99 Francs++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Jan Kounen (2007) |
8.5/10++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ Réquisitoire acerbe contre la société de consommation à outrance, 99 Francs surprend par son côté in your face sans concession. D'un pitch de départ assez commun, Jan Kounen signe un film à part, assumé à 100%, parfois très noir, d'autres fois assez léger, mais la plupart du temps très corrosif. En ces temps de disette en matière d'originalité, c'est très plaisant de tomber sur ce genre de bobines, qui sortent immédiatement du lot pour nous convaincre malgré leurs petits défauts.
Parce que même si 99 Francs est une avalanche de bonnes idées maîtrisées, un torrent d'humour noir bien dosé et d'acteurs en pleine forme qui signent ici une prestation hallucinante, qui me ferait presque aduler Dujardin (bon, faut pas déconner quand même, mais le bougre est terrible ici, le rôle lui va comme un gant), il ne parvient pas à nuancer suffisamment son sujet et se perd parfois dans une dénonciation un peu trop facile. Mais on excusera ce jusqu'au boutisme à Jan Kounen, la générosité de son film, le boulot qu'il y abat, combleront la plupart des désireux d'un cinéma qui sort des sentiers battus. Rien que ce trip à l'américaine complètement sous acide, génial à suivre, nous file un sourire jusqu'aux oreilles et nous met dans la poche du réalisateur.
Ce qui impressionne également dans 99 Francs, c'est l'audace qu'il propose dans sa mise en scène. Très inspirée, et souvent d'une maîtrise qui force le respect (tout le final numéro 1), il dépareille terriblement dans un paysage cinématographique français qui se limite généralement à des caméras peu mobiles. Ils sont une poignée à considérer la caméra comme un moteur à part entière de l'action, et pour le coup ici, ça fonctionne vraiment. Je ne m'attendais pas à apprécier autant, j'ai même lancé le film un peu sur la réserve, bourré d'aprioris, qui se sont très vite dissipés.
En guise de bilan, si l'on peut reprocher par moment à 99 Francs son manque de nuance, que l'on peut s'interroger sur cette volonté de faire jouer 2 fins (je préfère sans conteste la première mais la deuxième fait rire), on le saura lui en ternir rigueur tant le reste est de haute volée. Une bien belle suprise que j'avais longtemps laissée de côté, de peur de me retrouver devant une énième comédie pantouflarde, la présence de Dujardin au casting me faisant bien trop douter. Et c'est tant mieux, la séance n'en fut que meilleure. 1h30 de folie visuelle non contenue qui fait du bien, vraiment.