LE MUR INVISIBLE++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Julian Roman Pölsler (2013) |
5.5/10++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ Il est toujours difficile de savoir comment aborder une oeuvre aussi personnelle que ce mur invisible et de garder une distance avec ce qui est dit à l'écran lorsque l'on est un peu en désaccord. Le film de Julian Roman Pölsler n'échappe pas à ce ressentiment, et s'il convaincra, j'en suis certain les esprits poétiques et tendres, je suis pour ma part resté très en retrait tout au long de la séance.
Il m'a en effet été assez difficile d'adhérer complètement à cette dissection de l'âme humaine, qui manque à mon sens cruellement de nuance. On y sent une telle prise de position qu'elle en devient aussi étouffante que cette solitude emprisonnant la seule présence humaine à habiter l'image. Julian Roman Pölsler aime la nature, sait la filmer pour la rendre belle mais porte un regard sur la condition humaine très noir mais finalement pas aussi subtile que l'image tente de nous le faire croire. En effet, quand le réalisateur commence à radoter sur cette barbarie dont fait preuve l'homme en butant du gibier pour se nourrir, ou s'enlise dans son amour pour nos amis canidés, on commence à perdre patience.
D'autant plus qu'il est difficile de trouver passionnante cette introspection totale à laquelle se livre le personnage central du film, tant tout est fait pour se détacher de ce dernier, en terme de sentiment. Il y a bien une tentative de nous impliquer émotionnellement à la relation qu'elle entretient avec ses bêtes, mais c'est si cliché et maladroitement raconté, qu'on a du mal à trouver toute cette mise en scène naturelle, en dépit de ce cadre totalement exempt de présence technologique.
C'est un peu la limite, à mon avis, de cet essai. A vouloir remettre en perspective ce dont est fait l'homme, Julian Roman Pölsler se perd un peu dans son propos et use de maladresses qui le conduisent dangereusement du côté de la leçon de morale. Et ce n'est pas cette fin terriblement mal écrite, qui n'a pas spécialement de sens sinon celui de jouer sur notre corde sensible pour nous extirper de ce sommeil contemplatif qui nous a habité pendant toute la projection, qui nous fera penser le contraire.
Le mur a invisible possède des qualités plastiques évidentes, on y sent un véritable amour pour la belle image, la nature et ses habitants (mention spéciale à Luchs, superbement dressé) et l'art de capturer les paysages. Dommage que le reste soit un peu à la peine, et que l'ennui ne soit finalement que ce qui nous est proposé pour accompagner ce déluge pictural enchanteur. A tel point qu'on se prend à espérer une fin qui tarde à venir, ce qui n'est généralement pas très bon signe.