"PAN! Et PAN!"C'est arrivé près de chez vous - 12/10 Film soit-disant documentaire suivant le parcours d'un tueur aussi sympathique que dénué de morale, "C'est arrivé près de chez vous" est un de ces bijoux de surréalisme à la belge.
Premier film pour Benoît Poelvoorde qui ne se destinait alors pas à une carrière d'acteur, ce film était à la base un travail de fin d'études auquel des scènes ont été ajoutées afin de permettre sa sortie en salle. Plusieurs acteurs ont eu la bonté d'y jouer gratuitement (comme les parents de Benoît qui par ailleurs ignoraient la réelle nature du film) et, de la même façon, le noir et blanc n'était pas un choix mais une obligation par manque de budget, ce qui au final s'est avéré une chance, en apportant un peu plus à l'ambiance générale du métrage. Le très faible budget est brillament compensé par des idées ingénieuses (comme les tripes qui sont faites de torchons pour un rendu fort réussi en noir et blanc) et des dialogues hauts en couleur.
Les scènes et répliques cultes s'enchaînent au même rythme que l'escalade de violence et l'intégration et la participation d'une équipe de tournage à celle-ci. On pouvait déjà y voir une dénonciation des dérives des médias assistant passivement à des drames toujours plus odieux, prêts à tout pour avoir des images que d'autres n'auront pas et que la curiosité des gens poussera à regarder à tout prix. Et l'on poussera ici jusqu'à la participation active de cette équipe qui après avoir été prise de sympathie pour ce salaud de Ben, passera par la peur et la remise en question en retombant de haut après la folie engendrée par l'adrénaline. Ou comment tout peut très vite basculer...
Répliques cultes je disais, parce que si tu parles de ce film à quelqu'un qui l'a vu, tu n'auras pas droit à une réplique, ni deux, ni trois, ni trente-quatre mais à tous les dialogues du film et les fans se battront presque pour sortir les meilleures les premiers. Et si tout se passe bien vous finirez par chanter en choeur la ronde de nuit, avec une flûte traversière dans le derrière, mais alors là vraiment si tout se passe bien bien.
Scènes cultes, holà j'vais pas les énumérer, autant rejouer tout le film et ils ont fait ca mieux que je ne pourrais le faire... Ca liquide dans tous les sens et de toutes les façons possibles, peu importe le sexe ou l'âge de la victime (les enfants comptent toujours pour plus de points, reviens gamin!), ca viole (une rumeur a vite circulé visant à faire entendre que la nana était une pute vraiment tringlée par l'équipe), le tout dans une humeur des plus joviales, la plupart du temps. Et ca donne même des cours pratiques et des ptits trucs pour économiser une balle. Avec en bonus une recette de coktail chic et pas cher, et concours intégré pour savoir qui paiera la tournée. De plus, public français, tu pourras y voir des belges manger des moules et on sait que t'aimes ca, une fois! Et aussi en voir un les vomir, deux fois (Qu'est-ce que t'attends, peau d'couilles? Le ressac?). Reste que, malheureusement, on ne verra jamais les nichons de Malou. Ok, ca c'est moche.
D'aucuns trouvent ce film choquant, amoral et répugnant par sa violence gratuite et sa façon de rire des situations les plus horribles... Tout-à-fait! Ce film est une perle d'humour noir, humour noir qui par définition vise à évoquer avec amusement les choses les plus abominables et les plus immorales, ce qui, selon la disposition de chacun, fera sourire et/ou provoquera une certaine gêne. Il peut également en ressortir un côté pathétique, voulu et entretenu visant à interpeller et à susciter une certaine honte chez celui qui rit de la situation pourtant malsaine. Mais l'humour est et restera après tout ce que le monde a trouvé de mieux pour supporter ses malheurs. Et le tabou c'est tabou, et le tabou c'est laid, donc le tabou... c'est tabou-laid.
J'ai vu ce film des dizaines de fois et, si je n'ai peut-être plus les crampes aux bides des premiers visionnages, j'en rirai de bon coeur à chaque nouvelle séance comme je le ferais, dans un registre plus léger, avec Sacré Graal. J'aime quand on a des couilles et qu'on ne donne pas dans la demi-mesure, là j'suis gâté
Je viens de changer de système de notation (et en changerai peut-être encore, au gré de mes humeurs... plus ou moins molles selon ce que j'ai mangé la veille) et l'applique dès à présent: Je mets 10 pour le veilleur de nuit noir (parce que c'est quand même bien fait), 10 aux couleurs (nettement moins dégueulasses que dans La Mélodie du Bonheur) et 12 au degré de secouage des coincés du dèrche.
Ce qui fait un total largement suffisant pour faire couler le corps de trois enfants, de deux nains ou d'une personne âgée aux os plus poreux.
Cette critique est dédiée à la mémoire de Rémy Belvaux, un type des plus sympathiques et des plus talentueux qui nous a vraiment quittés trop tôt. Ainsi qu'au petit Grégory, à la santé duquel je lève mon verre.
Et Hulkiss... My ass