American Pie 4, Hayden Schlossberg et Jon Hurwitz (2012)
Avec cet épisode sous le signe des retrouvailles, American Pie 4 réussit son retour là où beaucoup se sont cassés les dents, avec un script aussi bien écrit que les autres, l'un de ses secrets étant sa capacité d'adapter son sujet à son époque (la génération FB et les filles plus libérées) sans en oublier les personnages qui vivent des situations dans lesquelles on peut se reconnaître. Ainsi, des thèmes plus matures émergent comme le deuil, la vie de couple qui laisse le sexe au placard ou manque simplement de piment (les émissions de tv pour filles que le mec est obligé de se taper), le travail de merde compensé par les fêtes entre potes, les sentiments qui ne changent pas avec le temps ... L'introduction décalée indique clairement ce virage emprunté par les personnages : eux n'ont pas changé, mais leur nouveau cadre les contraint à assumer un autre rôle.
Encore une fois, heureusement qu'il y a le bon vieux Stifler pour leur rappeler ce qu'était la génération '90 et être jeune en perturbant violemment la tournure sage du film, et surtout ce que c'est d'être soi-même sans se censurer, et sans qui encore une fois la machine à gags tournerait un peu à vide. Forcément c'est un peu moins drôle que les autres épisodes tant le nouveau statut des personnages (même la traditionnelle scène centrale dénudée consiste à ne pas passer à l'acte), la nostalgie, et les pincements au coeur (ont-ils réussi la vie qu'ils imaginaient ?), prennent le dessus sur l'humour borderline avec son lot de poulettes bien montées.
Cependant, il y a quand même des séquences sacrément jouissives qui jouent beaucoup autour des codes mis en place dans la série, mettant ici plus l'accent sur la nouvelle génération et les retrouvailles (par exemple le mauvais tour que joue Stifler à une bande de petits merdeux, ou le coup de la petite voisine sexy un peu trop libérée au goût de Jim). Et quelle plus belle manière de terminer en beauté que par cette touche de nostalgie, tant cette quadrilogie a créé un véritable lien entre le spectateur et les personnages du début à la fin ? Avec en prime une apothéose libératrice où chacun se retrouve en assumant ses choix jusqu'au bout (traduction : ça nique dans la bonne humeur), et un petit message subliminal semblant indiquer que c'est à nous de prendre la relève.
Bref, une saga comique qui mérite vraiment plus que son étiquette de films pour adolescents boutonneux et/ou attardés, à la fois sexy, drôle, profonde, et touchante. Ce que j'appelle des feel good movies, qui parlent peut-être plus à la génération 25-35 ans, mais ont le potentiel de bien vieillir car ils encadrent des moments fondateurs de notre vie d'adulte (la fin du lycée, l'université, le mariage, les retrouvailles) avec une tonalité décomplexée qui fait plaisir.