The Thin Red Line (La Ligne Rouge) de Terrence Malick
(1998)
Ni plus ni moins que le premier chef-d’œuvre de Terrence Malick, car autant le cinéaste avait atteint un niveau d'excellence évident avec
Days of Heaven, autant il n'avait jamais proposé une telle universalité en terme de thématiques et de personnages. Malick qui s'attaque au film de guerre, cela donne évidemment quelque chose de jamais vu jusque là. Ici, nul besoin de réaliser un film d'action, la volonté première étant de proposer un film sur la guerre dans ce qu'elle a de plus global et surtout ses répercussions sur des individus différents mais finalement tous liés dans cet enfer magnifique.
The Thin Red Line, c'est aussi à mes yeux le plus beau film sur le sujet, celui qui arrive à synthétiser en un peu moins de trois heures ce que beaucoup de films du genre aimeraient raconter. A l'image des autres films de Malick (et notamment ceux qui suivront), il est difficile d'en parler tant tout se joue sur le ressenti du spectateur, sa capacité à appréhender le lyrisme permanent qui s'échappe de chaque image, de chaque son, de chaque monologue de personnages dans lesquels on se retrouve finalement tous.
Si Malick n'avait pas encore cette science du montage empruntée aux expérimentations russes qui donnera des œuvres plus abouties mais moins abordables comme
Tree Of Life, le fait est qu'on se retrouve devant le film du réalisateur qui est le plus simple dans sa composition, et qui en tire du coup toute sa puissance poétique et émotionnelle. De façon assez surprenante, Malick filme la guerre de façon assez incroyable, ne tombant jamais dans le piège du spectacle guerrier et livrant des séquences tout simplement sublimes, à l'image de cette prise du bunker en steadicam ou encore la sublime invasion du village qui est très certainement l'une des plus belles représentations de la folie de la guerre au cinéma. L'utilisation (certes très redondante) de la voix off est d'ailleurs un des gros plus de The Thin Red Line, elle qui en apparence donne à l'oeuvre une autre dimension, et démolit ce faux-semblant en rappelant derechef l'Homme à son impuissance via des lignes de textes pétries de questions ou de constats amers. Dans la forme, on tient là, je l'ai dit, la seule vraie bonne idée. Car si la mise en image de Malick est jolie, elle n'est pas pour autant d'une beauté à se damner. La partition de Hans Zimmer, qui livre ce qui est sans doute la plus belle composition de sa carrière, est d'une beauté sans nom et l'alchimie avec les images de Malick est immédiate. Enfin, on aura beaucoup parlé du casting monumental et des conséquences d'une post-production selon Malick (Adrien Brody aurait dû être le rôle principal et on notera l'absence d'acteurs comme Mickey Rourke), mais le résultat est tout simplement excellent, avec des grands acteurs qui se suffisent dans leurs petits rôles et d'autres moins connus qui brillent par leur capacité à transmettre une véritable humanité à l'écran (sur ce point là, Jim Caviezel et Ben Chaplin sont clairement les très grandes révélations de l'entreprise).
The Thin Red Line, un chef-d’œuvre total et définitif en plus d'être l'un des plus beaux films du monde, tout simplement.
NOTE : 10/10