Pacific Rim de Guillermo Del Toro
(2013)
Clairement à mes yeux le blockbuster estival que l'on retiendra de cette année 2013, en plus d'être le blockbuster le plus intéressant et plaisant que j'ai pu voir depuis Inception. Guillermo Del Toro sur un film à 200 millions, c'est vraiment le genre de projet que l'on était en droit d'appréhender dans le sens où le réalisateur aurait pu être effacé totalement derrière un projet qui le surpassait. Pourtant, à l'arrivée, il n'en est rien : Pacific Rim est bel et bien un film de Del Toro et se ressent comme tel et c'est vraiment étonnant de voir à quel point le film se démarque totalement de la majorité des grosses productions actuelles, puisqu'il ne cherche jamais à s'approprier le sujet qu'il traite, mais bien à le réinterpréter respectueusement. On se retrouve donc devant un mélange de film de mechas (forcément, on pense forcément un peu à Evangelion) et de kaiju-eiga, et clairement le film du début jusqu'à la fin se considère comme un héritier de cette culture. Certains diront simplement que c'est un délire de geek, mais Pacific Rim est réellement le genre de films que l'on aurait aimé découvrir enfant, le genre de fantasme que l'on a tous rêvé et que, jusque là, on ne trouvait que dans les animes japonais, les mangas, les jeux vidéo ou quelques films hélas limités par leur budget. La révolution de Pacific Rim est donc plus culturelle que réellement cinématographique, car le film, sans doute à cause de son budget élevé, est assez limité par un script avare en surprises et en personnages intéressants (d'autant plus dommage que Del Toro est généralement très bon sur ce point) mais on y gagne du coup sur le côté spectaculaire.
Disons le d'entrée, Pacific Rim avait besoin d'un budget aussi élevé, au point qu'il se voit toujours à l'écran, que ce soit sur les designs inspirés qui assument leur origine (contrairement donc à Transformers, qui est devenu un pur produit américanisé) ou les CGI bluffants qui jouent à fond la carte du gigantisme à tel point qu'il sera sûrement très difficile de rivaliser avec ce film pour les prochaines années. Si Pacific Rim possède plusieurs point faibles dans son récit (héros transparents, construction trop classique, etc...) il faut quand même lui reconnaître quelques très bonnes idées, notamment une approche différente du film catastrophe (notamment les conséquences, puisque le quart du métrage s'intéresse finalement au commerce de cadavre de kaijus) et un univers particulièrement riche qui donne envie d'en voir beaucoup plus. Si on ne tient pas là un film majeur de Del Toro (même s'il y a des chances qu'il soit un tournant de sa carrière), le réalisateur mexicain se permet de donner une autre vision de ce que pourrait être le blockbuster estival. Jamais tape à l’œil, jouant la carte de l'intimiste sur un bon tiers du film et possédant des combats lisibles, ludiques et jouissifs (même s'il a clairement fait mieux par le passé), Pacific Rim s'assume totalement dans sa vision du spectacle simple, mais pas forcément simpliste. Dans ce film, on ne cherche clairement pas à offrir le script de l'année, mais on ne mâche certainement pas non plus le travail du spectateur. Sans être l'idéal de blockbuster que j'attendais secrètement, Pacific Rim s'impose vraiment comme un spectacle digne de ce nom, qui ridiculise pas mal de ses concurrents (un film comme Avengers fait pitié à côté) et rien que pour ça le film trouve grâce à mes yeux.
NOTE : 7,5/10