[Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

Modérateur: Dunandan

Scene at the sea (A) - 7,5/10

Messagepar Jimmy Two Times » Dim 19 Mai 2013, 09:39



A Scene at the Sea - Takeshi kitano - 1991


Ce troisième film de Takeshi Kitano tranche complètement avec ses deux premières œuvres. Exit les flics et yakuzas déjantés, place à une rêverie pleine de mélancolie mettant en scène un couple de jeunes sourds et muets. Le garçon, éboueur, trouve par hasard une vieille planche de surf abandonnée. Amoureuse transie mais discrète, sa compagne le suit corps et âme dans sa soif d'apprendre ce sport particulièrement sensoriel. Vu leur handicap, il ne faut évidemment pas s'attendre à un film bavard, les plages silencieuses sont légion et toutes les émotions passent par les regards, les sourires et les gestes.

Le réalisateur met ici un point d'orgue à casser son image d'hurluberlu de la télévision japonaise. Il cherche à s'affirmer à travers une histoire une fois de plus très simple et véritable ode à la contemplation et à la recherche d'une certaine osmose entre l'homme et les éléments. Pour la rendre encore plus touchante, il collabore pour la première fois avec le célèbre compositeur Joe Hisaishi. Ce dernier livre une bande originale douce et atmosphérique qui permet de décupler les émotions toujours très contenues du couple.



Unis comme les doigts de la main en début de film, les deux jeunes gens connaîtront des moments de joie mais aussi quelques peines en raison de cette planche de surf qui a tendance à les éloigner l'un de l'autre. Les personnages secondaires sont en revanche assez peu caractérisés, ils gravitent à distance du couple, moqueurs dans un premier temps puis finalement séduits par l'abnégation sans faille du jeune homme pour dompter la grande bleue.

A scene at the sea est donc une parenthèse naturaliste et poétique dans la carrière de Kitano. Cette facette de l'auteur sera toujours présente dans la première partie de sa filmo (en gros jusq'à Hana-Bi) mais ne prendra jamais autant d'importance que dans cette belle histoire conçue pour l'évasion. Un joli poème, à regarder un peu comme la manière dont on observe le flux et le reflux des vagues, l'esprit libre et prédisposé à la flânerie.


7.5/10
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

Messagepar osorojo » Dim 19 Mai 2013, 09:47

Jolie critique pour un film qui le mérite :super:
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

Messagepar Jimmy Two Times » Dim 19 Mai 2013, 09:49

Je vais pouvoir m'atteler aux gros morceaux du cinéaste maintenant! :bluespit:
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

Messagepar Mark Chopper » Dim 19 Mai 2013, 09:53

Oui, Getting Any ! :mrgreen:

Jimmy Two Times a écrit: Un joli poème, à regarder un peu comme la manière dont on observe le flux et le reflux des vagues, l'esprit libre et prédisposé à la flânerie.


Joliment dit.
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

Messagepar Jimmy Two Times » Dim 19 Mai 2013, 09:55

Merde, je l'avais oublié celui là! :mrgreen:

Edit: je monte à 7.5, je le reverrai plus facilement que Jugatsu celui là. Ce qui est bien avec les premiers films de Kitano, c'est que ça dure 1h30 à tout péter. Du coup, les petits défauts ne sont pas forcément aussi gênants que dans des films qui s'éternisent pendant trois plombes.
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Dim 19 Mai 2013, 19:13

Oui jolie critique, et on voit qu'on a été hypnotisés par les mêmes aspects dixit ma critique :super: :

Lorsque la musique est absente, il y a une chance pour que le silence soit rompu par le va et vient rythmique et hypnotique des vagues, mélodie apaisante, et lieu typique de ressourcement des personnages pour Kitano.


Le seul petit bémol selon moi est la fin à rallonge que j'aurais arrêté plus tôt.

Peut-être que cette fois-ci Kitano a voulu mettre la pédale douce sur le mélo.
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

Messagepar Jimmy Two Times » Dim 19 Mai 2013, 20:37

La toute fin avec le défilé des personnages, je n'en tiens pas trop rigueur. Je considère que ça fait déjà partie du générique de fin.
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Dim 19 Mai 2013, 20:46

C'est bien que tu le penses comme ça, mais je pense que Kitano a voulu insister sur les bons moments passés pour éviter une fin trop mélodramatique (alors que ça aurait très bien fonctionné sans). Mais c'est mon interprétation personnelle :wink:
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Vorace - 8/10

Messagepar Jimmy Two Times » Lun 27 Mai 2013, 08:59



Vorace - Antonia Bird - 1999


Film pour le moins méconnu, Vorace s'avère pourtant un met de premier choix tant il apporte du sang neuf dans le genre du film d'horreur. Mêlant également avec habilité le western et l'humour noir, il flatte régulièrement le spectateur grâce à un script bien plus intelligent que la moyenne du genre. Derrière cette histoire de cannibalisme se cache une critique acerbe des fondements de la grande nation américaine. Un discours transgressif et un traitement qui surprennent pour un film de studio (échec cuisant à sa sortie, cela va de soi).

Fondé sur une légende indienne selon laquelle l'ingestion de chair humaine rend plus fort, Vorace nous propose de suivre une petite compagnie placardisée dans un fort reculé de Californie. Un soir, un certain Colqhoun fait irruption et leur relate son périple. Reclus pendant des semaines dans une grotte, il s'est adonné au cannibalisme avec ses compagnons de route dans le seul but de survivre. Une expédition est mise sur pied pour aller sauver d'éventuels survivants...

Porté par des acteurs qui semblent se délecter de leurs personnages savamment brossés (en particulier Robert Carlyle, complètement habité et franchement flippant par moment), le film d'Antonia Bird voit plus loin que le bout de son nez et dresse un constat intéressant de la condition humaine. Alors que certains s'abandonnent à leurs pulsions les plus primaires (avidité et soif de pouvoir quelque soient les moyens), d'autres luttent (souvent en vain) contre ces mauvaises influences. Rapporté au cannibalisme, le conflit moral s'en trouve décuplé. Manger ou mourir.

Vorace n'est pas un film qui se distingue par sa réalisation flamboyante (on sent que le projet est passé entre de nombreuses mains - changement de réalisateur) mais l'ensemble est toutefois plus que correct. La rudesse des conditions de vie (survie?) du petit régiment est parfaitement retranscrit dans ces paysages où peu de quidams vivent. La musique très décalée du duo Damon Albarn/Michael Nyman apporte un surcroît d'authenticité à l'histoire et est complètement indissociable des images. Cerise sur le gâteau, l'épilogue, comme dans tout film bâtard qui se respecte, va à l'encontre de la vogue du happy end. Vorace est à réhabiliter d'urgence.


8/10
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

Messagepar osorojo » Lun 27 Mai 2013, 09:02

Sacré film ce vorace, du genre que t'oublies pas :mrgreen:

Une péloche bien saignante ! :lol:
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

Messagepar angel.heart » Lun 27 Mai 2013, 09:04

Toutafé!

Et quelle BO !!! :love:
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Sonatine - 9/10

Messagepar Jimmy Two Times » Mar 28 Mai 2013, 10:13



Sonatine - Takeshi Kitano - 1993


A ce stade de sa carrière de réalisateur, Takeshi Kitano nous offre avec Sonatine son meilleur film. Synthétisant à merveille les thèmes de ses trois premiers opus, il atteint ici une forme d'osmose qui achève de définir son univers. Pendant 30 minutes, le récit est pourtant assez classique. Haut placé dans la hiérarchie de son gang de yakuzas, Murakawa est néanmoins un électron libre mais aussi un homme fatigué par la vie qu'il mène. Décidé à raccrocher les gants, il se voit confié une dernière tâche, qui consiste à aller prêter main forte à un clan ami sur l'île d'Okinawa. Affublé de ses fidèles lieutenants et de quelques bras cassés, la mission d'apparence routinière s’avérera être un traquenard. Mais c'est sans compter sur la quête d'évasion du bonhomme qui va emmener toute sa petite troupe dans une bicoque au bord de la plage, histoire de goûter aux plaisirs simples de la vie en attendant l'hypothétique venue de la grande faucheuse.

Le premiers tiers de Sonatine n'est pas forcément très engageant et ne sert que de point de contraste avec le futur dans lequel Murakawa aimerait se projeter, un futur loin de la violence à laquelle il s'abandonne régulièrement dans ses activités. Son personnage de yakuza est à peu près aussi autiste que l'était le flic de Violent Cop et aussi marginal que son personnage dans Jugatsu. Mais il possède aussi des traits de caractère supplémentaires. C'est un homme qui songe à la rédemption là où les personnages précédents étaient bien trop jusqu’au-boutistes pour prétendre à une nouvelle vie. Passé ce prologue qui manque un poil de rythme et de scènes marquantes pour captiver davantage, Kitano part à la recherche de l'innocence perdue de ses personnages.



Welcome to the beach!

Au bout de 30 minutes, la rupture de ton tient de la bénédiction. Le maître nous invite au voyage et nous replonge en même temps que ses personnages en enfance. Retranché sur une plage magnifique, tout ce petit monde troque les costards dépareillés pour les chemises à fleurs et tue le temps comme il le peut. La veine contemplative de Kitano reprend le dessus, en même temps que son humour et sa fibre poétique. On en oublierait presque le pourquoi de leur présence en ce lieu. Les rapports hiérarchiques s'atténuent quelque peu au détour de jeux, de danses, de blagues toujours plus saugrenues. En vrac, on assiste à des combats de sumo, à une bataille rangée avec des feux d'artifice, à un spectacle de danse traditionnelle et bien d'autres réjouissances. Pour la première fois en quatre films, Takeshi l'acteur y dévoile un immense sourire communicatif. Lui qu'on juge trop souvent comme étant inexpressif, et qui fait passer ici un torrent d'émotions par son visage irradié par la joie.

La beauté naturelle de cette plage contribue à accentuer la portée émotionnelle de l'histoire. Et que dire de du score sublime de Joe Hisaishi! Le réalisateur prouve avec Sonatine que ses limites techniques peuvent s'estomper derrière son imagination fertile. Il n'est pas uniquement un guignol de la télévision japonaise mais un artiste accompli, doté d'une âme de poète. Sonatine est le premier sommet dans sa filmographie, un film d'une légèreté enivrante. On pourrait rester des heures devant son écran simplement à regarder ses personnages s'amuser comme des gamins. C'est juste beau, le langage employé est universel et marque la naissance définitive d'un grand auteur. Incontournable.



9/10
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

Messagepar Mark Chopper » Mar 28 Mai 2013, 10:17

J'aimerais revenir sur l'image "guignol de la télé japonaise" qu'on lui colle souvent. Il faut savoir que Kitano bosse sur toutes les grandes chaînes, est à la télévision pratiquement tous les jours...

Alors oui, parmi ses émissions, il y a des jeux débiles. Mais il anime également des débats politiques ou des émissions sur les maths !
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

Messagepar Jimmy Two Times » Mar 28 Mai 2013, 10:24

Son émission avec des politiciens est plus récente, si je ne m'abuse? A l''époque de ses premiers films, il était surtout connu pour son duo Two Beats.
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

Messagepar Mark Chopper » Mar 28 Mai 2013, 10:26

Non, déjà à l'époque de Violent Cop c'était varié.

Et même avant, en tant qu'acteur, il avait joué dans des films assez sombres. Le plus connu chez nous étant Furyo.
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