Happiness Therapy, David O. Russell (2012)
Juste pour prévenir, voici une comédie romantique de fin d'année, donc préparez vous à une fin heureuse, fédératrice, positive ... Sauf qu'il serait dommage de s'arrêter à cette image conformiste/polie tant le film déroge à cette première impression. Car David O. Russel, comme dans The Fighter, commence par le plus difficile en nous présentant ce mec à moitié détruit par son mariage, lui-même impliqué dans une famille à problèmes. Ce réalisateur a le chic de nous offrir un panorama familial de façon ultra intimiste sans jamais fixer de jugement blanc/noir. Ainsi, si le fil directeur de l'histoire est relativement conventionnel, avec ces deux êtres aux ailes brisées par la vie qui vont s'aider mutuellement à s'en sortir, l'écriture brillante des personnages compense cet air de "déjà vu", et les rend tout simplement attachants.
En effet, difficile de ne pas craquer pour Pat, bipolaire qui a le désir de surmonter sa négativité dans l'espoir de récupérer sa femme, ou encore pour Tiffany, dépressive et droguée à l'affection à la suite de son deuil et ne souhaitant rien d'autre que la même chose que lui. Tous deux ont une "fureur de vivre" mal vue par leur entourage (car liée en partie à leur maladie), tandis que celui-ci n'est pas forcément plus heureux, ayant aussi des névroses mais socialement mieux acceptées (l'un des meilleurs amis de Pat a une vie impeccable de l'extérieur mais croule sous le stress ; son père est obsédé maladivement par le foot). Or, l'une des forces du récit est de ne pas forcer ces personnalités vers une "normalité" pressentie (ou de juger ceux qui seraient dans ce camp comme le frère de Pat), et on nous montre au contraire comment ils vont s'accepter, et vont prendre conscience du positif qui existe en/et autour d'eux, en débutant par leurs défauts qui peuvent se révéler comme source d'énergie renaissante. Un message positif qu'illustrent de manière jouissive les réactions violentes de Pat à la lecture d'un bouquin de Hemingway, à contre-courant de la tendance selon laquelle une absence de happy-end serait une marque de maturité.
Or, comme dans The Fighter, l'entreprise de Pat visant à reconquérir le coeur de sa femme passe par le relais cathartique d'une pratique sportive, ici la danse. Le pic émotionnel du film, considéré comme moyen de surmonter leur négativité tandis que leurs énergies s'éparpillaient alors dans tous les sens. Maladroits au début, ils se révèlent plus tard sur la piste de danse. Tandis que les professionnels dansent bien mais sans âme, Pat et Tiffany sont beaux à voir, en dépit ou grâce à leurs imperfections, et aussi à cause de leur programme musical qui reflète tant leur caractère que leurs contradictions. Rarement la médiocrité, à l'instar de Little miss Sunshine, n'a eu aussi bon goût. Bref, alternant scènes intimistes, drôles, ou touchantes, cette oeuvre ne sombre jamais dans le jugement ou la mièvrerie, un équilibre de justesse rare dans le genre si balisé de la comédie romantique qui en fait souvent trop dans un sens ou dans l'autre. D'autant plus que le message qui se tapit derrière est puissant, à savoir que tout le monde est malade. S'il appartient à chacun de trouver la solution, elle se trouve sublimée dans le vivre-ensemble. Avec une telle sincérité dans le ton sans jamais nous prendre de haut (cela va au-delà des oppositions sain/malade), la joie communicative qui se dégage dans la famille s'avère d'autant plus plaisante et attractive car elle nous apparaît "vraie".
Enfin, le film ne serait pas le même avec un autre casting. Jennifer Lawrence me confirme le bien que je pense d'elle dans un rôle pourtant complexe, tantôt élément perturbateur (crédible et magnifique quand elle se décrit comme croqueuse d'hommes), tantôt révélatrice des émotions ou pulsions qui nous maintiennent en vie (et quel déhanché !). Bradley Cooper est aussi épatant, complètement craqué, à la fois touchant et attachant par sa quête de voir les choses en positif. Enfin, Robert de Niro fait un grand retour dans un petit rôle qui lui va comme un gant, complètement toqué par le foot, incarnant avec brio ce père voulant souder à nouveau, via cette passion dévorante, ses liens avec la famille. Sans oublier l'excellente BO composée par Dany Elfman, contenant notamment des morceaux musicaux de Elliott Smith qui apportent un brin de mélancolie à l'ensemble.
En effet, difficile de ne pas craquer pour Pat, bipolaire qui a le désir de surmonter sa négativité dans l'espoir de récupérer sa femme, ou encore pour Tiffany, dépressive et droguée à l'affection à la suite de son deuil et ne souhaitant rien d'autre que la même chose que lui. Tous deux ont une "fureur de vivre" mal vue par leur entourage (car liée en partie à leur maladie), tandis que celui-ci n'est pas forcément plus heureux, ayant aussi des névroses mais socialement mieux acceptées (l'un des meilleurs amis de Pat a une vie impeccable de l'extérieur mais croule sous le stress ; son père est obsédé maladivement par le foot). Or, l'une des forces du récit est de ne pas forcer ces personnalités vers une "normalité" pressentie (ou de juger ceux qui seraient dans ce camp comme le frère de Pat), et on nous montre au contraire comment ils vont s'accepter, et vont prendre conscience du positif qui existe en/et autour d'eux, en débutant par leurs défauts qui peuvent se révéler comme source d'énergie renaissante. Un message positif qu'illustrent de manière jouissive les réactions violentes de Pat à la lecture d'un bouquin de Hemingway, à contre-courant de la tendance selon laquelle une absence de happy-end serait une marque de maturité.
Or, comme dans The Fighter, l'entreprise de Pat visant à reconquérir le coeur de sa femme passe par le relais cathartique d'une pratique sportive, ici la danse. Le pic émotionnel du film, considéré comme moyen de surmonter leur négativité tandis que leurs énergies s'éparpillaient alors dans tous les sens. Maladroits au début, ils se révèlent plus tard sur la piste de danse. Tandis que les professionnels dansent bien mais sans âme, Pat et Tiffany sont beaux à voir, en dépit ou grâce à leurs imperfections, et aussi à cause de leur programme musical qui reflète tant leur caractère que leurs contradictions. Rarement la médiocrité, à l'instar de Little miss Sunshine, n'a eu aussi bon goût. Bref, alternant scènes intimistes, drôles, ou touchantes, cette oeuvre ne sombre jamais dans le jugement ou la mièvrerie, un équilibre de justesse rare dans le genre si balisé de la comédie romantique qui en fait souvent trop dans un sens ou dans l'autre. D'autant plus que le message qui se tapit derrière est puissant, à savoir que tout le monde est malade. S'il appartient à chacun de trouver la solution, elle se trouve sublimée dans le vivre-ensemble. Avec une telle sincérité dans le ton sans jamais nous prendre de haut (cela va au-delà des oppositions sain/malade), la joie communicative qui se dégage dans la famille s'avère d'autant plus plaisante et attractive car elle nous apparaît "vraie".
Enfin, le film ne serait pas le même avec un autre casting. Jennifer Lawrence me confirme le bien que je pense d'elle dans un rôle pourtant complexe, tantôt élément perturbateur (crédible et magnifique quand elle se décrit comme croqueuse d'hommes), tantôt révélatrice des émotions ou pulsions qui nous maintiennent en vie (et quel déhanché !). Bradley Cooper est aussi épatant, complètement craqué, à la fois touchant et attachant par sa quête de voir les choses en positif. Enfin, Robert de Niro fait un grand retour dans un petit rôle qui lui va comme un gant, complètement toqué par le foot, incarnant avec brio ce père voulant souder à nouveau, via cette passion dévorante, ses liens avec la famille. Sans oublier l'excellente BO composée par Dany Elfman, contenant notamment des morceaux musicaux de Elliott Smith qui apportent un brin de mélancolie à l'ensemble.
Une comédie romantique intelligente, profonde, et libératrice, qui va au-delà des standards en faisant exploser la bulle de normalité via ses personnages qui s'acceptent tels qu'ils sont, et porté par un excellent casting.