Ne vous fiez pas à la bande annonce qui promet un actionner montagnard, The Grey est tout autre chose. Le film est une expérience bien plus différent que ça et ce serait réduire à néant l’ambition de Joe Carnahan que de mal vendre son produit. Liam Neeson a beau être bankable en ersatz de Jason Bourne (Taken et Sans identité ne me contrediront pas), ce rôle lui permet de briller de nouveau par sa prestance et son leadership. Survival à part entière, le film ne se contente pas de mettre ses protagonistes dans une situation complexe où la survie est primordiale et où aucune règle ne fait loi. Jusqu’au dénouement, il est et restera un film profondément humain aux sous textes intensément enracinés dans le scénario comme la remise en question de notre supériorité face à la nature, l’entraide face à l’inconnu, la foi et l’espoir.
Carnahan nous offre un sacré lot de sang, de sueur et de larmes. A commencer par un crash aérien filmé de main de maître. On a l’impression d’y assister réellement et d’être projeté nous même à 600 km/h vers le sol ! Mais les idées de mise en scène ne s’arrêtent pas là. L’ensemble de la bobine contient des images fortes, qui resteront à jamais ancrées dans l’esprit du spectateur (l’empreinte qui rougit, le souffle chaud des loups,…). Tout un éventail de visions qui transforment un simple actionner en survival spirituel, chaque personnage, déclinant sous la menace carnassière, donnant à la force de la nature et à ses représentants un argument supplémentaire à la démonstration de sa supériorité.
Leur périple ressemble donc plus à un pèlerinage qu’à un chemin de croix, même si la tension reste constante tout au long du film. La menace est réelle, visuelle et sonore. L’ambiance est sombre et sinistre et chacun devra chercher la lueur d’espoir qui lui permettra d’avancer et de repousser les masses ténébreuses à la fourrure dense. Des moments de bravoure sont au rendez-vous (l’arbre) et chaque homme révèle son potentiel de survie, mais surtout sa capacité à vouloir continuer à se battre pour continuer à vivre qui, même si elle est misérable, mérite d’être pleinement vécu. Un message humaniste pour un film qui aborde un thème écologique de manière surprenante: en une phrase, la cupidité des compagnies pétrolières est mise en avant d’une manière aussi atroce qu’elle est vraie. Un film d’une intensité rare !
9,5/10
"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ?
- Si c’est un échange de fluides corporels, je suis pas contre. Mais alors dans ce cas, tu passes devant."