Le Orme - Luigi Bazzoni ( 1975 )
Alice se réveille après un cauchemar étrange, se déroulant sur la Lune. On y voit un astronaute abandonner un de ses collègues sur le satellite. A son réveil, Alice part pour son travail, sur place elle y apprend qu’il s’est passé plusieurs jours sans qu’on ait de ses nouvelles. Pourtant, elle n’a aucune idée de ce qui s’est passé durant cette période. Des indices l’emmènent dans l’ile de Garma. Chose étrange : plusieurs personnes semblent la reconnaître…
Belle surprise que ce film injustement méconnu, bénéficiant néanmoins dune solide répute chez les biseux explorateurs, que je pensais introuvable en dvd mais qui est en fait dispo chez l'éditeur anglais "Shameless" sous le titre Footsprints on the moon ( en vo italienne sous-titré anglais, ce qui n'est pas toujours le cas, il est donc bon de le signaler... ).
Le gros point fort du film réside dans un trio redoutable d'efficacité, formé par la réalisation baroque et élégante de Luigi Bazzoni ( responsable du très bon Journée noire pour un bélier ), la photo aux teintes chaleureuses de Vittorio Storaro ( 1900, Apocalypse Now... ) et la bande son à la fois envoûtante, inquiétante et mélancolique de Nicola Piovani ( Le parfum de la dame en noir ).
Un trio imparable dont l'addition de talents n'a de cesse de faire mouche, donnant aux images une puissance émotionnelle et énigmatique franchement impressionnante et ce, dès les toutes premières secondes du métrage avec cette incursion lunaire d'une bizarrerie onirique particulièrement troublante.
Alors qu'on pourrait s'attendre à un giallo pur et dur, le film est en fait un thriller psychologique, schizophrène et paranoïaque, où l'héroine ( Florinda Balkan impeccable ) devra mener une enquête introspective et faire appel aux zones d'ombres de sa mémoire pour tacher de retrouver les pièces manquantes du puzzle. On ne sait jamais où cela va nous mener et on a parfois du mal à comprendre la signification des images qui défilent à l'écran et pourtant l'ensemble se révèle toujours passionnant.
Seul point négatif à ce quasi sans fautes : la pancarte finale donnant au spectateur les clés de l'énygme, là où jusqu'alors le double sens possible permettait à celui-ci de se faire sa propre interprétation du métrage. Ça n'est pas grand chose, ça ne prend que cinq secondes à l'écran mais ces quelques secondes suffisent pourtant à amoindrir la portée de l'oeuvre, rationalisant une intrigue dont l'aura mystérieuse était portant le point fort.
Malgré cette déception le film conserve tout de même un fort pouvoir de fascination et m'a réellement donné envi de découvrir les autres films d'un réal peu prolifique ( 5 films ) mais assurément talentueux.
8/10