Incassable de M. Night Shyamalan
Synopsis: Elijah Price souffre depuis sa naissance d'une forme d'ostéogénèse. S'il reçoit le moindre choc, ses os cassent comme des brindilles. Depuis son enfance, il n'a de cesse d'admirer les superhéros, des personnages qui sont tout l'opposé de lui-même. Propriétaire d'un magasin spécialisé dans les bandes-dessinées, il épluche pendant son temps libre les vieux articles de journaux à la recherche des plus grands désastres qui ont frappé les Etats-Unis. Il se met alors en quête d'éventuels survivants, mais y parvient rarement. Au même moment, un terrible accident ferroviaire fait 131 morts. Un seul des passagers en sort indemne...
Avec une bande annonce qui mériterait l'oscar du teaser le plus excitant jamais vu, le réalisateur de l'excellent 6ème sens était attendu au tournant, surtout après le succès critique et artistique de ce dernier. La barre était placée haute, mais l'auteur réussit près d'un an après son 1er coup de maitre, à signer un 2nd chef d'oeuvre. Alors, le film divise, déçoit certains, c'est un fait. Mais le film apparait aujourd'hui, 8 ans après sa sortie, comme la pièce maitresse de l'oeuvre de Shyamalan. Il faut dire que ce dernier a énormément déçu ces dernières années, surtout avec un village franchement moyen et une jeune fille de l'eau tout simplement désastreuse (il faut espérer que l'auteur se resaississe avec son prochain "the happening"). Car à la vision de cet incassable, une évidence saute aux yeux: l'auteur est capable d'une maitrise absolue tant scénaristiquement parlant que visuellement. Alors oui Shyamalan réinterprète le mythe du super héros avec une sobriété, une simplicité, une délicatesse hors du commun. Si l'auteur bénéficie d'un don, c'est bien celui là, celui de faire apparaitre le surnaturel dans la vie de tous les jours, sans jamais sombrer dans la surenchère. Le film repose donc sur un scénario solide, "réaliste", tout en se payant le luxe de manipuler le spectateur. Mais attention, là où certains films usent et abusent de détours scénaristiques pour semer le doute, Shyamalan ne joue pas avec le spectateur. Ainsi, toutes les pièces du puzzle sont disséminées tout le long du métrage, c'est simple, l'auteur ne cherche jamais à duper. C'est ainsi qu'on redécouvre le film une seconde fois sous un tout nouvel angle, et qu'on se dit "mais c'était tellement évident!". En ce sens, si le twist final est prévisible (et encore), c'est tellement bien écrit qu'on en ressort tout retourné. L'auteur, tel un magicien, se contente de détourner l'attention jusqu'à la révélation finale. L'histoire restera sobre du début à la fin et le mystère intact, et permettra au film de ne jamais sombrer dans le ridicule, car il ne faut pas l'oublier, il s'agit d'un film de super héros. Film de super héros d'auteur donc, mais suffisamment malin pour ne jamais sombrer dans le contemplatif (vide). Si l'histoire se montre résolument sobre, le film est servi par une réalisation et une bande son tout simplement classe et l'auteur réussit à enchainer des séquences géniales. Shyamalan s'amuse, joue avec les couleurs, les reflets et permet au personnage de Samuel L. Jackson d'envahir l'écran parfois sans même y figurer et ainsi renforcer le contraste qui existe entre lui, et le personnage de Bruce Willis. A ce sujet, il faut croire que la présence de ces 2 acteurs est toujours gage de bons films (pulp fiction ou encore die hard 3) tant le duo se révèle efficace et en parfaite harmonie. Les acteurs sont donc excellents, et j'avoue avoir un petit faible pour Bruce Willis qui est l'un de mes acteurs favoris, tant il est charismatique. L'acteur est d'autant plus impressionnant qu'il s'éloigne du personnage de 6ème sens et ainsi, permet d'éviter d'avoir l'impression que l'on se répète. Alors, finalement, avec toute l'objectivité dont je peux faire preuve, je n'arrive pas à trouver le moindre défaut à cet excellent film, pour moi la plus belle réussite de M. Night Shyamalan. Dans ce cas là, je ne vois pas de raison de ne pas lui attribuer la note maximale.
De la naissance du héros, jusqu'à son costume, l'auteur réinvente le mythe du super héros, en slalomant entre les clichés du genre. La grosse claque. Dommage que le film soit un peu oublié aujourd'hui...
10/10 car quand même, ce film, c'est la très grande classe.