[Jack Spret] Mes critiques en 2012

Modérateur: Dunandan

Privé (Le) - 9/10

Messagepar Jack Spret » Ven 21 Juin 2013, 17:42

Le privé


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Chandler est réputé pour être celui qui a su insuffler l’âme des romans noirs au cinéma par la qualité de sa plume. Et Philip Marlowe est son égérie, fréquemment incarné par Humphrey Bogart. Mais Elliot Gould tient la route en enfilant le costume et tout ce qui s’en suit. Dégingandé et cynique, il allie à la perfection justesse du personnage et des punchlines, qui constitue la marque de fabrique du polar old school. Et lorsqu’un talent pareil se retrouve entre les mains d’un réalisateur chevronné, ça donne un petit bijou…à condition qu’il respecte l’univers très codifié de l’écrivain.

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Car Marlowe est un personnage tellement structuré par ses multiples apparitions dans le cinéma que faire table rase de tout ce qui a été fait auparavant semblait impossible. Pourtant, Altman se permet d’en faire un dépravé et alcoolique notoire, ayant pour seul compagnie nocturne un chat. C’est sûr cette brève aquarelle du détective que le réalisateur pose les bases sur lesquelles Gould jouera à la marelle durant 2 heures. Et 2 heures, c’est une belle durée pour un film de privé car dans ce genre, c’est la parlotte qui prime. Et si l’humour n’était pas largement présent au détour de répliques ou de situations, il serait facile de pouffer d’impatience et de lever les yeux au ciel tant Marlowe est un taré à la puissance 10.

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La galerie de personnages est limité au strict minimum car seuls ceux qui auront une influence directe sur le scénario et son avancement sont présents. Le gimmick musical est entêtant, enivrant et permet au spectateur de rentrer pleinement dans l’atmosphère du film. On ne voit pas le temps passé et on ne compte plus le nombre de cigarettes que Gould s’envoie à l’écran. Véritable symbole, le grattage d’allumette permet l’entrée dans le cadre du privé, sorte de transition classe et intelligente. D’ailleurs, le personnage fume tellement et à une manière tellement personnelle de le faire que lorsqu’il rentre dans une pièce, on sait d’emblée s’il s’agit de Marlowe ou non.

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The long goodbye (le titre original est tellement mieux) a donc toute la saveur d’un Chandler et l’humour d’un Altman, l’un se mariant parfaitement à l’autre sans jamais prendre le dessus. Dommage que rien depuis Le dernier samaritain ne pointe le bout de son nez et nous offre une nouvelle performance de privé hors norme.

9/10
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Kingdom of heaven (Director's Cut) - 8/10

Messagepar Jack Spret » Ven 21 Juin 2013, 17:45

Kingdom of Heaven


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Ridley Scott, je l’aime bien. Je l’aime beaucoup même. Il est tout de même à l’origine de certains des films que j’admire le plus. Il aura ma reconnaissance éternelle pour avoir adapter Blade Runner à la perfection et ses films parlant fréquemment du destin d’un seul et unique homme auquel on s’identifie rapidement. C’était le cas de Gladiator et c’est également le cas de Kingdom Of Heaven qui récupère cette aura épique et héroïque. Mais Orlando Bloom étant tellement une erreur de casting, je ne lui ai pardonné que récemment (c’est à dire hier) en regardant le film. Autant il me l’aurait vendu avec Liam Neeson en personnage principal (qui est d’ailleurs magistral malgré sa présence très réduite et qui aura fait un meilleur Robin des bois que Russell Crowe) que j’y courrais les yeux fermés, autant utiliser le hurleur de midinettes fraîchement sorti de la saga Pirates des Caraïbes m’a paru être une insulte au scénario.

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Et puis je me suis laissé aller à cette épopée guerrière fleurant bon la bravoure, l’honneur et tout ces thèmes chers au cinéaste. Et le sel a pris. Je ne sais pas si c’est le jeu quasi mutique et inexistant de Bloom qui l’a remporté mais je dois dire qu’il a su s’imposer là où je ne l’attendais pas vraiment, c’est à dire en héros vaillant et bienveillant sachant aussi bien manier l’esprit que l’épée. Même s’il aurait pu gagner en saveur épique, Kingdom of Heaven reste un spectacle saisissant, révélateur d’une envie terrible du réalisateur de brasser l’histoire dans ses grandes largeurs en la revisitant à sa manière. Même si le film fut un échec au box office américain, le reste du monde – et principalement l’Europe - l’a accueilli à bras ouverts, les Américains jalousant ouvertement notre immense histoire, encore fortement enracinée dans les mémoires aujourd’hui.

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Les batailles, sanglantes et peuplées, sont beaucoup moins foutraques que dans Robin des bois, mais moins sauvages que dans Gladiator. On y perd en lyrisme là où on y gagne en lecture. C’est pourquoi le film est à cheval entre la réussite et le ratage. Heureusement que la trame principale, mettant en scène la rivalité de deux chefs d’armées espérant récupérer le trône de Jérusalem, est lourde et suffit à nous contenter. Eva Green, la princesse rebelle, est partagée entre son devoir conjugal et son amour pour sa ville. Les personnages sont très bien écrits, parfaitement développés et le rythme est savamment distillé entre batailles féroces et questionnements moraux.

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Agréablement surpris, je ne rechignerai plus à lorgner du côté des prochaines réalisations de monsieur Scott, que le casting me plaise ou non. Et puis après tout, est-ce que faire endosser le rôle du héros à un playboy ne permet pas à nos chères et tendres de regarder enfin à nos côtés un film de guerre ?

8/10
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2012

Messagepar Moviewar » Ven 21 Juin 2013, 17:46

Version ciné ou DC ? (pour le référencement)
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Dans la peau de John Malkovich - 7/10

Messagepar Jack Spret » Ven 21 Juin 2013, 17:49

Dans la peau de John Malkovich


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Premier film et déjà Spike Jonze fait montre d’une étonnante maîtrise de son outil et nous tient en haleine sur la durée. Producteur des Jackass, acteur, scénariste, réalisateur de clips, l’éclectisme de sa carrière montre qu’il peut faire beaucoup et le faire bien. Le scénario est une petite bombe car mis entre les mains de n’importe qui, ça n’aurait été qu’une vulgaire comédie potache sans fond ni raison d’être. Dans la peau de John Malkovich porte un lourd fardeau sur ses épaules: celui d’être un film totalement barré et original qu’il surprend le public et peut le perdre en route par sa démarche.

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La question que tout le monde se pose est certainement la suivante: mais pourquoi choisir John Malkovich ? Et bien pourquoi pas ? Pourquoi justement ne pas choisir une célébrité qui n’en est pas vraiment une ? Un acteur qui joue davantage au théâtre qu’au cinéma et qui est pourtant connu par une horde de spectateurs ? Quelqu’un qui est toujours comparé à un autre par ses rôles singuliers ? Et pourtant, il est loin d’avoir un visage passe-partout. Et c’est ce qui fait qu’on se retourne dans la rue en le croisant, persuadé de le reconnaître mais ne sachant pourtant pas mettre un nom dessus.

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C’est ce que le personnage de John Cusack recherche avant tout. Ne pas sombrer dans l’indifférence et obtenir une reconnaissance mondiale de son talent. Mais le film va beaucoup plus loin que ça en poussant l’expérience de la projection mentale en tant que commerce, posant la question évidente mais pourtant taboue qui consiste à savoir combien nous serions prêt à payer pour avoir notre quart d’heure de gloire. Il est marrant d’observer que ce sont les plus paumés, les plus tristes et les plus solitaires qui viennent tenter leur chance, moyennant une mise énorme. Juste pour ressentir l’espace d’un court instant une once de célébrité et se retrouver dans un corps et un esprit qui a réussi sa vie.

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Vraiment très space, le film tient donc sur des bases solides et questionne énormément (à la manière de Brazil et son univers surréaliste et pourtant pas si fictif). La fin est malsaine à souhait et nous fait prendre conscience que jouer à être quelqu’un d’autre n’a rien de divin, ni de cool. Nous sommes ce que nous sommes et ne devons en aucun cas essayer de ressembler à quelqu’un d’autre. On appréciera le caméo complètement loufoque de Charlie Sheen en…Charlie Sheen.

7/10
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2012

Messagepar Jack Spret » Ven 21 Juin 2013, 17:49

Moviewar a écrit:Version ciné ou DC ? (pour le référencement)


Version DC :super:


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Rollerball (1975) - 8,5/10

Messagepar Jack Spret » Ven 21 Juin 2013, 17:51

Rollerball


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Du pain et des jeux ! L’univers de Rollerball pourrait très bien reprendre à son crédit le fameux slogan romain. Les êtres humains sont conditionnés à choisir le confort plutôt que la liberté. Ce choix leur est facilité par un cadre de vie idéal et la création d’un sport international appelé Rollerball. Deux équipes s’affrontent sur une piste circulaire où motards et joueurs en patins à roulettes doivent récupérer une balle métallique et la mettre dans un but aimanté. A première vue relativement simple, le sport prend tout son sens lorsque les règles changent à chaque match, et que tout les coups sont permis.

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La société corporatiste décrite par Jewison dans le film n’est autre qu’une dystopie. Une dictature prenant des airs de rêve éveillé. Chacun peut vivre dans le luxe, du moment qu’il troque sa liberté contre celui ci. Politique, économie, pouvoir et savoir sont gérés par un nombre limité de personnes. James Caan, incarnant un joueur renommé, va chercher à savoir ce qui se trame derrière tout ça. Et alors qu’il est à l’apogée de sa carrière, les cadres dirigeants vont tenter de le faire tomber. Les jeux ne sont rien d’autre que la représentation télévisuelle d’une guerre entre états voisins ou pays voisins. L’entraîneur dit lui même, à la fin du film, que ça n’est pas un jeu et que ça ne l’a jamais été. Personne n’est dupe mais tout le monde continue à regarder et à participer à ces batailles sanglantes où l’être humain est une bête féroce à l’instinct de survie démultiplié par le nombre de caméras qui l’observe.

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Entrant dans le panthéon des œuvres futuristes angoissantes à l’instar de Soleil Vert pour le personnage résistant ou La course à la mort de l’an 2000 pour le côté télévisuel et sportif, Rollerball s’inscrit dans une logique de dénonciation et de mise en abîme, la société capitaliste étant largement pointée du doigt tout au long du film. Caan trouve là un rôle à la hauteur de son talent. Seul contre tous, il porte le film et sa portée pamphlétaire sur ses épaules musculeuses et son charisme débordant lui permet de faire passer le message de façon presque subliminale. Le visionnage du remake, ne se contentant de garder que la forme plutôt que le fond, est d’autant plus inutile que l’original fait encore très bien son boulot.

8,5/10
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Starman - 8/10

Messagepar Jack Spret » Ven 21 Juin 2013, 17:58

Starman


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E.T ou Starman ? Ce choix de la société de production Columbia Pictures fait encore rêvé aujourd’hui. A quoi aurait pu ressembler E.T s’il avait été réalisé par Big John ? Y penser me procure des frissons incontrôlables en repensant à ce qu’il nous avait déjà servi en terme d’animatronique sur The Thing. Mais un énième film de monstre ne semblait pas l’intéresser. Et percer l’Amérique reaganienne par le biais d’un film de science-fiction est un défi à la hauteur de son talent, qu’il relève avec brio. Car ce qui aurait pu passer pour un banal film d’envahisseur est en réalité une véritable satire des Etats-Unis des années 80. Et Carpenter étant célèbre pour utiliser à contre-emploi les clichés (pourquoi ce putain d’extraterrestre se crashe-t-il encore en Amérique ?), Starman n’échappe pas à la règle.

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Car Starman est tout l’inverse d’E.T, à savoir qu’il ne se cantonne pas à montrer un quartier tout en prétextant que ce microcosme s’applique à la Terre entière. C’est une virée sauvage à travers les Etats-Unis. Carpenter est un Kerouac interplanétaire. Celui qui fermera la marche de la conquête de l’Ouest. Car c’est bien vers l’Ouest que le couple se dirige inlassablement, malgré les difficultés qu’ils rencontreront et les rencontres qu’il feront: rednecks pervers, flicards nourris aux westerns, personnages désabusés. La galerie typique du Far West où le voyageur solitaire et mystérieux fait son apprentissage du monde grâce à de l’auto stop.

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Jeff Bridges impressionne par son jeu tout en mimiques, en grimaces et en démarche saccadée. Son comportement autiste qui le distingue d’un véritable Terrien rend sa prestation d’autant plus difficile que tout passe par l’émotion. En effet, avant d’être un film de science-fiction, c’est une histoire d’amour entre une femme seule qui redécouvre l’amour en accompagnant le clone de son mari défunt vers un nouveau départ. Une tragédie romantique qui est lourde de sens et qui prend une proportion dramatique exceptionnelle par l’intermédiaire du fantastique (j’ai ressenti un peu le même sentiment que lorsque j’ai vu La voix des morts).

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Rebelle, le film l’est tout autant que son réalisateur. Antimilitariste, anticapitaliste (le passage à Vegas en est un bel exemple), il met en exergue les thèmes régulièrement abordés par le cinéaste. Et, en arrivant après Christine, montre que Carpenter aime traiter la romance comme un genre pouvant parfaitement cohabiter avec le fantastique. La musique rappelle les partitions des meilleurs David Lynch, toute en lyrisme et en minimalisme. Il m’aura fallu de nombreuses années avant de me décider à regarder ce film (il ne m’inspirait pas plus que ça).

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Pour tout fan du cinéma de Big John, c’est une erreur de faire l’impasse sur Starman, qui regroupe absolument tout ce qui fait l’essence même de son cinéma. Puissant, évocateur et enchanteur.

8/10
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Part des anges (La) - 8,5/10

Messagepar Jack Spret » Ven 21 Juin 2013, 18:01

La part des anges


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On est habitué à ce que le père Loach nous tire une petite larme et nous émeuve en employant un fatalisme et une réalité qu’on cherche en temps normal à fuir du regard. Mais l’émotion par l’intermédiaire de la comédie, c’est une chose qu’il n’a tenter que très tard. Et grand bien lui en fasse car l’entrée en matière est plutôt excellente et permet au cinéaste non pas de jeter un regard neuf sur la société et les maux qui la ronge, mais d’emprunter une nouvelle voie et d’adopter une nouvelle liberté de ton, tout en gardant les thèmes qui lui sont chers.

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Et la jeunesse désœuvrée, le réalisateur aime en découdre avec elle. Principaux acteurs de la vie civile, reflétant le niveau socio-culturel de chaque ville sur laquelle Loach jette son dévolu (les rebelles du film sont tout de même relativement primitifs dans leur façon de gérer les conflits), les marginaux ont ce brin de nostalgie qui les caractérisent et qui en font des personnages intéressants, plus proches de la réalité que le commun des mortels. Mais malgré leur envie d’être différent et de s’émanciper par leur propres moyens (les études passent à la trappe), ils cherchent à atteindre un niveau social semblable à un citoyen lambda, tout en prenant un chemin détourné. Seraient-ils pour Ken Loach les derniers survivants de l’aventure humaine, refusant la norme et cherchant la difficulté dans la facilité ?

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Ça peut paraître bizarre à première vue de s’attacher à des délinquants de bas étage, surtout lorsque ces derniers représentent la lie de la société. Cette scène où Robbie, alors tout jeune père, se voit confronter à la personne qu’il a agressée, acte qui lui a valu un séjour en prison. Une scène déchirante et criante de vérité, mais qui nous évite d’oublier la nature profonde de ces êtres perdus et tourmentés. Car même s’ils sont drôles, que leur compagnie est agréable et que l’on cherche à tout prix à leur trouver une rédemption quelconque, n’oublions pas que tout au long du film, leurs actes sont répréhensibles par la loi. Et si c’était cet amour de l’interdit qui nous les rendait sympathiques ?

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Qui plus est, le film nous montre un monde élitiste mais qui reste tout de même intéressant pour l’esthète qui sommeille en chacun de nous: le monde du whisky. Les Écossais sont évidemment d’éminents connaisseurs de la chose et c’est d’autant plus plaisant de les entendre se gargariser de termes inconnus qui font saliver le palais à leur entente. Jamais lourdaud, toujours drôle avec cette pointe de sensibilité qui fait que l’on tient une excellente cuvée. Il mérite amplement son Prix du Jury à Cannes.

8,5/10
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Chasse : Cruising (La) - 8,5/10

Messagepar Jack Spret » Ven 21 Juin 2013, 18:04

Cruising


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En pleine lumière après un passage chez Coppola et Lumet, Friedkin s’enquit de la présence charismatique d’Al Pacino pour interpréter un rôle ambivalent qui marque les esprits: celui d’un flic sous couverture dans le milieu SM gay traquant un tueur d’homosexuels. Pas besoin de dire qu’il s’agit donc d’un film éprouvant a bien des égards: scènes rudes, atmosphère oppressante et ambiguïté des personnages. Le réalisateur cherche à nous maintenir dans un état de concentration totale pour nous montrer uniquement ce qu’il a envie qu’on voit. Ce qui rend notre compréhension du final d’autant plus dérangeante et incertaine.

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Le passe-temps favori de Friedkin est de sonder l’esprit humain afin d’en retirer le plus vil, le plus dégradant, ce qu’on cache au fond de nous et de l’étaler sur pellicule aux yeux de tous. Multipliant les questionnements sur la sexualité, la connaissance de soi et de sa personnalité, de ses désirs et de la faculté à les assouvir, le film se transforme en une photographie d’un New York méconnu où le milieu gay tenait une place à part dans le monde de la nuit. Des libidos exacerbées se libérant sur la piste de danse aux scènes les plus fétichistes, le réalisateur ne nous épargne aucun détail de cette vie intense et suffocante. Le film n’aurait pas pu avoir meilleur titre. Cruising (la drague dans le milieu homo) représente parfaitement les différentes facettes du film: Pacino doit chercher à s’imprégner d’un monde qu’il ne connaît pas et de se faire passer pour l’un des leurs afin d’attirer le tueur dans son filet tandis que ce milieu l’influence dangereusement jusqu’à mettre en péril son couple.

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Car sous l’éclat du polar underground se cache une ombre social où l’idée du couple idéal vacille sous le dédoublement de l’identité sexuelle du personnage d’Al Pacino. Sa femme ne le reconnaît plus et lui perd progressivement son envie d’elle, alors qu’elle était au début de l’enquête sa seule bouée pour éviter de sombrer dans le monde cuir/moustache, lorsqu’il bafouait la règle de la couverture totale en retournant chez lui lui faire l’amour et ainsi se libérer de ses pulsions trop longtemps refoulées. A quoi pense Al Pacino lorsqu’il couche avec sa femme ? Peut-on à ce point en s’immergeant complètement dans une autre sexualité, changer la nôtre ? C’est en cela que la fin est ambiguë et laisse le spectateur sur le carreau, laissant libre cours à son imagination perverse et créative.

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Un film qui reste en mémoire et qui a le mérite de montrer, aussi crûment soient-elles, des choses que l’on ignore et auxquelles on ne s’intéresseraient pas si elles ne nous étaient pas montrées par un réalisateur de génie. Saisissant !

8,5/10
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Police contre syndicat du crime - 9/10

Messagepar Jack Spret » Ven 21 Juin 2013, 18:07

Police contre Syndicat du crime


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De Fukasaku, je n’ai vu que les deux premiers Battle Royale. Et même si la violence y était déjà omniprésente, ça serait réduire son talent que de penser qu’il n’est capable que de ça. Même si Police contre syndicat du crime est l’un des derniers d’une longue lignée de films mafieux dont il est l’auteur, il n’en reste pas moins un petit bijou. Polar musclé alimenté par une mise en scène au plus proche de l’action et une galerie de personnages parfaitement dessinés, le film domine par sa capacité à faire jouer la corde raide de la morale. La frontière entre mafia et police est extrêmement floue et c’est dans une densité scénaristique rare que l’on retrouve ceux qui sortiront du lot et aux quels on pourra facilement se raccrocher tout au long de l’œuvre.

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J’ai rarement vu un film de yakuzas aussi réalistes et qui semblent aussi bien documenté. Fukasaku ressemble étonnamment à un Scorsese asiatique lorsqu’il s’agit de décrire la mafia et leurs fonctionnements. Honneur, trahison, règlements de comptes et fusillades, l’action est propice au réalisateur afin de plonger dans la noirceur de ses personnages et faire montre d’un étalage de violence, que ça soit dans les meurtres ou les actes sexuels. On passe de plans magnifiquement cadrés (une habitude dans le cinéma asiatique) à un bordel sans nom où la caméra virevolte dans tous les sens, véritable personnage au cœur des bagarres. Un film dense qui semble faire le récapitulatif de tout ce qui compose son cinéma. Il me tarde à présent de découvrir les autres.

9/10
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Expendables 2 : Unité spéciale - 9,5/10

Messagepar Jack Spret » Ven 21 Juin 2013, 18:10

The Expendables 2


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Si Simon West mettait fin à sa carrière dès aujourd’hui, il la terminerait aussi bien qu’il l’a commencé (Les ailes de l’enfer, c’était quelque chose !). Si The Expendables faisait déjà renaître de leurs cendres les stars d’action déchues de nos eighties chéries, le second opus fait planer leurs ombres incandescentes sur le 7ème art et inonde nos cœurs d’un feu miraculeux. Un feu purificateur, qui brûle tous les souvenirs des daubes qu’on a pu voir jusqu’alors. Une terre brûlée des actionners du pauvre. Et l’Attila du bourrinage n’est autre que Stallone.

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On s’en fout qu’ils se sentent obligés de montrer les viles actions des Chinois avant que la horde sauvage attaque, comme pour justifier le bain de sang et garder l’image de l’Américain conquérant et libérateur. On s’en contrefout que tout le budget soit passé dans les explosions et les fusillades, et que les décors sentent le carton-pâte. Du moment qu’on prend son pied ! Et la dream team l’a bien compris. Offrir un spectacle bigger and louder que le prédécesseur. Ce qui n’est pas chose aisée tant The Expendables, premier du nom, plaçait haut la barre dans l’action à l’état cristalline. Et cristallin est bien le mot tant le sang coule à flots. Mais un sang pur et innocent, celui dont on sait qu’il est faux. Celui qui, par hectolitres versés, perd de sa superbe vitalité mais se transforme en ambroisie pour qui s’en épanche.

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Et ses dieux qui ont tant bercé notre jeunesse, tous réunis au panthéon des stars balbutiantes mais charismatiques, sont présents à l’écran et ont chacun leur quart d’heure de gloire. A commencer par Chuck Norris qui est la cible de moqueries de la part du monde entier (mais qui semble le prendre très bien), ou Jean-Claude Van Damme qui se pose en prophète guerrier philosophe. Leur présence est rassurante car ils incarnent tout ce qu’on aime chez ses bad boys: leur humour second degré autant que leur cynisme, leurs muscles saillants autant que leur vaillance, leurs forces démesurées autant que leurs faiblesses humaines. Si Shakespeare était encore vivant, il vanterait les mérites de ces guerriers inhumains, acteurs élevés au rang de mythes, dont les légendes abreuvent nos souvenirs cinéphiliques.

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Ça tue, ça plaisante, ça explose, ça se vanne, ça déchiquète et ça pleure. Le public s’émeut autant que les personnages du film. Public agréablement composé de nombreuses femmes qui sont venus chercher, telles de pauvres hères impies, une signification à l’écume entourant les lèvres de leurs conjoints lors de l’approche de la sortie en salles du film. Vu leur sourire béat et la flamme divine dans leurs yeux, nul doute qu’elles ont trouvé la réponse à leurs questions. Longue vie aux guerriers !

9,5/10
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Abraham Lincoln : Chasseur de vampires - 2/10

Messagepar Jack Spret » Ven 21 Juin 2013, 18:15

Abraham Lincoln: tueur de vampires


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Les uchronies, c’est une idée formidable lorsqu’elles sont intelligentes et apportent leur pierre à l’édifice de l’Histoire. De nombreux écrivains ont pondus de fabuleux romans en utilisant ce procédé (je vous recommande d’ailleurs Le maître du haut-château de Philip K. Dick) Mais lorsqu’elles sont au service d’un scénario à la ramasse et d’un réalisateur dont la seule mention au générique me provoque des crises d’hilarité (Wanted quand même, qui valait uniquement le coup d’œil pour le plan sur les fesses d’Angelina Jolie), on ne peut qu’aligner 8€ pour la séance en gardant à l’esprit qu’on s’en va voir une comédie et non pas un film sur la vie secrète d’Abraham Lincoln, chasseur noctambule de nyctalopes assoiffés d’hémoglobine.

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Le pire n’est pas tant la nullité de la chose, mais que les acteurs décident d’utiliser leur vrais noms au générique. Bekmambetov est une véritable moulinette à carrières: tous ceux qui figurent dans l’un de ses films ne figureront dans aucun autre (intéressant j’entends). D’ailleurs, Tim Burton semble vouloir mettre fin à la sienne car il apparaît comme producteur du navet. Sérieusement, Tim, si tu sais pas quoi faire de ton argent, je peux t’envoyer un RIB. Mais ne plaignons pas le pauvre bougre, il a vu de la fumée et il est rentré. Car de la fumée, tu t’en prends autant qu’en discothèque ou dans l’incendie d’une usine de pneus. Le budget doit être tellement minable qu’il nous leurre l’arrière plan et nous montre uniquement, pour toutes les scènes d’actions à partir de la moitié du film, des silhouettes découpées dans la pénombre et la fumée.

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Les scènes d’action, parlons-en ! Je pense que le réalisateur devait faire du break-dance en tenant sa caméra pour filmer des plans aussi improbables. Mais le pire n’est pas le contenant mais le contenu: entre un vampire qui invente une nouvelle discipline olympique (le lancer de cheval mesdames et messieurs !) ou Lincoln (simple hère humanoïde dans un monde peuplé de vampires rappelons-le !) qui fait du parcours d’obstacles sur des canassons au galop, je pense qu’on tient là une scène qui fera date dans l’histoire du cinéma. Le genre de scène que l’acteur principal va s’empresser de noter dans son CV en caractères gras. Je croyais qu’on atteignait le sommet de la connerie dans Wanted mais sur le mont Olympe de la déchéance cinématographique, Timur est venu en rajouter une couche.

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Les acteurs, en plus de se demander pourquoi ils sont venus jouer dans cette daube intergalactique, alignent les répliques foireuses les unes après les autres. Il faut les entendre discuter, ça en devient presque gênant pour eux. Mais Timur pousse même la manipulation du temps jusqu’à faire vieillir parfaitement le personnage de Lincoln (il passe de 26 à 50 ans dans le film) sans se soucier des personnages secondaires ! On se retrouve avec son pote black qui n’a pas pris une ride, sa femme qui peut encore draguer les minots de 20 ans sans problèmes et le pote boutiquier de Lincoln a qui on a juste rajouter une barbe, semblable à celle du président, mais en version grise (la noire était déjà prise). D’ailleurs, quand on y regarde de plus près, on se rend compte que le pays est tenu (et fondé aussi !) par un tueur de vampires, un ancien esclave et un marchand (vous me direz, ils ont bien eu Ronald Reagan). Normal qu’ils se prennent une branlée par les Sudistes après !

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Bref, je pourrais en parler des heures mais j’ai d’autres chats à fouetter et je ne voudrais pas vous gâcher le plaisir qui s’offre à vous si, dans un élan de pure générosité, vous voudriez laisser 8€ dans la poche de ce bon vieux Timur. A votre bon coeur !

2/10
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Revenge - 10/10

Messagepar Jack Spret » Ven 21 Juin 2013, 18:19

Revenge


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Avant de voir Revenge, mon film préféré de Tony Scott était sans contexte True Romance. Mais la véritable romance, celle forgée dans l’amour et la souffrance, dans les rires et les larmes, c’est celle dépeinte dans ce film. Scott est un romantique derrière sa carapace de dur à cuire. Celle là même qui lui permet de créer des œuvres dotés d’une puissance visuelle rare (le plan final montre qu’il a un œil averti) et qui, parfois, rapproche son travail de celui de son frère (toutes proportions gardées).

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Battu comme plâtre lors de sa sortie, Revenge est un film sous-estimé et incompris qui trouve son public bien plus tard. Le réalisateur, accusé de livrer une œuvre sans aucunes saveurs, se voit bouder par les plus grands magazines. On est en droit de se demander si les critiques qui fustigeaient le film à sa sortie dans des papiers bien éloignés de l’éloge ne remplissaient pas le cotât handicapés à la projection-test, aveugles manchots incapables de se rendre compte de la perfection d’une œuvre, jalousant secrètement le père Scott pour avoir pondu pareil joyau.

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Car j’ai rarement vu une histoire d’amour si réaliste, si passionnée et si bouleversante. D’une part, on retrouve parfaitement le début d’une alchimie entre les personnages dans les regards échangés, la prise de contact et le rapprochement des corps. D’autre part, les scènes de sexe, en plus d’être filmées de main de maître, sont excitantes et rappellent aisément notre première fois avec l’être aimé. Kevin Costner et Madeleine Stowe est le choix le plus intelligent et le couple le plus glamour que j’ai vu au cinéma. Outre la romance, l’aspect western cher à l’acteur principale est présent la moitié du métrage, oscillant entre l’étranger arrivant dans une ville inconnue et la vengeance expéditive du même étranger (oui, le titre a tout de même a un rapport à une vengeance).

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Un film à voir et à revoir en hommage au cinéaste qui livre avec Revenge sa plus belle réussite, le film compilant tous les thèmes qui traverseront de part en part sa filmographie.

10/10
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Sam 22 Juin 2013, 09:40

Version ciné ou DC pour Revenge ?
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2012

Messagepar Jack Spret » Sam 22 Juin 2013, 09:49

C'est la version ciné :super:


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