Keoma, d'Enzo G. Castellari (1976) L'histoire : Revenu de la guerre, un homme d'origine indienne retourne dans la ville de sa famille d'adoption. Celle-ci est dévastée par la peste et sous le joug d'un riche propriétaire terrien...Le psychiatre : Mark, je suis surpris de vous revoir en consultation.
Mark Chopper : J'ai peur d'avoir replongé, Docteur.
Le psychiatre : Vous voulez dire que...
Mark Chopper : Oui, j'ai peur d'être redevenu aigri.
Le psychiatre : Après six mois d'abstinence ?
Mark Chopper : J'ai merdé, j'ai fait une entorse à mon régime.
Le psychiatre : Qu'est-ce que je vous avais dit ? Partez en vacances, réduisez votre consommation, ne regardez que des films qui vous font envie, même si personne ne les connaît...
Mark Chopper : Oui, mais hier soir j'ai fait une crise de loganite aiguë.
Le psychiatre : Mon Dieu... Vous avez décidé de critiquer un film du
top 200 ?
Mark Chopper : Oui, j'ai maté
Keoma.
Le psychiatre : Et vous l'avez trouvé mauvais ?
Mark Chopper : Non, c'est pas mal. Mais juste pas mal. Certains lui mettent 10 !
Le psychiatre : Et vous ?
Mark Chopper : 6,5... Ce qui veut dire que je le note moins bien que Zack. Même Alegas lui met plus que 7 !
Le psychiatre : Une sacrée rechute, en effet ! Parlez-moi des points positifs.
Mark Chopper : L'histoire est classique pour un western spaghetti, avec cet homme qui revient foutre la merde dans une ville dirigée par un riche propriétaire. Mais Castellari a réussi à lui donner une teinte fantastique, voire post-apo avec toute cette poussière... L'ensemble aurait pu paraître ridicule, mais non. C'est classe. Certains cadres sont épatants.
Le psychiatre : Et l'interprétation ?
Mark Chopper : Atroce. Franco Nero, ridicule avec sa dégaine de hippie, semble tout droit sorti de Woodstock. Il balance des stupidités avec le plus grand sérieux et un air ahuri comme
"A quoi bon vivre ?" ou
"Je t'imaginais capable d'affronter un ours ou bison". Et ça n'arrête pas...
Le psychiatre : Et les autres acteurs ?
Mark Chopper : Par charité, je ne parlerai pas des méchants qui jouent comme des truies. Zéro charisme.
Le psychiatre : Votre note me paraît sévère, malgré tout.
Mark Chopper : Il y a ce sous-texte christique asséné avec la finesse d'un marteau-piqueur. Cette femme enceinte d'un homme qui refuse de la toucher, cette crucifixion symbolique, cet accouchement dans une étable. Je m'attendais à voir débarquer les Rois Mages ! Je n'ai pas été très surpris par cette conclusion...
Le psychiatre : Et la musique ? C'est l'un des grands points forts du genre.
Mark Chopper : Atroce ! Des chansons en anglais qui surlignent les scènes. Dont une qu'on entend sans arrêt ! Depuis hier, je l'ai dans la tête comme si j'avais entendu du Christophe Maé.
Le psychiatre : Ecoutez, ce n'est pas aussi grave que vous le pensez.
Mark Chopper : Vraiment ? Je repense à ces flash-backs, avec ce gamin et sa coupe de cheveux ridicule et j'en souffre. Sans parler de cette tonne de ralentis ! On dirait une parodie de
La Horde sauvage...
Le psychiatre : Ce qu'il faut, c'est éviter une autre crise de loganite aiguë.
Mark Chopper : D'accord.
Le psychiatre : Fuyez le top 200. Restez sur vos films de yakuzas que personne n'a vus, ça vous rappellera vos vacances au Japon et vous mettra de bonne humeur.
Mark Chopper : Je risque de me lasser...
Le psychiatre : Alternez avec un polar HK de temps en temps. Quelques Johnnie To ou Ringo Lam pourraient vous faire du bien.
Mark Chopper : Je ne sais pas...
Le psychiatre : Mais si !
Mark Chopper : J'espère que vous avez raison, Docteur.
Le psychiatre : L'avenir nous le dira.
Note : 6,5/10