Et encore un excellent film de la part de Tarantino qui s'amuse de nouveau à s'attaquer à un genre codifié pour à la fois lui rendre hommage et le dynamiter de l'intérieur. Après le film de guerre avec
Inglourious Basterds, Tarantino se lance cette fois-ci dans le western, genre qui a toujours eu une place plus ou moins importante dans ses influences, notamment dans le second volet du diptyque
Kill Bill. On se retrouve donc avec un métrage dont la qualité n'est plus à prouver, qui passe admirablement bien le cap de la revision, et surtout qui s'impose comme l'un des films de son auteur où les influences sont le mieux digérées, au point d'être difficilement visibles à première vue. Alors certes, on pensera forcément à
Once upon a time in the West au détour d'un plan, ou même à
The Wild Bunch lors des déluges de violence, mais le fait est qu'on est avant tout l'impression d'être vraiment devant un film de Quentin Tarantino. Le récit, clairement divisé en trois parties bien distinctes, se révèle être bien plus une réflexion sur le jeu d'acteur au sein d'une dramaturgie presque théâtrale (cela en devient presque évident lors du dîner à Candyland, ainsi que sur l'évocation de Siegfried) qu'un véritable western dont il ne garde finalement que l'apparence, avec notamment une amitié qui rappelle beaucoup le cinéma de Peckinpah.
On notera aussi, entre autres, un propos sur la condition noir qui se révèle être finalement plus un outil narratif qu'autre chose (comme pouvait l'être l'utilisation du langage dans
Inglourious Basterds) et attaquer le film sur son soi-disant message est finalement un acte hors-propos,
Django Unchained étant avant tout une pièce de cinéma qui se contente de contenter et de surprendre son spectateur. Si le dernier acte paraît un peu plus facile que le reste, il faut néanmoins noter à quel point le film de Tarantino enchaîne les séquences cultes, entre une évocation très drôle du Klu Klux Klan, toute une partie à Candyland qui respire l'écriture intelligente ou encore un gunfight visuellement très étonnant,
Django Unchained a clairement de quoi faire plaisir à n'importe quel cinéphile un tant soit peu adepte des délires maîtrisés du cinéaste américain. Rajoutons à cela une réalisation soignée, un casting où le moindre second rôle livre une de ses meilleures performances (Jamie Foxx évidemment, mais aussi Christoph Waltz dans un rôle très touchant, et enfin DiCaprio dans un rôle ultra jouissif) et une bande-son qui compte parmi les meilleures entendues dans un film de Tarantino (avec quelques morceaux tout simplement sublimes comme celui de Goldsmith qui illustre l'arrivée à Candyland ou la chanson titre) et on obtient un énième film marquant de son auteur, doublé d'un des films les plus marquants de cette année 2013.