Spring Breakers, de Harmony Korine (2013) L'histoire : Quatre étudiantes, lassées de leur vie monotone, braquent un fast-food afin de réunir l'argent nécessaire pour participer au « spring break » annuel en Floride...Passons sur la campagne marketing manipulatrice (pléonasme) qui vendait le film en le faisant passer pour ce qu'il n'était pas, draguant des ados boutonneuses, fans d'actrices soucieuses de casser leur image proprette, tout en caressant la fibre perverse du spectateur désireux de mater de la
teen en chaleur. Au final, seul le nom de l'auteur compte : peu connu en France, Harmony Korine, ancien scénariste de Larry Clark, a bien entendu détourné les attentes de ceux qui ne s'étaient pas renseignés sur son parcours. Ce qui l'intéresse, ici, comme toujours, réside dans le mal-être d'une jeunesse qui s'ennuie et qui, plutôt que de trouver un remède à cet ennui, ne trouve rien de mieux à faire que de se fracasser la tête. Danse, alcool, drogue et sexe... Tout pour détourner son attention du vide qui menace d'engouffrer les désœuvrés. Mais
Spring Breakers, à mes yeux, a tout d'un échec. D'une part, le film finit par épouser la vacuité qu'il décrit : les personnages épais comme du carton évoluent peu, voire pas du tout, les plages d'ennui s'étirent et contaminent le spectateur et les rares moments de grâce formelle se noient dans un tout finalement assez creux. Et ce n'est pas l'interprétation qui va sauver le tout, avec nos quatre donzelles bien entendu limitées et James Franco qui, une fois de plus, en fait des caisses... On devine que Korine a voulu offrir une expérience sensorielle, mais là encore, en dépit du talent de son chef opérateur, rien ne fonctionne : nous sommes loin, pour citer un trip récent et tout aussi coloré, d'un
Only God Forgives. Pas détestable dans ses intentions,
Spring Breakers aurait pu convaincre avec une écriture et une caractérisation plus solides. Mais sur le thème de la jeunesse désenchantée, rien de nouveau sous le soleil : dans un registre proche, je lui préfère, de très loin,
Les Lois de l'attraction. En résumé : du Bret Easton Ellis en mode fluo. Joli, mais aussi vide que la tête de ses personnages.
Note : 2,5/10