par Scalp » Mer 12 Juin 2013, 16:21
7/10
Shanghai Blues de Tsui Hark - 1984
Après Zu ( qui fut un échec et qui est des films les plus surcoté de Hark, mais bon il reste regardable par rapport à sa suite atroce) et sa participation en tant que yesman à Mad Mission, Hark se rend compte que c'est toujours les mêmes films qui sont fait à HK et il décide donc de créer son propre studio ( Workshop ) pour avoir les pleins pouvoirs quitte à ne faire qu'un seul film. Et ce film sera une comédie romantique, genre dans lequel on attendait pas du tout Tsui Hark et contre toute attente il s'y montrera très à l'aise. Ici il décide de rendre hommage à l'âge d'or d'Hollywood et le pari est plutôt réussit, même si j'ai pas forcément un gout très élévé pour ce genre de film, je ne peux en nier les qualités.
Une nouvelle fois Hark instaure un sous texte social ( ici la rétrocession était signée et il fait un parallèle avec la Chine d'après guerre et juste avant l'arrivée de Mao au pouvoir ) mais c'est avant tout une comédie avec du burlesque, du vaudeville, de screwball comédie, de la danse ( par contre les chansons dans le film c'est clairement pas une grande réussite de même que les chorégraphies ) et même comme souvent avec Hark un aspect un dramatique ( bon ici c'est plus soft que The Lovers ) où la nostalgie a la part belle, et Hark sait manier la rupture de ton comme personne, il le montrera tout au long de sa filmo.
On suit donc 2 personnages qui se perdent de vue, se retrouvent mais ne se reconnaissent pas et c'est partit pour 1h30 d'aventure rythmé avec des personnages naïfs, maladroits ou malchanceux, on rigole (un peu) et le sens du rythme de Hark fait ici des merveilles, de plus il met son sens du cadre au service de son film et nous sort donc pas mal de super plans bien chiadés.
Hark aime les femmes fortes ( on en croise dans 90% de ses films ) et les triangles amoureux sont souvent au coeur de ses intrigues et Shanghai Blues ne déroge pas à la règle et comme souvent Hark ne fait pas dans le happy end tout fade, bon ici bien sur que le couple finit ensemble mais Sally Yeh a perdu sa naïveté (avec beaucoup de dignité).
Les scènes de comédies c'est du vaudeville et c'est vraiment un truc que j'aime de moins en moins avec le temps, mais la séquence de cache cache dans l'appartement est un grand moment où le sens du montage et la gestion de l'espace font des merveilles, tin le timing de cette séquence c'est un truc de fou !! . Et on y retrouve certains mouvement très rapide d'appareil made in Tsui Hark, chose qu'on a pas trop l'habitude de voir dans une comédie. Et puis c'est beau, tout simplement beau, les retrouvailles nocturne c'est un truc qui ferait chialer n'importe qui.
La reconstitution cheap de Shanghai en studio donne un certain charme au film et Hark compense les décors en studio par une multitude de figurants, le film grouille de monde à chaque scène de rue.
Finalement le film a un coté intemporel, c'est le genre de film qui ne vieillira jamais, il est de 1984 et il pourrait très bien sortir aujourd'hui que ça changerait pas tant que ça sur la forme, bon sur le fond on aurait ptet une révolte des excités de Twitter car on a un blackface.
Le casting est emmené par une Sally Yeh qui est ici bien plus expressive que dans The Killer puisque c'est elle qui assure toute la partie comédie visuelle du film et elle ne lésine pas sur les grimaces et le fait avec un talent que je ne lui connaissait pas, Kenny Bee en acteur principal est pas trop mal mais je suis pas très fan de l'acteur et on va dire qu'il fait juste le boulot et encore c'est parce que j'ai pas envie d'être méchant avec lui et que je me suis tapé Double Team juste avant, par contre Sylvia Chang c'est quelque chose, surprenant que sa filmo se soit pas plus riche en rôle marquant.
James Wong signe une magnifique BO comme à son habitude ( et le film lui doit beaucoup ), les thèmes jazzy sont à tomber juste dommage que ça chante quoi.
Ce film ouvre les portes à 10 ans de succès publique et critique pour Tsui Hark et ses productions, la Workshop va révolutionner le cinéma local et mondial pour le plus grand plaisir des cinéphiles. Et un film qui prouve que Tsui Hark ne s'enfermera jamais dans un seul genre.
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