A BOUT PORTANT++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Don Siegel (1964) |
8.5/10++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ Quel panache, quel sens de la narration, quelle percussion dans la mise en scène. A n'en pas douter, A bout portant vient se placer à une bonne place de ma top liste Siegel, sans forcer. En plus de débuter son histoire par une idée géniale(un hitman n'arrive pas à digérer son dernier contrat, la faute à sa cible qui a attendu son assassinat sans se défendre, cherche à démêler les raisons de cette absence de combativité), Siegel met un point d'honneur, pendant près d'une heure et demie, à ne donner que dans l'efficacité. Jamais fourbe ni faussement malin, il se contente d'aller à l'essentiel pour nous livrer un moment de cinéma aussi sec et définitif qu'il est divertissant.
Divertissant grâce à cette galerie d'acteurs en or massif qui se partage l'écran. En tueur implacable sans état d'âme, Lee Marvin use de tout son charisme pour faire de son personnage un enfoiré au sang froid qui nous met dans sa poche en deux trois séquences énervées que l'on aime voir au cinoche. Sa présentation pose le personnage en quelques attitudes, l'homme n'hésite pas à violenter une pauvre secrétaire aveugle pour remplir son contrat, on peut donc s'attendre à tout de sa part. Son partenaire est également très inspiré et son côté chien fou apporte à la relation filiale qu'il entretient avec son mentor une belle dose de nervosité. Quant au reste du casting, c'est également un sans faute. Entre le génial John Cassavetes, complètement investi, la superbe Angie Dickinson on ne peut plus crédible en femme fatale ambitieuse, Ronald Reagan très convainquant en bandit classieux au coeur de pierre et une galerie de seconds rôles savoureux, impossible de faire la fine bouche.
D'autant plus que tout ce petit monde est au service d'une intrigue qui peut sembler confuse au départ mais qui se révèle terriblement addictive au fur et à mesure qu'elle se dévoile. Et si l'on peut se demander au départ l'utilité de ces courses automobiles très cheap et mal filmées (le seul défaut du film, à mon sens), lorsque le dernier acte se met en place, tout se révèle et prend de l'importance. On n'a plus qu'à savourer ce délicieux dénouement, brutal, presque insolent, complètement nihiliste et terriblement rageur. La marque d'un cinéma qui en avait sous la pédale, la signature d'un grand qui savait ce qu'il voulait et n'hésitait pas à y aller à fond pour livrer des films uniques en leur genre, complètement marqués par une absence de concession dans la violence, dans un seul but de coller au plus près à une réalité qui était, jusqu'à cette époque, bannie des salles obscures. A bout portant est une oeuvre singulière qui transpire la fougue de son auteur et préfigurait l'un de ses futurs hits. Il y a en effet déjà dans cette bobine tout ce qui fait de Dirty Harry ce film énervé qui fout la banane aux cinéphiles bruts de pomme que nous sommes.