[Velvet] Mes critiques en 2013

Modérateur: Dunandan

Apocalypse Now - 10/10

Messagepar Velvet » Jeu 01 Aoû 2013, 08:48

Apocalypse Now Redux de Francis Ford Coppola (1979) - 10/10
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Quel film. Tout a été déjà dit sur cette oeuvre gargantuesque mais Apocalypse Now Redux est ce genre de film à la grandiloquence monstrueuse. Un véritable choc. N'ayant pas vu la version courte, cette version longue n'en est que plus intéressante dans son visionnage, étant vierge de tout de préjugés et de toute attente. Rien que l'introduction donne le ton. Cette vision d'un assaut d'hélicopters qui embrasent la foret avec en arrière plan, le visage du capitaine Willard, désabusé et déjà imprégné par la dureté visuelle et psychologique de la guerre,avec The doors en fond sonore. Puis, on y voit ce même capitaine, enfermé dans sa chambre le regard vide et le corps désarticulé, et même ensanglanté. Psychédélique et immersif dès le début. On suivra dans une sorte de récit initiatique, le parcours de ce capitaine d'armée à qui on donne une mission exceptionnellement secrète: celle de tuer le colonel Kurtz, homme devenu fou et demi dieu d'une sorte de secte sanguinaire au Cambodge. 3h20 de film et on ne voit pas le temps passé. On en redemande encore.

Premièrement ce qui impressionne c'est ce visuel d'une grandeur infinie. Ces décors immenses où la foret vietnamienne est superbement retranscrite, ces lieux avec ces lagons, ces ponts, ces plages, ces bateaux, ces hélicoptères. On se dit que c'est un véritable miracle d'avoir eu l'idée et d'avoir eu la force de filmer une telle immensité. Coppola utilise un nombre conséquent de plans séquences qui subliment la réalisation avec tous ces détails de guerre (la sublime séquence dans ce campement dévasté par une pluie diluvienne, qui se finira dans les bras des playmates, pour conjurer ce manque de sexe) . L'assaut aérien avec le colonel Kilgore sous Wagner vaut son pesant de cacahuètes. On s'y croirait presque. On a presque envie de mettre l'uniforme, de planter la casque sur notre tête et de se joindre à eux.



Mais la réalisation de Coppola sait parfaitement faire l'équilibre entre scène de guerre ébouriffante et situation plus psychologique s'approchant plus de l'esprit de ses protagonistes. Les jeux de lumières est aussi saisissant entre ces séquences de nuits entre ombre et lumière qui dissimulent le visage des militaires, ces fumigènes fluorescent qui accentuent le visuel hallucinogène. A quasiment chaque plan, on en prend plein les yeux. L'arrivée du bateau de Willard dans le village du Kurtz est ahurissante car magnifique visuellement (cette lignée d'indigènes bariolés en barques) mais affreusement horrifique (la montée des marches pleine de têtes coupées).

Malgré sa grandiloquence et son coté décalé comme cette séquence de théâtres de playmates virant à l'émeute ou comme cette rencontre avec le colonel Kilgore, sorte de fou furieux protéiné fan de surf de rouleau de vague adorant l'odeur du napalm au petit matin, Apocalypse Now Redux est spectateur de la bêtise et de la surenchère qui gangrènent cette armée américaine.

Puis le film se resserre petit à petit sur le périple de Willard et sa traversée du fleuve avec 4 compagnons pour arriver à destination. Et c'est là où Francis Ford Coppola excelle. Les situations ne sont jamais inutiles et permettent de mettre en exergue la densité et la complexité de vivre individuellement et collectivement en état de guerre.



Des scènes d'une tonalité totalement différente s'entrechoquent avec une grande virtuosité, entre scène de bravoures fun ( les danse et liesses sur du Rolling Stone "Satisfaction") ou scène méticuleusement froide et irrespirable ( cette vérification routinière d'un cargo vietnamien se finissant en bain de sang sans réelle raison).

Willard, au fil des minutes, va lire le rapport qu'on lui a donné sur le colonel Kurtz. Cet homme prodigieux qui a malheureusement sombré dans une féroce folie. En voix off, Martin Sheen va essayer de s'expliquer le pourquoi du comment et va nous dépeindre les motivations de Kurtz. Et cela passe par une critique de la guerre et notamment de son armée américaine, trop laxiste, et n'étant que de simples "touristes". Le colonel Kurt, joué par le charismatique Marlon Brando, n’apparaît que dans les 30 dernières minutes du film. Mais bizarrement,sa présence, dès l'écoute de discours sur cassettes dans le bureau de l'état major, inonde le film d'une peur et d'une folie palpable.

Willard, s’enfoncera dans un mutisme et dans un questionnement de plus en plus profond sur sa mission et sur son rôle. Alors que la tension monte suite à la mort tragique d'un des leurs (avec le magnéto qui continue à faire parler la cassette) , Willard et son équipage font la rencontre d'un groupe de français. Et cette baisse de tension, permet malgré tout, à donner une nouvelle dimension politique et historique au contexte dans le lequel se trouve cette guerre, entre les américains qui ne font la guerre pour rien et les européens qui essayent de redorer leur blason colonial, tous teintés d'un narcissisme ambiant et presque aveugle.

Puis la rencontre va enfin avoir lieu entre le colonel Kurt et le capitaine Willard. On y voit un Marlon Brando, fatigué physiquement et psychologiquement par ce qu'il a vécu et par ce qu'il est devenu. S'ensuit, une fin de film psychédélique et fantastique, quasi philosophique et d'une horreur visuelle assourdissante (le sacrifice) et se finissant (presque) sur un plan magistral où on y voit Willard bariolé au sommet du temple en pleine nuit, face aux indigènes à genoux. Oeuvre INCROYABLE.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Alegas » Jeu 01 Aoû 2013, 10:49

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Evil Dead (2013) - 5,5/10

Messagepar Velvet » Jeu 01 Aoû 2013, 16:03

Evil Dead de Fede Alvarez (2013) - 5.5/10
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Disons le tout de suite, ce Evil Dead version 2013 est bien moins intéressant que le matériel de base, en la présence de la série Evil Dead de Sam Raimi. Avec comme producteur Sam Raimi et avec une bande annonce plutôt alléchante, le film donnait clairement l'eau à la bouche. Au final, on se retrouve devant un film humble et bien gore mais trop renfermé sur son coté scolaire. L'histoire de base n'est pas tout à fait la même: en 2013, on suit Mia et ses amis dans un petit week-end en forêt pour que cette dernière face une sorte de désintoxication. Malheureusement ils vont tomber sur un livre maléfique et l'horreur va se déclencher.

Malgré une publicité tape à l’œil et un brin mensongère " expérience la plus terrifiante", le film n'est pas du tout un film de petit malin. Au contraire, on ressent chez Alvarez un grand respect pour l'oeuvre de Sam Raimi, qu'il essaye malgré tout de se réapproprier tout en rendant hommage à l'original (la scène du viol par exemple). On peut oublier le coté Tex Avery avec cet humour décalé, ce Evil Dead est à l'image des productions actuelles, c'est à dire, assez sombre et très sérieux. Visuellement le film ne manque pas de qualités avec une mise en scène propre, une luminosité bien lugubre qui rend les lieux assez anxiogènes, et une photographie de grandes qualités par rapport aux genres.

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Mais si la forme est satisfaisante, le reste l'est un peu peu moins. Qui dit film d'horreur, ne veut pas dire absence de script. Et il est bien là le problème chez Alavarez. A partir du moment où cette bande de jeunes, dont les personnages et les dialogues sont anecdotiques au possible, découvrent le livre, le film tombe dans une mécanique bien huilée mais bien trop académique. Chaque personnage se fera "escorter" par l'esprit maléfique et ils connaîtront une panoplie de sévices corporels. Le personnage de Mia, sous l'emprise du démon, s'en sort plutôt bien. Le film tombe petit à petit dans une sorte de gore "à la chaîne" sans folie, sans dérapage. Tout est trop propre, trop lisse et ça manque singulièrement de personnalité. Le film ne procure jamais de sensation macabre ou de peur.

Mais l'une des vraies qualités du film est que son coté gore n'est jamais là pour faire tourner l’œil ou pour dégoûter son spectateur comme dans un "torture porn". On sent un réel plaisir chez le réalisateur à fournir ce spectacle plus ou moins attrayant, avec ce gore plutôt " old scholl" avec par exemple l’amputation du bras ou notamment cette séquence finale excellemment bien réussie. Finalement on se retrouve donc face à un film qui manque d'originalité et d'ambition scénaristique mais qui propose tout de même un spectacle tout à fait regardable. Et à le mérite, de pourquoi pas, faire connaitre à certains, l'oeuvre de Sam Rami.
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Lost in translation - 10/10

Messagepar Velvet » Ven 02 Aoû 2013, 19:18

Lost in translation de Sofia Coppola (2004) - 10/10
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Lost in Translation n'a jamais aussi bien approché cette sensation de solitude dans le cinéma offrant alors une oeuvre délicieusement cotonneuse. Ce sentiment solitaire et presque vagabond est double. Il est premièrement physique car ses deux êtres sont perdus au milieu de cette immensité, de toute cette foule singulière et toujours mobile dans cette ville de Tokyo aux multiples facettes, à la fois moderne et historique. Il est également intérieur car l'un essaye de s'éloigner d'un couple en perdition et l'autre suit son mari photographe sans y trouver son compte, sans y vivre de quelconques émotions. Le début du film nous met tout de suite dans cette ambiance vaporeuse. On y voit, Bob Harris, le regard perdu dans son taxi fixant la fluorescence colorée des buildings japonais. Scène excellemment bien cadrée, sous fond sonore d'une musique shoegaze. Doux et hypnotique. A l'instar d'un Virgin Suicide, la mise en scène extrêmement légère est au service de son histoire. La réalisatrice effleure la personnalité de ses deux personnages sans rentrer dans des explications dramaturgiques inutiles. Ce qui de manière immédiate, donne encore plus de substances à ce spleen ambiant et ce détachement déshumanisé jamais montré de façon maniérée ou plombante. Filmé l'ennui n'est jamais chose facile mais Sofia Coppola n'a pas son pareil pour filmer cette écran de fumée. Par son cadrage, sa photographie magnifique, une multitude d'idées visuelles, elle retranscrit à merveille cette sensibilité à fleur de peau et cet écart qui sépare Bob et Charlotte avec cette population japonaise. Ce qui reste intéressant n'est pas l'intrigue ni un quelconque retournement de situation mais est simplement de se faufiler entre les égarements sentimentaux de ce duo presque patibulaire. Malgré ses faux airs de comédie romantique, Lost in Translation n'en utilise pas les codes et les passages obligatoires, le film ayant sa propre personnalité et sa propre singularité.

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Ce qui accroche dès le départ ce sont ces moments de vie à la fois tristes et cocasses (cette scène très drôle pour faire la publicité sur le whisky ou son passage à la télévision avec un animateur plus ou moins excentrique ou celle de simulation avec la prostituée), cette rencontre entre deux individus qui recherchent finalement la même chose: être écouté et être compris. Délicieux, et tendre, Lost in Translation est un écrin visuel somptueux parfumé d'une sensibilité céleste. A l'écran, l'étincelle fonctionne subtilement entre Bill Murray qui campe un acteur sur le déclin un peu bougon et Scarlett Johansson, jeune femme, étudiante en psychologique, au visage divin. Les deux personnes n'ont pas forcément beaucoup de choses en commun mais elles ont besoin l'une de l'autre sans savoir réellement pourquoi. Pas besoin de paroles, le regard, le souffle, le sourire se suffisent à eux mêmes. Ce duo, terriblement attachant, magnifie le film par autant de spontanéité. Petit à petit, sans cris égards, ils vont apprendre à se connaitre et malgré la distance de la mise en scène, on sent la réalisatrice très proche de ses deux personnages. Ce vide qui joue au yo-yo avec les sentiments de nos deux protagonistes permet à Lost in translation de faire ressentir de véritables sensations d'évasion. On s’arrête de penser, de réfléchir et on se laisse prendre aux jeux en suivant nos deux acolytes dans les ruelles étroites ou grandiloquentes de cette ville tokyoïte. Et devant cette oeuvre terriblement épurée, on se demande comment peut on faire ressentir autant d'émotion avec si peu de choses ? Le film se finit de façon délicate et nous touche en plein cœur par son authenticité. Lost in Translation est une oeuvre pop remplie d'un spleen frissonnant.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar dagokhiouma » Ven 02 Aoû 2013, 21:45

:super:
Les hommes livrent leur âme, comme les femmes leur corps, par zones successives et bien défendues.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar zack_ » Ven 02 Aoû 2013, 21:49

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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Mark Chopper » Ven 02 Aoû 2013, 21:53

Très beau texte pour un très beau film.

N'en déplaise à celui qui préfère Match Point :chut:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Sam 03 Aoû 2013, 02:00

Tu as mon approved également :super:

(me tarde de me le refaire pour placer également mon 9-10 : ça devrait arriver en septembre ...)
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Hauts de Hurlevent (Les)(2011) - 7,5/10

Messagepar Velvet » Dim 04 Aoû 2013, 16:25

Les hauts de Hurlevent de Andrea Arnold (2012) - 7,5/10
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L'oeuvre littéraire d'Emily Bronte a déjà été maintes et maintes fois revisitée cinématographiquement avec plus ou moins de réussite. C'est au tour de la jeune réalisatrice Andrea Arnold de tenter l'adaptation sur grand écran. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le film a sa propre singularité visuelle et narrative. La réalisatrice n'y va pas par quatre chemins et ne s’empêche pas de faire des coupes ou des partis pris (Heathcliff est noir).

Alors que la plupart des réalisateurs tombent dans le piège de la réadaptation littérale et trop premier degré comme a pu le faire dernièrement Michel Gondry avec L'écume des jours, Arnold se réapproprie l'histoire pour en faire une sorte de voyage sensoriel qui arrive à saisir les stigmates extérieures d'un environnement austère pour faire exploser au grand jour les sentiments intérieurs de ses deux amoureux impossibles. Des films tels que Jane Eyre de Fukunaga ou Bright Star de Jane Campion utilise une mise en scène feutrée mais un brin académique, Andrea Arnold se détache de tout formalisme. Nous ne sommes pas face à un énième film médiéval, avec des beaux costumes et des sentiments à l'eau de rose avec ses faux regards lancinants. Sous l’égide de cette histoire d'amour entre Catherine et Heathcliff, ces hauts de Hurlevents s'empressent de capturer les ressentis de ses deux protagonistes. La mise en scène est libre, filmé au format 1:33, et on assiste à un travail d'orfèvres sur la lumière et sur le son. Le film effleure les émotions sensitives en glorifiant une nature, comme lieu de tous les marasmes émotionnels.


On sent le vent soufflé sur les hautes herbes, on touche cette pluie glaçante, on s'isole dans ces plaines brumeuses, on entend ses cœurs battre la chamade pour l’être aimé, ses mots âpres qui résonnent comme étant définitifs, ses sentiments sur la brèche qui ne demandent qu'à s’élever. Par moments, on se met à penser à Terrence Malick. Cette histoire d'amour universelle prend des allures de poèmes personnels où la brutalité du romantisme prend le pas sur la naïveté de la passion. Mais cette puissance graphique a aussi ses inconvénient. La forme prend le pas sur le récit. A trop vouloir épurer sa mie en scène, cette oeuvre puissamment humaine perd parfois toute émotion et parait froide, trop loin de nous comme dans sa deuxième partie où les deux personnages ont grandi et se retrouvent. Mais la grande qualité du film est de voir un réalisatrice comprendre à quoi peut servir un matériel littéraire: à s'en inspirer. Au lieu de faire une quelconque adaptation, elle en a fait une lecture personnelle, qui peut paraitre hermétique, mais qui est particulièrement déchirante.
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Persona - 8,5/10

Messagepar Velvet » Lun 05 Aoû 2013, 10:25

Persona d'Ingmar Bergman (1966) - 8,5/10
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Difficile de parler d'un film aussi dense tant l'approche psychologique de ses personnages est profonde. Dès le début du film, le réalisateur brouille les pistes avec un mélange au montage syncopé fait de séquences métaphoriques avec notamment cet enfant qui touche le visage d'une femme sur un mur (comme pour présenter la relation mère/fils qui sera importante pour l'une des deux protagonistes) et d'images subliminales (pénis en érection, l'araignée comme représentation de dieux).

Puis Persona rentre vite dans le vif du sujet avec cette actrice qui perd sa voix lors d'un tournage et qui s'enferme dans ce mutisme,par prise de conscience du faux semblant de son métier et de sa vie. Elle sera prise en charge, médicalement parlant, par une infirmière. Les deux femmes, vont alors s'isoler, dans la demeure de l'actrice sur une île.

Le film est une sorte de huis clos à la fois physique puisque le film se déroulera uniquement dans cette demeure et à la fois psychologique, car plus on s'enfonce dans cette oeuvre psychanalytique, plus les deux femmes vont se lier, se déchirer jusqu'à à la confusion totale des personnalités. Elisabeth est une actrice, complètement perdu et qui ne veut plus parler. L'un des premières scènes avec son médecin nous permet de comprendre le pourquoi du comment: pour l'actrice, parler c'est jouer un rôle, c'est mentir aux autres. Parler c'est se sociabiliser, c'est s’aliéner vis à vis des autres, comme une sorte de multiplicité des personnalités.

Par la suite, on comprendra son mutisme vis à vis de son mari, qui est aveugle. Comme il est aveugle, son mutisme la rend transparente et presque immatérielle, pour mieux se cacher de sa vie et de ses responsabilités. Cela s'exprimera aussi par cette scène où Alma prendra la place d'Elisabeth par rapport à son mari et elle en aura honte, comme un péché commis. Alma, quant à elle, est une infirmière lambda avec sa vie avec son fiancée mais ses travers (adultères et avortement). Les deux actrices sont parfaites dans leur rôles.



Petit à petit cette distension entre les femmes va les réunir dans la confusion. Assez hermétique et très froid dans ses premières minutes, le film devient de plus en plus vivant, fascinant, où une ambiance érotique va s'installer entre les deux femmes, mais qui sans le savoir, sera le fruit de l'imagination d'Alma, ou pas.

Mais suite à la lecture d'une lettre d'Elisabeth écrite à l'intention de son médecin, Alma va se braquer et tomber dans une sorte de folie paranoïaque. Elle parle beaucoup, donne beaucoup, elle se confie mais à son insu. Persona, est une oeuvre sur le subconscient et sur les fêlures de l’âme humaine. Son esthétique s'inscrit parfaitement dans cette lenteur avec un jeu de lumière sur les corps des deux femmes et cette mise en scène au plus près de ses protagonistes.

Mais le fait de se confier, lui fait aussi se poser des questions sur elle même et sur ses multiples facettes face aux autres. Au fil des minutes, une relation dominé/dominant s’installe mais sans savoir qui prend le pas sur l'autre. Les deux femmes, sont presque quasiment les deux facettes d'une même personne. Visuellement cela est présenté par une scène magnifique où Alma explique ce qu'elle pense de la relation entre Elisabeth et le fils de cette dernière.

La scène n'est pas filmée en champs contre champs mais est montée deux fois, une fois en scrutant le visage et les émotions d'Elisabeth et une autre en faisant la même chose sur le visage d'Alma, pour se finir par un plan rapproché sur un visage combinant les visages des deux femmes. Difficilement compréhensible par tous ses aspects, Persona n'en reste pas moins une oeuvre hypnotique où la folie et la force émotionnelle des ses deux femmes prennent corps crescendo, pour ne plus nous lâcher, même après le film.
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Note: 8/10
Auteur: osorojo

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Grand méchant loup (Le) - 4/10

Messagepar Velvet » Lun 05 Aoû 2013, 14:49

Le grand méchant loup de Nicolas Charlet et Bruno Lavaine (2013) - 4/10
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L'avantage d'un film comme "Le grand méchant loup", est qu'il n'y a pas erreur sur le marchandise. On est bel et bien face à une énième comédie française sur l'adultère. C'est à se demander si le petit monde du cinéma français n'est pas un univers de cocu. Sorte de fable moderne sur les trois petits cochons où le loup serait la femme. On y suit donc le parcours de trois frères qui les uns après les autres, vont tomber sous la tentation. Premièrement, le film nous raconte l'histoire de Philippe, qui a un petit boulot insignifiant et qui fait sa petite crise de la quarantaine vivant très mal la routine de son couple et de son travail. Mais un beau jour, il fait la rencontre de la belle et jeune Natacha. Ce qui est dommage, c'est que cette partie là est la meilleure. Sans atteindre des sommets d'écriture, le trio Poelvoorde/Le Bon/Danzelli fonctionne plutôt bien et on sent une véritable alchimie dans les personnages, entre scène de dispute (la révélation), scènes de jeunes amoureux entre Phillipe et Natacha (dans le château de Versailles).

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Et même si le trio subsiste jusqu'à la fin du film, les réalisateurs coupent la part en trois et nous racontent le parcours des deux autres frères. Et c'est là que le bas blesse. Car la première partie était fraîche, et le personnage de Poelvoorde avait une vrai consistance. Le couple d'Henri (Testot) est d'une insignifiance sans nom entre lui qui est une sorte de looser pervers et sa femme, qui campe, une flic castratrice et frigide détestant voir le "loup". Puis avec le troisième frère, le plus riche (Merad), le film s'enfonce dans la bêtise avec une sorte de twist à la con (le passage gay, on était obligé de se le farcir, et la dite scène vaut son pesant de cacahuètes). Malgré ça, le film est fluide et se regarde facilement malgré l'absence de tout propos sur le couple et sur la fraternité ou de toute idée de cinéma même si les moments où les frères croient parler à leur mère mourante sur son lit d’hôpital sont plutôt bien faites. On se dit donc qu'on a vu un simple film du dimanche soir sur TF1 et le film nous laisse ce gout d'amer ne pas avoir privilégié seulement la première partie du film. Dommage.
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Sombre - 9/10

Messagepar Velvet » Mar 06 Aoû 2013, 15:41

Sombre de Philippe Grandrieux (1998) - 9/10
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Jean est une âme perdue. Il est au bord du précipice, roule sur des routes sans fin pour trouver des proies. Il est comme un prédateur. Grandrieux filme les spasmes, les pulsions inaltérables de ce vagabond. Il trouve des femmes, essaye de coucher avec elles, mais il ne peut pas, à cause de son impuissance. Alors il les déshabille, les touche, les utilise comme des marionnettes puis les tue en les étranglant comme seul moment où il peut faire gémir une femme.

La caméra n'est que simple spectatrice de cette bestialité, cet état végétatif de son protagoniste complètement déshumanisé à l'instinct primitif. Grandrieux prend la main du spectateur pour l'amener au plus profond de cette noirceur, pour voir le coté malsain du chaos, grâce à un très effrayant Marc Barbé. Sombre porte très bien son nom. Petit à petit le film nous enfonce dans l'obscurité de ces lieux vides de toute vie, de toute humanité. Ce qui frappe d'entrée, c'est ce style visuel très travaillé.

Pour certains "sombre" ne sera qu'une oeuvre de débutant avec ses tics arty/experimentaux. La mise en scène est littéralement libre avec une caméra tremblante, suit les mouvements au corps à corps de ses personnages, le montage est épileptique comme si nous rêvions et que notre esprit nous imposait des images saccadées, comme des flashs. Le réalisateur malmène son image comme Jean malmène ces femmes.

La mise en scène nous transporte dans une sorte de cauchemar où les images crépitent, avec un grain ocre. La lumière, principalement celle du jour et de la nuit, rend l'image parfois floue et parfois opaque. Le travail sur le son est l'une des grandes forces du film, avec ses sonorités qui bourdonnent, qui grésillent, qui nous happent sans jamais nous lâcher. Les scènes se suivent et n'ont pas forcément une signification particulière. Le cinéma proposé par le réalisateur français est un cinéma de la sensation. Sombre montre des humains perdus, dont la souffrance intérieure les pousse à se dépasser, à extérioriser des sentiments primitifs.

Grandrieux n'essaye pas de faire comprendre ou de se raconter mais essaye de nous faire ressentir. Puis un jour de pluie, sur une petite route , Jean rencontre Clair. Jeune femme, prude, et vierge. Elle comprendra et verra la facette animale de Jean. Elle fera avec, et s'y accommodera, sans réellement sourciller. Au fil des minutes, elle sera comme un catalyseur puis sera une éclaircie.

Bien évidemment le style de ce genre de film, a cet inconvénient de parfois négliger la narration sans réellement de donner de seconds souffles à ses protagonistes, notamment à Jean. Mais malgré ça, Grandrieux filme avec brio ces marginaux, ces foules aliénées. Sombre est un huit clos à la fois attachant et repoussant, et est un exercice de style osé qui nous hante par sa sauvagerie animale et ses fêlures humaines.
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Auteur: osorojo

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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Mr Jack » Mar 06 Aoû 2013, 19:20

Ça ressemblerait pas à du Lynch, le Grandrieux ?
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Velvet » Mar 06 Aoû 2013, 19:30

Le travail sur le son est semblable avec ce coté sensoriel mais pour le reste (les thèmes, la mise en scène, les dialogues), pas grand chose à voir.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Mr Jack » Mar 06 Aoû 2013, 19:31

Bien, bien, ta critique m'avait intrigué :wink:
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