchants (avec des vrais gueules d'enculés) sont impitoyables et n'hésitent pas à buter du flic comme tout le reste. Les flics eux sont sur les nerfs et répliquent à tout va, braquent même leurs pairs, quitte à se mettre des bâtons dans les roues. Il y a un côté impitoyable et nerveux dans tout ça. Personne n'a peur de personne, en même temps on sent une paranoia qui rend le tout fragile et le récit imprévisible parce qu'après tout, rien n'empêche l'un de tuer l'autre d'une minute à l'autre.
Ensuite Hill se charge de remplir le cadre au maximum, serrer les plans et charger les pièces de monde, de fumée, de bric et broc pour que cette ville ait l'air étouffante, bordélique et sale. San Francisco a l'air d'une jungle remplie de méchants impitoyables et de flics largués. Le gros bordel, quoi.
Revenons aux personnages parce qu'ils ne sont pas en reste. L'évolution du duo est très intéréssante et pertinente. Nolte traite d'abord Murphy comme de la merde, comme un sous homme presque, puis il y a un basculement au moment de la scène du bar de rednecks. Faut là encore penser que c'est le premier rôle au cinéma d'Eddie Murphy, à cette époque là il était encore au Saturday Night Live et c'est LE film qui va le révéler à tous. Et cette scène est le moment clé du film comme du lancement de sa carrière. Il prouve à la fois son cran et son utilité au perso de Nolte et aussi nous prouve à tous qu'il a un gros potentiel comique (mais pas que). Il se fait plaisir et on sent que Hill lui laisse une grande liberté pour s'exprimer. En plus de ça, cette scène soulève le problème du racisme latent loin d'être réglé aux States. Ce qui est percutant c'est surtout que oui, même en 1982, à San Francisco (ville qui représente la liberté et tout ce qui va avec) il y a des arriérés qui prennent les noirs pour des sous-hommes -et plus tard dans le film les deux persos retourneront dans un bar "black friendly" qui là sonnera plus frais, enjoué et ouvert.
L'évolution de la relation entre les deux compères est lente et brutale. Il faut donc cette scène là pour déclencher quelque chose chez Nolte, ce qui le poussera à forcer le passage et à affronter à l'aide de ses poings ce qui sera à la fin un vrai complice. Car en ayant prouvé sa malice et sa force lors de cette baston, une confiance commence à s'installer entre eux et bâtira les premiers contours d'un partenariat.
C'est vrai et brutal, j'aime beaucoup le point de vue choisi et c'est très travaillé, je m'attendais à plus frais, plus débile, non franchement je comprends tout à fait qu'on hisse aisément ce film là au dessus des autres -qui finalement ne reprendrons jamais ce côté sérieux et violent de l'original.
Et puis le pied de voir Mike de Breaking Bad qui joue le flic du début
Encore plus de comprendre que le chef black de Last Action Hero joue en fait une parodie de son personnage dans ce film là
Je savais pas du tout et finalement le film de McTiernan est pratiquement une parodie entière de celui de Hill ^^
8/10