[Mark Chopper] Mes critiques en 2013

[Mark Chopper]

Mondwest, de Michael Crichton (1973)

L'histoire : En 1983, le parc d'attractions Delos permet à ses visiteurs de se retrouver à l'époque de leur choix (romaine, médiévale ou conquête de l'Ouest), au milieu de robots à l'apparence humaine...

Les points positifs : sans doute nourri de références littéraires, Isaac Asimov en tête, Michael Crichton livre un film de science-fiction au postulat de base fort intrigant, entre critique de la société du tourisme et variation sur le thème de la créature qui se retourne contre son créateur. Que feraient les hommes s'ils pouvaient agir en toute impunité dans un espace libéré de toute contrainte ? Ils régresseraient, adopteraient des comportements infantiles et violents : ils tueraient, tortureraient et exigeraient de pouvoir profiter sexuellement d'une espèce jugée inférieure et servile. Une vision effrayante de l'humanité, qui semble hélas bien juste. Les points négatifs : s'il évoque des sujets intéressants en tant qu'écrivain, Crichton n'a pas les épaules d'un grand cinéaste. Son film manque d'ampleur et dépasse rarement son postulat de base : visuellement, il souffre d'un aspect un peu cheap, manque de décors et, surtout, donne parfois l'impression d'avoir emprunté ses costumes à la kermesse scolaire du coin (surtout les tenues romaines et médiévales). Si l'on ajoute à ce tableau une interprétation fort limitée (exception faite d'un Yul Brynner qui semble préfigurer le style adopté par Arnold Schwarzenegger pour le premier Terminator), Mondwest ne dépasse jamais son statut de sympathique curiosité.

Note : 6,5/10

[zack_]

Regarde la suite ca vaut le coup d'oeil c'est encore meilleur.

[Mark Chopper]

Elle a pourtant réputation d'être moins bonne que l'original (et vu que je n'ai pas été emballé plus que ça...).

[Alegas]

Soleil vert, de Richard Fleischer (1973)

L'histoire : En 2022, la faune et la flore ont pratiquement disparu. Seuls les plus riches jouissent d'un certain confort de vie et d'une nourriture décente. Les pauvres, majoritaires, s'amassent dans des cloaques et ne peuvent manger qu'un aliment de synthèse, le "soleil vert"...

Dès le générique, tout est dit : l'homme, à force d'industrialisation, a surexploité les ressources de sa planète jusqu'à la détruire. Malgré tout, des êtres survivent en masse sur cette terre sans vie : les plus démunis dorment les uns sur les autres dans des cages d'escaliers, quand ils ne déambulent pas dans une New York réduite à l'état de bidonville, nappée d'un brouillard jaune, à la recherche d'une nourriture sans saveur. Les plus riches, corrompus, vivent encore dans le luxe et certaines femmes, séduisantes, réduites à l'état de meuble, acceptent de vendre leur compagnie pour en profiter. C'est dans ces moments-là que Soleil vert se montre convaincant, et non lorsqu'il se perd dans une enquête policière sans grand intérêt, malgré la sympathie inspirée par le personnage de Charlton Heston. Le film gagne en puissance lorsqu'il réunit l'acteur et Edward G. Robinson : ce dernier, dans le rôle d'un vieillard qui se sait proche de la fin, se souvient du temps où la planète avait l'allure d'un paradis, avant que l'homme ne la transforme en enfer. Il faut voir l'expression de son visage lorsqu'il savoure une feuille de salade, une pomme ou déguste un verre : ces plaisirs simples, qui font notre quotidien, constituent une véritable richesse que l'on ne mesure pas toujours. Pessimiste, Soleil vert s'appuie sur le caractère suicidaire de l'homme pour nous rappeler que ce dernier, lorsqu'il n'aura plus rien à détruire, n'aura plus qu'à se dévorer lui-même. Malgré certains problèmes de rythme, ce long-métrage mérite son statut de classique du genre, ne serait-ce que pour sa radicalité.

Note : 7/10

[Jimmy Two Times]

Et ta diatribe sur OGF, elle mûrit?

Soleil Vert, tu l'as vu en DVD ou Blu-ray? J'avais commencé à le mater sur Arte il y a quelques mois mais l'image était tellement délavée que j'ai arrêté au bout de 30 minutes...

[Mark Chopper]

Un DVD, pas très glorieux (les scènes avec le brouillard surtout)...

Pour le Refn, je le critiquerai après l'avoir revu en blu-ray. J'y pense souvent mais je préfère prendre du recul.

[Dunandan]

C'est vrai que le BR lui donne une seconde jeunesse. Bien pour la note, tu as bien perçu sa substance

[Dunandan]

Tokyo Bordello, de Hideo Gosha (1987)

L'histoire : En 1907, une jeune femme se rend à Yoshiwara, plus grand quartier des plaisirs du Japon, afin de servir en tant que geisha et rembourser les dettes de sa famille. Elle accepte son sort et découvre cet univers de mensonges...

Avis express... Oubliée la facture télévisuelle de Femmes de yakuzas : avec Tokyo Bordello, Gosha replonge dans l'univers de la prostitution, qu'il avait délaissé, et retrouve son sens de l'esthétisme. Ainsi, la reconstitution du quartier des plaisirs de Yoshiwara, magnifique, lui permet de laisser libre cours à son sens de la composition et favorise l'immersion du spectateur qui a, grâce à la caméra, l'impression d'être une petite souris dans une maison close. On devine un immense travail de recherches, afin de proposer à l'écran une fiction qui épouse la réalité de cet univers, avec ses us et ses coutumes, sa folie et ses faux-semblants. Hélas, le cinéaste semble s'être retrouvé avec le cul coincé entre deux chaises, entre l'exigence documentariste et le délire outrancier, à travers notamment des scènes hystériques du plus mauvais goût... Pour évoquer la condition de la femme, à cette époque et dans cet univers, il aurait été plus judicieux d'éviter les hurlements interminables et de proposer un personnage principal qui ne finisse pas par susciter au mieux l'indifférence, au pire l'antipathie. Dommage : les intentions à l'origine du projet semblent nobles, mais l'exécution souffre de trop nombreux défauts pour emporter l'adhésion.

Note : 5/10

[Dunandan]

Ha, l'un des rares Gosha que je n'ai pas vu, ton avis me refroidit (et pourtant Angel le défend bien ^^).

[Mark Chopper]

Tu en penseras la même chose que moi, j'en suis sûr (vu ton avis sur les autres films de Gosha lié à cet univers).

[angel.heart]

Comme je l'ai déjà dis, j'avais trouvé la première heure chiante, la deuxième passionnante.

Au final je pense que je mets quand-même aux alentours de 7/10.

[Mark Chopper]

La scène du

suicide près des poissons rouges en train de crever et celle de la femme qui vomit du sang sur des draps rouges, j'étais consterné. Les délires hystéro, très peu pour moi.

[Dunandan]

Tu en penseras la même chose que moi, j'en suis sûr (vu ton avis sur les autres films de Gosha lié à cet univers).

Il faudrait d'ailleurs que je les revois (sa fameuse trilogie sur les geishas) pour confirmer cette impression, bien je me reconnaisse en ces lignes-ci :

il aurait été plus judicieux d'éviter les hurlements interminables et de proposer un personnage principal qui ne finisse pas par susciter au mieux l'indifférence, au pire l'antipathie

[Dunandan]

La Lame diabolique, de Kenji Misumi (1963)

L'histoire : Un jardinier, considéré par tous comme l'enfant d'un chien, finit par s'attirer les faveurs de son seigneur et, du fait de ses immenses capacités, devient un assassin redoutable...

Second volet de la Trilogie du Sabre de Kenji Misumi, La Lame diabolique se démarque peu de Tuer, son prédécesseur. On y suit le parcours d'un homme aux origines tragiques qui, malgré lui et en dépit de ses immenses talents, ne pourra pas échapper à son triste destin. Un parcours qui permet au cinéaste de malmener un peu plus l'image des samouraïs, qui apparaissent ici comme des comploteurs, voire des violeurs en puissance. En aucun cas des garants de la vertu ou les protecteurs des faibles... Hélas, Misumi flirte souvent avec le ridicule, notamment lorsqu'il filme son héros en train de courir plus vite qu'un cheval, tel un Speedy Gonzales : un délire qui préfigure certains aspect de la saga Baby Cart, mais qui jure ici, tant la Trilogie du Sabre se montre sobre dans son ensemble. Misumi, toutefois, continue de filmer en esthète et, sur le plan visuel, signe un travail encore plus impressionnant que sur Tuer, parfois à la limite de l'expérimental. Qu'il filme son héros en position d'observateur, soucieux d'apprendre une technique de sabre auprès d'un ronin qui s'entraîne dans une forêt, ou bien deux tourtereaux qui découvrent un jardin fantasmé qui ne demande qu'à fleurir mais qui finira par servir de décor à un bain de sang, le cinéaste livre toujours de magnifiques compositions. Mais voilà : La Lame diabolique apporte peu à cette trilogie. Pris indépendamment, il peut être considéré comme un très bon film... Mais au cœur de cette trilogie, il peine à exister, tandis que Le Sabre, lui, apportera une évolution et s'affirmera comme une conclusion idéale.

Note : 7/10

[Jack Spret]

Dnas une certaine mesure, le pitch ressemble vachement à celui du Dernier jour de la colère.