Lesson of the Evil, de Takashi Miike (2012) L'histoire : Seiji Hasumi est un enseignant apprécié de ses collègues et de ses élèves. Séduisant, pédagogue, serviable : il a tout pour plaire. Mais il s'agit en réalité d'un tueur en série...Et dire qu'après avoir vu près de trente films de Takashi Miike, le bonhomme continue de me surprendre. Pas étonnant que je poursuive l'aventure, malgré certains longs-métrages dont le visionnage, parfois avorté, s'est apparenté à une torture. Je commençais à le trouver trop sage, trop
mainstream, comme si la hausse de ses budgets et ses sélections cannoises, ou l'âge tout simplement, l'avaient javellisé. Erreur de ma part ! Après l'adaptation neuneu d'un jeu vidéo (
Ace Attorney) et une comédie musicale bien cucul (
For Love's Sake), le voilà qui revient aux sources et livre une pelloche complètement dingue. Comme pour dire à ce cher Sion Sono, qui commence à s'imposer comme
le cinéaste japonais du moment :
"Hey mon pote, ce que tu fais, je l'ai fait avant toi et je peux aller encore plus loin."Pourtant, pendant une heure environ, on se retrouve en présence d'un film assez sobre. Du moins, vu son sujet, le traitement opéré par Miike apparaît comme bien sage. On suit cet enseignant propre sur lui, trop parfait et, tout comme l'un de ses collègues et l'un de ses élèves, on se méfie... On se doute que cette apparence proprette cache quelque chose et on a bien raison : l'homme se révèle moins lisse, manipulateur et n'hésite pas à coucher avec l'une de ses élèves. Puis il assassine ceux qui se mettent en travers de son chemin et menacent de le démasquer, avant de faire disparaître leurs corps. Rien de trash à l'écran, malgré tout... On se dit alors que Miike, niveau violence, s'est calmé. Peut-être cherche-t-il à livrer un portrait sobre de cet homme, sans jamais s'appesantir sur les origines psychologiques de la folie. Et, tant qu'à faire, pourquoi ne pas radiographier le monde lycéen ? D'autant plus qu'il dispose d'un casting de jeunes acteurs particulièrement brillants. A tel point que l'on pense, parfois, toute proportion gardée, à
Battle Royale.
Et soudain le film bascule dans l'exploitation, la folie gore : on tient ici le film le plus violent de Takashi Miike depuis
Ichi the Killer. Au diable la psychologie, on se retrouve avec un
first person shooter, avec ce professeur bien décidé à dégommer chaque élève de son lycée à coups de
shotgun. Le réalisme s'efface au profit d'un jeu pervers : Miike surprend en poussant le bouchon toujours plus loin et rappelle, là encore (mais j'insiste
toute proportion gardée) l'ultime film de Kinji Fukasaku. Et techniquement, les progrès en terme de mise en scène annoncés par
13 Assassins se confirment.
Lesson of the Evil : un film de Miike comme je les aime, qui ne cesse de surprendre le spectateur et de l'emmener dans des territoires inattendus...
Note : 7/10