CLOUD ATLAS++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Andy Wachowski, Tom Tykwer, Lana Wachowski (2012) |
6.5/10++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ Rhaaaaaaaaaaaaaaaaa. Frustration ! Tel est le sentiment qui m'envahit lorsque cette bobine singulière daigne m'offrir son générique de fin. Frustré parce que mon ressenti est très partagé, entre l'excitation d'avoir assisté à une oeuvre qui mêle avec fougue inspiration et audace mais également une retenue bien réelle vis à vis de certaines idées très discutables. La faute certainement à cette ambition démesurée qui est à l'origine du film et se noie quelque peu dans des parti pris narratifs très maladroits, le pire étant cette volonté de faire jouer différents personnages aux mêmes acteurs. Au lieu de lier temporellement les rôles titres par des traits physiques ou de caractères subtils, les trois réalisateurs ont préféré opter pour une simple présence physique similaire. Le résultat est balbutiant, jamais vraiment convainquant, pire parfois à la limite du ridicule, voir même de la faute de gout.
C'est dommage, parce que Cloud Atlas est de la trempe de ces films que l'on veut aimer. Parfois diabolique dans sa mise en scène, en tout cas terriblement généreux en matière d'images et d'influences, il transpire surtout d'une volonté de proposer quelque chose de nouveau. On sent dans chaque plan du film que les 3 hommes à son origine aiment véritablement le cinéma et tentent, à leur façon, de venir lui donner un petit coup de peps. En ces temps particulièrement pauvres en films originaux, il serait criminel de ne pas reconnaître à Cloud Atlas son côté, non pas novateur comme on peut le lire assez souvent, mais très personnel. Le film est littéralement habité par les univers des frères Wachowski et de Tom Tykwer, pour le meilleur mais aussi parfois, malheureusement, pour le moins bon.
C'est en effet à mon sens également l'une des limites du film, en tout cas l'un de ses points noirs, cette appartenance très marquée aux univers de ses créateurs, en particulier à celui des Wachowski. Impossible en effet de dissocier ce Cloud Atlas d'un Matrix tant les problématiques que se partagent les deux films sont similaires et parfois un peu caricaturales pour le coup, vu qu'on est un peu dans la redite. Le côté élu, peuple opprimé, est intéressant lorsqu'on le découvre, mais devient rébarbatif au bout d'un moment. Je pense que ce sentiment est aussi amplifié par l'absence d'un réel fil conducteur au récit, ce qui est assez embêtant au vu de l'idée dont s’imprègne l'histoire. Ainsi, même si on ne s'ennuie jamais pendant près de 3h, ce qui est un réel tour de force, on a tout de même du mal à saisir la finalité de cette boucle temporelle dépourvue de logique. Y en a-t-il une d'ailleurs ? A priori non, lorsque l'on voit cette fin complètement manquée que nous proposent les trois réalisateurs. Poppy et mommy Hanks-Berry viennent clore les hostilités avec une niaiserie qui ne sied guère à l'ensemble, et vient nous rappeler à quel point le film est fragile, manque d'une réelle unité pour convaincre bien plus qu'il ne le fait en l'état.
Cela étant dit, Cloud Atlas reste une expérience picturale et narrative singulière, marquée par le savoir faire évident de ses faiseurs. Sa générosité et cette envie de partage qui en émane est un bel hommage au cinéma et un joli cadeau qui nous est offert. C'est juste dommage que les trois personnalités à l'origine du projet, très marquées par leurs univers respectifs, aient fait ce choix de se baser uniquement sur la multiplication des acteurs pour étayer leur démonstration d'universalité. On finit en effet la séance avec en tête les morceaux les moins bons, qui nous sont rappelés par un générique passant en revue les différents rôles de chaque acteur. Un peu plus de subtilité aurait été appréciable pour illustrer cette conquête de l'âme sur l'univers.