par Nighthaunter » Dim 23 Juin 2013, 16:50
Bon, je vais tenter de remettre mes idées dans l'ordre et expliquer correctement ma déception. Que personne ne me lynche ou quoi, j'explique MON ressenti et mes arguments. ATTENTION PLEIN DE SPOILERS SI VOUS AVEZ PAS FINI THE LAST OF US et BIOSHOCK INFINITE.
Pour commencer, j'ai adoré The Last of Us. Vraiment, du point de vue jeu, c'est excellent.
La jouabilité est presque sans faille, c'est graphiquement splendide, j'ai pris mon pied à jouer mon Snake avec les infectés, c'est vraiment bien hard et la méthode bourrine ne marche pas (et en tant qu'Hardcore Gamer, ça fait bien plaisir), l'action est dynamique et profite des acquis des Uncharted, l'acte du Village de vacances et sous la neige déchire bien méchamment (cet effet d'adversité dans la tempête, purement génial), c'est dense et fouillé avec des tas d'items et de détails ans les niveaux, c'est vraiment classe et ça fout franchement bien la trouille parfois (genre quand on rebranche le générateur et que une horde débarque !)
Mais voilà, niveau scénario, NON, mais NON ! J'en veux à Naughty Dog pour nous faire un truc aussi attendu.
Surtout que v'là le potentiel ! Regardez l'introduction, superbe, inattendue et jusqu'au boutiste. Une grosse claque.
Et après ? Ca retombe comme un soufflé.
Un homme se voit confier la mission de convoyer un femme unique en son genre, elle est immunisé, pour sauver l'humanité par l'intermédiaire d'un groupe de révolutionnaires dans un monde à l'agonie.
Moi j'appelle ça un plagiat des Fils de l'homme. Si c'est pas ça, je sais pas ce que c'est, ça aurait été un film, tout le monde l'aurait pointé du doigt. Ellie remplace Kee, Joël remplace Théo et les Lucioles remplace les Poissons. On évolue dans un monde autoritaire, la première partie avec l'égide de l'armée et les exécutions sommaires et les révolutionnaires s'avèrent vite être des raclures. C'est juste pas possible.
Mais pour que ça se voit moins, on y a mixé La Route avec le périple dans des terres désolés avec des hommes bien plus terribles que les monstres, avec du cannibalisme et tout et tout. Joël tient d'ailleurs plus de Mortensen, un héros pas si héros. Y'a AUCUNE once d'originalité, je suis tombé de haut, j'attendais toujours du neuf dans l'histoire, du truc bouleversant et qui m'aurait foutu une claque comme l'intro, et si l'on excepte le passage dans la neige, que dalle. A un moment d'ailleurs, Naughty Dog voulait faire son Walking Dead avec le black et son petit frère, c'est super mais rien de neuf. Un personnage voit un de ses proches se transformer et doit le buter. SUPER ORIGINAL. J'ai jamais vu ça ni dans l'Armée des Morts ni dans Evil Dead. Vraiment jamais. Et il se tire une balle, rien de très étonnant, il vient de buter son petit frère et le monde a tout l'air d'être foutu alors...
Puis Naughty se reprends. Et avec le passage où Joël se fait amoché (excellent, je crois qu'on est tous d'accord sur le passage où on doit jouer Joël qui est mourant comme ça) et j'ai cru que là Naughty faisait mourir son héros et faisait prendre la relève à Ellie, ça aurait été énorme et couillu mais non. Alors le reste est génial dans ce passage mais ça aurait pu être encore plus ouf de voir le héros mort (surtout qu'il est IMPOSSIBLE qu'il ait survécu à une telle blessure mais soit).
Et on finit sur quoi ?
Ben la séquence dans l'hopital. Bien d'ailleurs, notamment quand on coure avec Ellie dans les bras comme un écho du début. C'est franchement pas mal mais ça retombe encore. Ben oui, la toute fin, c'est "Non je te jure que tu ne peux pas les aider" Générique.
Perso, je m'en fous d'avoir un boss de fin, c'est totalement superflu. Mais c'est quoi cette fin ? Tout ça pour voir Ellie vivre avec son père de substitution à l'abri ? Quel choc !
Il lui ment et laisse tomber l'humanité.
C'est LOGIQUE. Dans le sens pas surprenant du tout. On rappelle que les tarés sus-nommés des Lucioles ont un peu voulu la découper en tranche. Donc il lui évite surtout de se faire buter, ce qui est quand même la base. Et puis vous avez vu ce qu'il reste de l'humanité ? Ça vous a donné envie de les sauver vous ? Donc y'a même pas de choix moral, on s'en fout des cannibales/violeurs/gangsters/illuminés, Ellie est une fille bien et gentille on la sauve. Un choix difficile ? Les hommes qu'on croise c'est 98% de râclures, qu'ils crèvent quoi. On a passé le jeu à voir des pourris, donc c'est clair qu'on imagine mal dire à Ellie "Sisi, en fait ils peuvent guérir les autres mais ils doivent te découper en rondelles, j'ai passé quelques mois avec toi, tu m'as sauvé la vie, mais je veux être honnête, on y va, ils ont surement sorti les scalpel là".
Si en plus elle peut être une fille adoptive, double bonus. Mais rien de transcendant, rien qui m'a secoué.
Et c'est pour ça, comment comprendre la pluie de 10/10 ? Sérieusement, c'est tellement salopé dans son scénario, imaginez juste 2 secondes le scénar confié à Ken Levine, mais ça aurait tué ! Là on a un melting-pot de 3 films et c'est tout.
Mais pourquoi tant de déception vis-à-vis du scénario de The Last of Us ? Parce que dans le même temps, le dernier jeu auquel j'ai joué c'est Bioshock Infinite.
Et merde, faut pas déconner, le scénario et surtout la fin, mais c'est la chose la plus puissante que j'ai vu depuis la mort de The Boss dans MGS3.
On découvre quand même à la fin qu'Elizabeth est notre fille qu'on a abandonné parce qu'on avait plus la thune, aidé par les Lutèce qui ont ensuite été pris de remords et tente depuis des dizaines de fois de faire sauver Elizabeth et de briser le cercle, que Comstock est un embranchement de notre vie qu'on a pas suivi et qu'on nous a montré cet embranchement sans qu'on le sache durant tout le jeu. Putain mais ça, dans le genre WHAOH ! C'est pas mal ! La séquence de fin est d'une puissance inouïe sans aucun besoin de boss de fin.
La main d'Elizabeth bébé tendu vers nous avec une note de musique crève-coeur, écho à la séquence de l'enlèvement du SongBird, on comprends tout d'un coup d'un seul, tout le jeu est explosé et restructuré d'UN COUP.
Elizabeth qui met la main sur la nôtre avant d'ouvrir la dernière porte pour nous demander si nous sommes sûr pour tuer Comstock avant qu'on soit capable de comprendre qu'elle posait le regard à la fois sur son père et son tortionnaire.
Et ces mots "Il est Booker DeWitt, il est Zachary Comstock, il est les deux" et de tuer son héros en le noyant alors qu'on vient de jouer des heures avec, et en plus le joueur ne peut QUE être d'accord parce qu'on s'est tellement attaché à la fragile Elizabeth. Ça c'est de la fin qui fout sur le cul quand même !
Ensuite, on rejoue le jeu, et on hallucine, tous les détails qu'on avait pas compris comme les interventions des Lutèce ou les mots de Slate dans le Hall des Héros (fabuleux passage d'ailleurs).
Et y'a pas que la fin, le jeu déchire sans jamais aller chercher ailleurs, alors que Levine aurait pu faire un Bioshock bis dans les airs. Mais jamais, jamais l'ambiance n'est la même ni les enjeux, ni la fin, et la justification des liens entre les deux, du pur génie.
Les passages monumentaux s'enchaînent entre le Hall des Héros (Wounded Knee et les Boxers), une révolution grande nature, un futur apocalyptique terrifiant... Et ça depuis l'arrivée en capsule à tomber de beauté dans le level/character Design. Jamais Levine ne se repose sur ses acquis et cherche toujours à bâtir un truc de taré sans tomber dans le copier-coller d'autres choses. Il aurait TELLEMENT été facile de faire du Songbird un autre Big Daddy sérieux. Et les quelques trucs qui font écho à Bioshock, ça a une putain de bonne raison.
Alors non, les 10/10 de partout, c'est là qu'il aurait du être, sur le plan du jeu pur, les deux jeux déchirent grave, sur le plan du scénario, The Last of Us joue la carte de bouffer à tous les rateliers et Infinite fait du neuf, du grand, de l'inoubliable.
Je suis dégoûté qu'un jeu avec tant de potentiel narratif que The Last of Us et si magistral dans le jeu en soit réduit qu'à une succession de déjà-vu, clichés et truc attendus/prévisible. C'est du gâchis, surtout qu'en voyant l'acte sous la neige, y'avait un truc super grand à faire !