[Dunandan] Mes critiques en 2013

[Eikichi Onizuka]

Je devrais pouvoir me faire une p'tite séance BR cette semaine.

[Dunandan]

Shaun of the dead

Réalisé par Edgar Wright, Avec Simon Pegg, Nick Frost, Dylan Moran Comédie/horreur, USA, 1h39 - 2005

9.5/10

Résumé :

À presque 30 ans, Shaun ne pense qu'à passer du bon temps avec ses potes. Au grand désespoir de sa petite-amie, Liz, qui finit par le quitter. Désespéré, Shaun est décidé à tout réparer. L'attaque sur Londres d'une bande de zombies lui donnera peut-être l'occasion de montrer de quoi il est capable.

Une comédie que je revois carrément à la hausse avec le temps. Pourquoi ? Edgar Wright parvient tout simplement à redonner au film de genre ses lettres d'or. Beaucoup mieux que Braindead, il parvient à jongler aussi bien avec les codes du film de zombie qu'avec ceux de la comédie (avec une pointe de romance pas mièvre), le tout assaisonné de drame familial. Tout ça bien emballé dans le quotidien pittoresque d'un quartier résidentiel de Londres, ce qui confère à ce film une personnalité indéniable.

Comme dans tous ses films, Wright insuffle un petit background vraiment sympa avant d'envoyer la sauce avec cette bande de personnages tous plus attachants/familiers les uns que les autres. Ici il se focalise sur une paire de loosers, faisant flirter son film de genre avec un buddy-movie parfaitement réussi, qui repose pourtant sur une base classique (le coloc' "lourd" égal à lui-même quoiqu'il arrive, et son ami tiraillé entre son désir de changer pour sa copine ou rester avec ses potes). Faut dire que j'adore leur bouille, et j'y retrouve un peu l'esprit des Clerks.

Le gros talent du réalisateur repose aussi sur sa maîtrise du rythme et de ses ruptures de ton, insufflant ainsi à l'histoire une énergie dépotante, notamment en gérant habilement la surprise en faisant appel à des références au genre zombiesque (surtout la fameuse trilogie de Romero) au sein de séquences normalement banales comme le matin au réveil, les toilettes, la bouteille de lait qu'il faut aller chercher chez l'épicier ... Même la musique et les bruits jouent un rôle dans tout ça (après il n'est plus possible d'écouter Queen de la même manière).

Pour terminer, pour les amateurs de gore c'est bien sûr plus drôle que terrifiant, et c'est même assez soft dans l'ensemble, hormis le climax final qui livre un bel hommage au genre avec du démembrement et de la tripaille. Encore une fois, les séquences d'affrontement rivalisent d'inventivité en jouant avec les codes du genre : Shaun qui ne capte rien à ce qui lui arrive en allant à l'épicerie, zombie ou pas, et son premier face-face juste hilarant qui consiste à trouver l'arme la plus efficace, avec quelques ratés... Vraiment, un film qui fait monter le moral à 100/h par son énergie, son fun, en réussissant tout autant ses parties romantique, comique (y compris durant les moments les plus horribles), et d'émotion.

Surnotage assumé. Pour moi l'une des plus grandes réussites du mixte comédie-horreur, tout simplement. Et accessoirement un grand hommage au film de zombies.

[Dunandan]

Je devrais pouvoir me faire une p'tite séance BR cette semaine.

Un western sous-estimé mais bien sympa

T'avais pas une heure à perdre pour rajouter un point?

Ben non

[Jack Spret]

Je trouve pas que tu surnotes, c'est clairement un super hommage aux films de zombies.
Perso, je m'en lasse jamais et il est toujours aussi drôle.
Il peut largement subir plus de visionnage que Hot Fuzz qui est un peu surestimé je trouve.

[Dunandan]

Tiens je suis d'accord pour Hot Fuzz (contrairement à certains sur le forum), je l'aime bien mais je le trouve quand même moins fun et abouti que Shaun of the dead. La durée est sûrement un + pour ce dernier pour un rythme qui ne faillit jamais.

[Eikichi Onizuka]

Perso c'est l'inverse. Je préfère Hot Fuzz. Avec Shaun of the dead, les blagues supportes moins le re-visionnage car on les connais trop et au final je ne rigole plus. Hot Fuzz ça marche par contre. Bon après SotD ça reste très bon et puis point bonus pour une des scènes du début ou l'on voit un vinyle White Stripes dans leur salon.

[Dunandan]

Arizona Junior

Réalisé par Ethan Coen Avec Nicolas Cage, Holly Hunter, Trey Wilson, John Goodman, William Forsythe Comédie, USA, 1h34 - 1987

7.5/10

Résumé :

Hi, impénitent cambrioleur de supermarchés, passe beaucoup de temps dans la prison de Tempe en Arizona. Il y rencontre un jour Ed, charmante femme policier, dont il tombe éperdument amoureux. Terminé les braquages, il se marie et part pour l'usine qui ressemble somme toute à la prison. Hi et Ed voudraient un enfant mais Ed est stérile. Or un jour des quintuplés font la une de la presse locale. Hi et Ed décident d'en voler un.

Les frères Coen ont le chic de nous offrir des intro du tonnerre. En une dizaine de minutes, on fond devant ces deux personnages gonflés d'espoir pour une vie qui leur convient. Nicolas Cage (Hi) a juste une gueule géniale dans la peau de ce gentil récidiviste allant en prison car trop paumé, et à côté Holly Hunter (Ed) est toute mi-mi dans celle du flic qui craque entre deux prises de photo pour l'un de ses prisonniers. Ensuite ça se gatte pour eux : Hi étouffe dans sa nouvelle vie familiale et ses instincts de braqueur de supermarché le hantent, et Ed se focalise sur le gosse qu'ils ont kidnappé au détriment de l'équilibre de leur couple.

Une histoire simple comme bonjour si elle n'était pas parsemée de petites références cartoon et d'une énergie folle. La réalisation est top, avec des angles de caméra intéressants et un montage au service d'une action décalée, qui annonce le type de comédie satirique remplie de personnages gratinés que l'on retrouvera chez les frères Coen. Il faut voir par exemple l'évasion des deux compères de Hi sortir du sol de boue comme une seconde naissance, la course-poursuite de ce dernier poursuivi par la moitié du quartier pour un simple paquet de couche-culottes, les marmots montrés comme des anges-démons, ou encore la présentation quasi fantastique du chasseur de primes tout droit sorti de Mad Max et accessoirement incarnation de l'enfant mal aimé.

Derrière de nombreuses idées de réalisation qui repoussent l'ennui, une note d'intention sincère (même si la fin en fait trop) est adressée aux jeunes couples "anormaux" (la fille par sa stérilité et le mec par son passé), les encourageant à aller tout doucement. Un véritable petit souffle d'espoir plane au-dessus d'eux réveillé par l'arrivée du bébé. Ainsi, le jeune couple grandit à sa manière dans ce jeune vis-à-vis : Hi veut s'insérer grâce à l'amour de Ed mais sans oublier d'être un homme (attisé par ses deux collègues qui le manipulent de leur côté), et Ed apprend patiemment à vivre à deux. Ceux qui prétendent avoir une vie "normale" ou familiale ne sont pas mieux et sont brossés à gros traits satiriques, en témoigne le chef d'entreprise qui a tout ce dont il a besoin mais c'est la pagaille totale chez eux (gosses indisciplinés, échangisme ...). Bref, ce film s'installe sérieusement dans mon trio de tête des comédies des Coen, avec The big Lebowski et Le grand saut, qui proposent toutes un portrait au vitriol de l'Amérique et une philosophie de la vie à contre-courant du "rêve américain".

Une jolie comédie satirique sur la vie de couple et de famille, proposant en arrière-plan une philosophie de la vie remplie d'espoir. Le tout animé par des personnages cartoonesques bien gratinés et une réalisation bourrée d'idées.

[Eikichi Onizuka]

Je te rejoins sur la critique et sur la note.
D'ailleurs j'avais fumé avec mon 9/10 !

[Dunandan]

L'enthousiasme de la nouveauté ? Mais de façon générale c'est assez magique de découvrir un Coen des années 80-90. Après la qualité varie sérieusement ...

[elpingos]

Film vraiment sympa, et c'est marrant d'ailleurs qu'ils n'aient pas plus réutilisé cet aspect cartoon bien senti dans leurs autres comédies...

[Mark Chopper]

Il y a eu Mort sur le grill, indirectement.

[Dunandan]

Symbol

Réalisé par Hitoshi Matsumoto Avec Hitoshi Matsumoto, Luis Accinelli, Lilian Tapia Comédie/SF, Japon, 1h27, 2009

8/10

Résumé :

Un japonais se réveille un beau jour, seul, dans une pièce immaculée de blanc, sans fenêtres, ni portes. Lorsqu'il appuie sur une protubérance en forme de pénis fixée sur au mur, une brosse à dents rose apparaît comme sortie de nulle part et enclenche une série d'événements vraiment étranges.

Roh c'est quoi ce film ... Trop difficile à raconter. Je ne parle pas de l'intrigue, au fond très simple, mais il est très difficile de raconter le délire sans casser le plaisir de la découverte d'une des comédies les plus originales qu'il m'ait été donner de voir. Matsumoto fait en fait un mixte entre Cube (huis-clos sans explication) et Babel (deux histoires parallèles se déroulant dans deux pays qui n'ont apparemment aucun rapport), en alternant ambiances tacos et manga WTF, en faisant toujours appel à notre âme d'enfant. Ce décalage constant fera le bonheur de certains (en tête : la stratégie et l'explication manga que le japonais déploie pour sortir...).

Dommage que la dernière partie, plus "ambitieuse", soit un peu trop vite expédiée à mon goût, bien qu'au passage l'idée est vraiment sympa, à savoir tourner en dérision tous les films projetant une seconde lecture mystique plutôt douteuse. J'avais un peu peur au début car il ne s'y passe pas grand chose, mais c'est finalement le temps nécessaire pour nous plonger dans l'imagination débordante du réalisateur (l'aspect totalement ridicule du catcheur, l'allure à l'ouest et les mimiques du japonais) et faire les rapprochements nécessaires (mais à quoi sert ce zizi ... ?), pour enfin nous surprendre constamment avec trois fois rien. Par cet esprit minimaliste du gag visuel et de répétition, et l'art d'utiliser son faciès (contre Kitano dont il est un peu la relève comique, Matsumoto recycle son style exubérant de la scène télévisuelle), il y a du clown moderne en lui qui fait du bien au petit japonais qui sommeille en nous. Un film qui supporte d'ailleurs bien les revisions tant il multiplie les ruptures de ton et les petits niveaux de lectures, ou juste pour apprécier avec quelle minutie un gag est construit.

Une comédie WTF impossible à raconter qui ressuscite le genre de l'absurde à la japonaise avec une pointe de poésie visuelle, à renfort de gags qui annihilent de manière jouissive toute logique.

[Dunandan]

Big man Japan

Réalisé par Hitoshi Matsumoto Avec Hitoshi Matsumoto, Riki Takeuchi, Ua Comédie/fantastique, Japon, 1h38 - 2007

7/10

Résumé :

Afin d'éradiquer les crapules titanesques qui viennent terroriser la ville de Tokyo, Masaru Daisato, un homme banal, se transforme en géant, grâce au pouvoir de l'électricité.

Encore un bel OFNI de Matsumoto, qui reprend ici le genre du kaiju eiga (film de monstres japonais) à sa sauce. Comme dans Symbol, l'histoire commence doucement mais sûrement pour nous introduire ce drôle de héros japonais complètement blasé et détesté par tout le monde, pour des raisons diverses (aucun style de combat, anti-écolo, moche et sans charisme). Le point de vue semi-documentaire est idéal pour montrer de manière crédible et intimiste la banalité de la vie de ce looser, qui est au fond comme tout le monde avec son lot de problèmes, et que l'on prend ainsi de sympathie. C'est entrecoupé bien sûr par des combats de monstres précédés par un descriptif bien délirant.

Bien qu'il s'agisse d'une comédie, le ton est surprenant, très strip-tease dans l'idée (l'émission de Fr3), nous livrant ainsi un humour pince-sans-rire et assez imprévisible. Ce style docu' permet aussi de faire une radiographie désenchantée d'un genre très prisé par les japonais, en se centrant tout particulièrement sur les relations interpersonnelles et familiales (le passage du flambeau), et tous les aléas existentiels d'un héros mal-aimé par le star system et son public. Bref, un film plus subtil qu'il en a l'air et qui surprend par un premier degré, qui contraste avec un contenu assez tordant et décalé. Dommage que le rythme tombe parfois un peu à plat, c'est la limite de la mise en scène, et c'est assez moche (qualité PS2) dès qu'on passe à l'affrontement entre monstres géants, mais je pense que c'est voulu pour coller au style kitsch de ce type de production. Enfin le final est bien WTF, et pousse l'hommage au genre jusqu'à la corde avec beaucoup d'auto-dérision.

Un bel hommage au film de monstres japonais, qui livre un point de vue décalé et désabusé avec un personnage assez attachant car monsieur-tout-le-monde.

[elpingos]

2 belles comédies à ne pas mettre entre toutes les mains

[Dunandan]

Non c'est sûr qu'il faut être un minimum accoutumé aux comédies (et aussi à la culture) nippones, d'autant plus, et je trouve ça fort, que ce réalisateur ne cherche pas l'humour facile, bien que ce soit quand même barré.