Kitchen StoriesComment suis-je arrivé à regarder ce film suédo-norvégien ? C'est toute la question que vous devez vous poser, pour un film qui à mon avis vous est totalement inconnu. Cette année, avec ma promo de M1 Ethnologie, nous avons fondé une association, de jeunes ethnologues. Pour dynamiser la filière, très peu (re)connue nous avons organisé des rencontres autour de débats mais également de films. Il y a deux semaines je présentais Cocorico Monsieur Poulet, un film ethnographique franco-négérien. Cette semaine, une collègue nous faisait découvrir un film qui a tendance à lorgner sur l'ethnologie. Avant d'en parler un peu plus, je poste le synopsis d'allociné pour vous immerger dans ce film franchement atypique.
Dans les années cinquante, durant le boom industriel de l'après-guerre, un groupe d'observateurs suédois du Home Research visite un village norvégien en vue d'étudier la routine des hommes célibataires dans leur cuisine. En aucun cas, les observateurs ne doivent parler à leurs hôtes. Il en résulte une fable pleine d'humour sur l'amitié et l'éternel désir humain d'échapper aux classifications. Pourquoi évoquer l'ethnologie ? C'est tout simplement à cause de l'observation. Ma discipline a comme but d'observer, de mieux connaître l'autre. L'autre exotique comme le faisait Levi Strauss en Amazonie ou l'autre dit proche qui serait mon voisin ou bien encore la campagne bretonne. L'observation est un point important et essentiel. Dans ce film il est mis en avant. Le fait que les observateurs ne puissent pas interagir avec les observés nous ramène à l'objectivisme qui veut que l'observateur soit invisible. Lors de tournages de films ethnographiques on parle de candide camera, oublier le cameraman, faire comme si il n'était pas là. Impossible ! C'est en discutant, échangeant que l'on apprend de l'autre. Je ne sais pas si le réalisateur a volontairement voulu exposer ces faits mais ce film apporte un regard sur cette discipline. Après ce passage barbant, il est peut être temps de parler du film en quelques lignes.
Évidemment toute l'histoire ne ce passe pas comme prévu. L'observé devient à son tours et à l'insu de l'observateur, lui même observateur. Les codes se brisent, la discussion s’établit et l'amitié née. Une amitié cachée car la haute autorité, rappelez vous, interdit tout contact. La jalousie d'un voisin envenime les choses. Bref on frôle parfois l'absurde, les gags sont toujours bien pensés et loin d'être lourd. Pour dire vrai on s'approche parfois de l'univers un peu décalé de Kusturica, avec une ou deux scènes totalement loufoques, des personnages assez étranges et une ville coupée du monde. Toutefois je tiens à vous prévenir certains passages sont un peu lents, mais peut être nécessaire. De mon coté je n'ai pas souffert de ces 2-3 longueurs et les 1h30 sont passées rapidement. Ça reste une sympathique comédie, qui m'était totalement inconnue et qui a l'avantage de me faire réfléchir sur ma discipline actuelle. Le film ne plaira pas à tout le monde c'est certain, mais si un jour vous tombez dessus, regardez le, c'est pas tous les jours qu'on regarde ce genre de film.
7,5/10