Un film que j'adore profondément et que je considère sans aucune hésitation comme un chef-d’œuvre total, toutefois je me permet de ne pas lui donner la note maximale étant donné que c'est aussi un film que j'ai tellement idéalisé que j'en ai oublié le moindre défaut. Du coup, cette revision a mis un peu en avant une gestion du rythme que Coppola ne maîtrisait pas encore totalement à l'époque, et j'ai tendance à trouver que toute la partie entre le mariage et le meurtre dans le restaurant n'est pas aussi ultime que le reste du métrage en terme de construction scénaristique et de montage. Voilà, c'est bien le seul défaut que je trouve au film, mais ça ne m'empêche pas de l'aimer autant qu'avant, et donc le reste de cette critique sera consacrée à de la dithyrambe. Qu'est ce qu'il reste d'un film comme
The Godfather aujourd'hui ? Tout simplement un film qui se range parmi les œuvres qui auront su, au fil des années, à inspirer tout un pan du cinéma mondial. Le film de Francis Ford Coppola est passé à la postérité, non seulement via le statut du métrage, mais aussi de la façon dont il a su s'insérer dans la culture contemporaine.
The Godfather, c'est aussi une des œuvres les plus grandioses sur le milieu de la pègre américaine, et c'est d'autant plus vrai que Coppola traite à travers ce film plusieurs thèmes souvent ignorés, comme le tournant décisif de l'incorporation de la drogue à travers le commerce de la pègre, la transformation progressive d'un milieu plein de respect qui deviendra un univers sans aucune once de morale, ou encore les valeurs familiales dans un cercle qui les pervertit peu à peu. Alors certes, le film a besoin du reste de la trilogie pour compléter et finaliser son propos, mais force est de constater que
The Godfather est aussi un film qui fonctionne admirablement bien et qui se suffit à lui-même.
La grande originalité du métrage est vraiment de ne jamais se limiter au point de vue d'un seul personnage, au point que même si l'on repère Michael Corleone comme protagoniste principal (notamment à partir du superbe passage en Sicile), il n'est pourtant pas forcément celui qui est le plus mis en valeur dans certaines parties du film. Car le véritable héros de
The Godfather, c'est avant tout la famille Corleone dans sa totalité, ni plus ni moins, et chaque personnage, même minime, possède une importance capitale dans le déroulement du récit (notamment le mariage de la sœur qui, indirectement, provoquera l'assassinat de Sonny). Niveau mise en scène, Coppola livre ici un film maîtrisé et propre, et même si on trouvera, à juste raison, que l'on n'y retrouve pas encore le cinéaste à l'ambition démesurée (le film ayant été fait à l'origine pour des raisons de remboursement de dettes à Paramount) cela n'empêche pas
The Godfather d'être un grand moment de cinéma, particulièrement dès que le récit part dans la tension (les meurtres, la séquence de l'hôpital) ou dans l'intimiste familial (la dernière discussion entre Corleone et son fils et sublime, et l'ultime séquence de Brando est à la fois touchante et déstabilisante). Pour le reste, que dire si ce n'est que la totalité du casting est impeccable et que la musique de Niro Rota est sublime, là encore les qualités de
The Godfather sont tout simplement des évidences. Un chef-d’œuvre.