Shining, de Stanley Kubrick (1980) L'histoire : Un homme accepte de travailler comme gardien dans un hôtel alors que celui-ci va être déserté durant de longs mois. Isolé avec sa femme et son fils, il se laisse contaminer par la folie...Un film qui m'avait marqué lorsque je l'avais découvert, à l'âge de vingt ans, mais que je revois à la baisse aujourd'hui. La faute à deux principaux écueils : une gestion du rythme parfois en dents de scie, avec des scènes étirées au-delà des limites du raisonnable sans pour autant imprimer la moindre tension (le dialogue dans les toilettes rouges, par exemple, a bien failli m'endormir), et surtout une interprétation catastrophique. Passons sur Danny Lloyd qui surjoue la peur (diriger un enfant dans une telle production doit être délicat) et arrêtons-nous sur les deux principaux interprètes, qui se révèlent abominables. J'ignore ce qui m'agace le plus chez Shelley Duvall : ses cheveux gras ? Sa tronche de poisson ? Son incapacité à tenir correctement un couteau ou une batte ? Le fait que son corps semble l'encombrer en permanence ? Non, plutôt le fait que Kubrick n'ait pas réussi à en tirer quoi que ce soit de bon même en la dirigeant à grands coups de pied dans le cul. Mais le record reste ce cher Jack Nicholson : l'époque où j'adorais cet acteur me semble désormais bien loin. Je réalise, à chaque fois que je le revois dans un film, qu'il n'est pas capable de s'effacer derrière un personnage et qu'il ne fait que cabotiner. Et ce, ici, avant même que son personnage ne pète un câble ! Avec lui, c'est la fête du slip : sourcils sous cocaïne, grimaces, gesticulations et hurlements : trop, c'est trop.
Et plusieurs détails m'agacent dans ce long-métrage, tant ils semblent ridicules, gratuits et juste présents pour perdre le téléspectateur (l'homme déguisé en ours ou la photographie finale). Je peux paraître sévère. Mais je m'attendais à reprendre une claque alors que je me suis bien ennuyé. Pourquoi cette claque, voici treize ans ? Parce que Stanley Kubrick livre son plus grand travail de mise en scène. Soucieux de montrer qu'il pouvait exceller dans ce genre peu considéré, mais alors en vogue, histoire de donner une leçon à Friedkin ou Carpenter, il n'a peut-être jamais été aussi grand. Son travail sur la composition des cadres, sa capacité à faire ressentir l'isolement et le côté labyrinthique de l'hôtel au spectateur, mais aussi à le perdre avec ses repères temporels... Sans oublier son expérimentation révolutionnaire de la steadycam. Assurément,
Shining reste un excellent film. Mais je crois bien, finalement, que je préfère l'approche de Stephen King, qui a écrit son roman avec son coeur, à celle, trop cérébrale et froide, de Stanley Kubrick. Et surtout, plus le temps passe et moins je parviens à me plonger dans un film à l'interprétation catastrophique. Pour la note, je choisis de couper la poire en deux entre celle que j'aurais donnée lors de sa découverte et celle que j'ai envie de lui attribuer à chaud, après cette seconde vision que j'aurais dû m'épargner.
Note : 7,5/10