[Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

[Jimmy Two Times]

L'Amour Dure Trois Ans - Frédéric Beigbeider - 2012

Moralement, cette comédie romantique de Beigbeider frise la correctionnelle. Nombriliste, beauf, branché et bobo à la fois, je ne vous raconte pas l'indigestion par moment. Il est juste impossible de supporter le mépris affiché par le réalisateur envers une certaine frange de spectateurs avec ce premier long. Le film essaie de se donner bonne conscience en remettant en question la psychologie abjecte de son personnage principal à mi-récit, ça pue l'hypocrisie. Un manque de sincérité qui s'illustre à tous les niveaux. Non, mais sérieux, faire jouer un gay à Joey Starr, si ça n'est pas de l’opportunisme puant...

C'est con car tout n'est pas à jeter. D'une manière générale, c'est très rythmé, ce qui n'est pas une gageure dans le genre de la comédie française qui ronronne. La Miss Bourgoin est plutôt pimpante, le ping pong verbal avec son partenaire (Proust, dans le rôle de la marionnette de Beigbeider) fonctionne plutôt bien mais même si on sourit à quelques reprises, on garde constamment à l'esprit l’irrépressible envie de vomir qui nous étreignait deux minutes plus tôt. A moins que vous aimiez recevoir des leçons, passez votre chemin...

3/10

[Jack Spret]

Une vraie merde mégalo

[Scalp]

Masochiste.

[Jimmy Two Times]

Ca fait du bien de temps en temps de cracher son venin

[Scalp]

Fait attention, tu deviens aigris.

[Alegas]

L'Epreuve de Force - Clint Eastwood - 1977

Putain, qu'est ce que c'est bon la tonalité des films des 70's. Une décennie bénie où l'anti-héros de service pouvait mettre une claque à sa partenaire féminine pour qu'elle se taise 5 minutes sans que ça ne choque personne. Aujourd'hui, on taxe les films de cette époque d'être macho et facho. Non, mais sérieusement, vous en voyez beaucoup aujourd'hui des rôles féminins capables de tenir tête à un acteur du calibre de Clint grâce à des dialogues en or? Mes couilles! 90% des rôles féminins dans le cinéma de genre contemporain, c'est potiche et cie! Avec du recul, Dirty Harry et ses descendants étaient des putain de gentlemen, des hommes qui savent parler aux femmes avec toute la considération qu'elles méritent.

L'Epreuve de Force marque un tournant pour Clint l'acteur. L'imagerie badass qui lui colle à la peau au travers du personnage de Dirty Harry en prend un coup lorsqu'il croise la route d'une pute au grand coeur, femme libérée et totalement émancipée, interprétée par l'excellente Sondra Locke. Le duo fonctionne à merveille et reste aujourd'hui l'atout principal de ce film bourré d'action, mais dont les fusillades interminables ont pris un coup vieux (la scène finale du bus ou presque aucun flic n'a le réflexe de tirer dans les pneus, c'est bien lourdingue, ou encore la poursuite hélico vs moto pas très haletante, la faute à un sniper manchot...). Tout n'est pas à jeter pour autant rayon action, le film regorge de scènes généreuses mais on prend presque plus de plaisir grâce aux joutes verbales du duo.

Techniquement, Clint rend une belle copie, bien aidé par l'aridité très cinématographique de l'Ouest des Etats-Unis. La BO est excellente, les acteurs sont bons, on ne s'ennuie pas une seule seconde, c'est à la fois léger et pertinent grâce à une science des dialogues sans faille. Le verbe, qui était hier un atout maître, même dans les formes de cinéma les plus décomplexées, voilà ce qu'il manque clairement aujourd'hui dans les blockbusters abrutissants. Vous pouvez foutre tous les effets spéciaux que vous voulez, rien ne vaut une ligne de dialogue taillée au scalpel. L'épreuve de force constitue un puissant exemple...malheureusement, c'était il y a 35 ans...

7.5/10

[Jimmy Two Times]

20 ans d'écart - David Moreau - 2013

Critique express histoire de me remettre dans le bain et de faire remonter mon topic noyé dans les abysses de la section. Celui là, j'y suis allé à l'insu de mon plein gré comme dirait l'autre. Ma mère étant de passage à la maison, il fallait bien la divertir. Sur le papier, cette comédie fait flipper. Une ancienne animatrice télé en tête d'affiche, un sujet super hype (les cougars, la bonne blague), que des bonnes choses pour remplir le sac à vomi. Et bien, même pas. Le nom du réalisateur (David Moreau) a de quoi surprendre, lui qu'on a plutôt l'habitude de voir opérer dans le registre du fantastique bas de gamme (Ils, The Eye).

20 ans d'écart est finalement un produit certes formaté mais plutôt drôle grâce à la très bonne prestation de Pierre Niney. Il est sympa ce petit con, accessoirement joue plutôt bien et il porte clairement le film sur ses épaules. Son duo avec la milf Efira tient la route, du moins pendant une heure le temps que le film ne rentre dans le rang, happy end oblige. Le scénario critique gentiment l'univers des médias et de la mode, ce qui donne droit à quelques scènes assez cocasses. Visuellement, ça se tient à peu près, en gros, ça ne fait pas trop téléfilm au regard de la moyenne du genre. Les dialogues sont plutôt bien sentis et le rythme ne faiblit pratiquement pas. Bien plus regardable que certains mastodontes calibrés pour le prime time de TF1 (je pense notamment à l'Arnacoeur, dernier exemple en date dans mon esprit habitué à fuir ce genre de films). Pour les amateurs de gronénés, la Virginie arbore quelques sympathiques décolletés mais ne fait jamais tomber le haut.

5.5/10

[Dunandan]

The Place beyond the Pines - Derek Cianfrance - 2013

The Place beyond the Pines est un film qu'il convient d'aborder vierge de toute information. Moins vous en saurez, plus vous aurez de chance d'être séduit par son scénario dense qui fait la part belle aux personnages et à l'émotion. Le schéma narratif est connu, un événement tragique va influer sur l'existence de toute une galerie de personnages. Au niveau du style, on est au confluent du Mystic River d'Eastwood et du drame façon Inarritu, sans la surcharge de pathos parfois observé chez ce dernier. Inutile de vous dire qu'il est très difficile de parler de l'histoire sans la dévoiler outre mesure. Un cascadeur moto itinérant découvre sa paternité et décide de tout abandonner et de se mettre à braquer des banques pour subvenir aux besoins de sa nouvelle famille. Pas la peine d'en savoir davantage.

Visuellement, le film n'est pas très sexy. La réalisation est plutôt fonctionnelle et c'est bien dommage, elle aurait pu sublimer un script qui ne manque pas de scènes intenses d'un point de vue émotionnel. Ça n'est pas dégueu pour autant, l'introduction et son montage en plan séquence est même assez électrique, mais c'est le petit plus qui aurait pu faire la différence et hisser cette belle histoire à un niveau supérieur. Là où en revanche le film est difficilement attaquable, c'est au niveau de l'écriture de ses personnages. Tous les acteurs principaux, même les plus controversés (on ne va pas se voiler la face, Ryan Gosling tire encore la même tronche qu'à l'habitude, mais ça colle plutôt bien avec son rôle d'écorché vif irréfléchi et légèrement immature) ont des rôles aux petits oignons. Physiquement peu à leur avantage dans la première partie du film (peu de maquillage, costumes réduits à leur plus simple expression, tout droit sortis d'une friperie pour Gosling et Mendes), ils ne peuvent compter que sur leur jeu pour se mettre en valeur.

Et de ce côté là, c'est Bradley Cooper qui sort vainqueur. Son personnage est de toute façon le vrai pivot du film et c'est peu dire qu'il s'en sort à merveille dans ce rôle de jeune flic, porté aux nues pour sa bravoure, mais tiraillé par ses convictions et par la triste réalité de son entourage professionnel (gangrené par la corruption, et qui dit ripoux dit Ray Liotta, plutôt à l'aise dans un registre qu'il maîtrise parfaitement). Loin des rôles de bellâtres auquel il est parfois cantonné, Cooper prouve ici qu'il est un vrai acteur capable d'arracher quelques larmes aux spectateurs les plus sensibles. Déterminé, limite idéaliste, l'orientation de son personnage est en tout cas le meilleur atout du film. Et ça n'est que le second acte.

Car The Place Beyond the Pines réserve d'autres surprises. La tragédie en trois actes est pourtant archi courrue mais lorsque l'on ne s'y attend pas, on salue la générosité des scénaristes qui relancent encore une fois le récit dans un dernier tiers qui fait un saut dans le temps. Une génération plus tard, le drame qui s'est noué pendant depuis plus de 90 minutes devant nos yeux a encore des répercussions. Cet épilogue est à l'avenant du reste de l'histoire, habillé d'un bel écrin de désespoir même si une lueur rédemptrice pointe in fine le bout de son nez. D'un point de vue personnel, j'ai trouvé cette conclusion correcte mais un peu en décalage avec le reste des faits. Je n'aurais pas craché sur un peu plus de noirceur, le cinéma contemporain manquant cruellement de films qui rappellent que parfois la vie peut être rude, sans pitié. Pas de quoi cependant renier ce très beau film qui donne envie de suivre de près son auteur.

7.5/10

[osorojo]

Je me le choperai en BR celui là, j'ai pas pu le voir en salle et tous vos bons retours m'encouragent à le mater

Sinon, j'avais loupé ta critique de l'épreuve de force, j'vais le choper fissa, typiquement le genre de film que j'aime me faire en ce moment !!

[Jimmy Two Times]

Men in Black III - Barry Sonnenfeld - 2012

Men in Black 3. Typiquement le genre de films que je me refuse à aller voir au cinéma. Les suites de blockbuster qui essorent le filon en prenant les spectateurs pour des cons, j'ai passé l'âge. Par contre, si ça passe à la télé et que je n'ai rien d'autre à faire, je peux me laisse tenter. Et pour une fois que les auteurs d'une franchise font preuve de respect envers le matériau d'origine (un premier film rafraîchissant, par contre MIB2 était juste honteux, la suite de merde dans toute sa splendeur) et délivrent la marchandise... Soit un cocktail d'action, de déconne et d'extra-terrestres visqueux animé par le duo Will Smith/Tommy Lee Jones.

Le premier arrive à peu près à se tenir contrairement à certaines de ses prestations où il en fait des tonnes et le second est plus bougon que jamais (un peu trop même, des fois on a l'impression que ça le fait chier d'être là). La bonne idée du scénario est d'envoyer tout ce petit monde dans le passé, en l’occurrence dans les années 60, et de découvrir un agent K plus jeune (Josh Brolin, impeccable dans son immitation du Tommy Lee Jones ronchon), dont la tête est mise à prix par le bad guy du film (plutôt réussi, autre bon point). On peut juste regretter que le film cède à la mode du tout CGI (fini les bains d'ectoplasme) même s'ils sont plutôt réussis dans l'ensemble, tout comme la galerie de freaks venus d'ailleurs chère à la saga.

Au final, on se retrouve devant une suite qui relève le niveau lamentable du précédent volet et qui fait clairement son office de divertissement dénué de prise de tête. Toutes proportions gardées, on se marre, on ne s'ennuie pas grâce à un bon scénar et le film est plutôt agréable à regarder. Le cahier des charges est rempli, d'autant plus que ce MIB a la bonne idée de ne pas s'éterniser. Gageons que les producteurs auront l'idée de conclure définitivement la saga avec cet épisode sympathique.

6/10

[Scalp]

Moi qui attendais une critique du Nichols

[Jimmy Two Times]

Laisse moi digérer un peu mais t'inquiète, elle viendra dans la semaine.

[Dunandan]

Les Croods - Chris Sanders & Kirk DeMicco - 2013

Excellente surprise que ce nouveau Dreamworks sorti de (presque) nulle part. La bande annonce n'étant pas spécialement aguicheuse, laissant même augurer d'un spectacle au ton très enfantin, le sentiment de satisfaction n'en est que plus grand. On s'attend à voir une version hystérique des Pierrafeu, on a finalement le droit à une interprétation émouvante de l'allégorie de la caverne de Platon. Je m'étais calé cette séance pour faire plaisir à mes nièces, pensant faire une sieste. Il n'en fut rien.

Pour vivre heureux (et plus longtemps), vivons cachés. Tel est le leitmotiv de cette famille déglinguée dont les membres peinent à s'avouer l'amour qu'ils se portent mutuellement. Le film prend donc des allures de voyage initiatique qui permettra à chacun de faire face à ses démons. Le soin apporté à l'écriture des personnages est incontestablement le point fort du métrage. Passée une introduction conventionnelle, les événements s'accélèrent lorsque la fille aînée (bien plus Rebelle que l’héroïne du film homonyme des studios Pixar) fait la rencontre d'un jeune nomade en quête d'un monde meilleur.

L'aventure est très rythmée, colorée et pourtant à mille lieux des franchises à succès qui s' essoufflent à force de donner dans le spectacle débridé mais dénué de sens (voir les derniers épisodes de l'Age de Glace, sympatoche mais creux ou le plantage Madagascar 3, orgie visuelle indigeste pour les 3-6 ans). La mise en scène est un autre atout majeur du film. Chris Sanders confirme après Dragons qu'il n'est pas un de ces yes men de l'animation en nous proposant des séquences réellement bluffantes de maîtrise qui ne virent jamais dans une vaine esbroufe technique. Seul le character design peut prêter à discussion, pas forcément des plus inspirés.

Plus les minutes défilent et plus le script s'avère convaincant permettant ainsi quelques belles touches d'émotion à l'approche de l'épilogue. Vu le succès public et critique, les sirènes du marketing transformeront sûrement la petite famille en nouvelle franchise taillée pour amasser les dollars, mais quoiqu'il arrive, cet opus restera comme une réussite indéniable du genre. A titre personnel, c'est clairement le meilleur film d'animation US que j'ai pu voir ces 2/3 dernières années. Je suis prêt à parier que le Monsters University de Pixar ne lui arrivera pas à la cheville (vu la BA juste avant les Croods, ça fout les boules de voir ce qu'ils ont fait de mon Pixar préféré).

7.5/10

[Alegas]

Celui là j'ai déjà grave envie de le revoir en BR, gros coup de cœur.

Et ouais pareil, je trouve aussi dommage que l'on veuille faire direct une suite du film. Ils devraient plutôt profiter du succès pour filer encore plus de pognon pour les projets de Sanders.

[Jimmy Two Times]

Carrément. Je retiens rarement le nom des réals dans le domaine de l'animation mais Sanders à le petit truc en plus qui fait de lui un véritable auteur.