Be my Slave, de Toru Kamei (2012) L'histoire : Une jeune femme éloignée de son époux pour des raisons professionnelles finit par se laisser guider par un homme étrange, qui la pousse à laisser libre cours à ses pulsions sexuelles les plus perverses...Évoquons d'emblée le principal handicap de
Be my Slave : son sujet rappelle (trop) fortement celui de
A Snake of June et souffre de la comparaison avec ce chef-d'oeuvre, Toru Kamei ne disposant pas du talent de formaliste de Shinya Tsukamoto. Mais une fois ce bémol mis de côté, nous sommes bien en présence d'un long-métrage à placer dans le haut du panier du
pinku eiga contemporain. Avec en premier lieu ce paradoxe propre au genre : il exploite le corps féminin en faisant de celui de ses actrices sa principale source d'attraction tout en interrogeant une thématique ouvertement féministe, à savoir la place de la femme, de ses désirs et de son identité, dans une société patriarcale où l'homme, poussé par l'importance donné au monde du travail, finit par délaisser son foyer. En somme : un retour aux sources du genre, qui rappelle certains classiques des années 1970. Et un thème en vogue, déjà remis au goût du jour par Sion Sono avec
Guilty of Romance ou Takashi Ishii avec sa relecture de
Flower and Snake.
S'il n'égale pas la force esthétique de Tsukamoto, Kamei livre néanmoins un travail soigné, qui surclasse sans peine bon nombre des productions érotiques nippones des vingt dernières années (en somme : depuis l'avènement de la vidéo). Souci du cadrage, éclairage léché et ambiance feutrée : un écrin pour cette héroïne en quête d'identité, qui paraît anesthésiée par ce monde du travail qui ne rétribue pas ses efforts. Sexuellement,
Be my Slave va loin, très loin (séance d'épilation plein cadre, double pénétration avec vibromasseurs) : Mitsu Dan, l'actrice principale, se donne corps et âme. Au delà des scènes de sexe, elle livre une excellente performance pour ses débuts à l'écran : les craintes que l'on pouvait soulever en apprenant que la superstar de l'érotisme nippon (connue essentiellement comme modèle dans les magazines) allait s'improviser actrice peuvent disparaître. Aussi bandant que dérangeant,
Be my Slave donne envie de découvrir d'autres films du cinéaste et fait attendre encore plus impatiemment
le prochain Takashi Ishii, avec Mitsu Dan en vedette.
Note : 7/10