Bon ça sent le fan de WKW quand même, mais ça donne sacrément envie.
The Grandmaster permet à Wong Kar-wai d’atteindre un niveau de pureté cinématographique à peu près sans égal. Cette pureté, étroitement liée à un basculement accompli vers une forme d’abstraction (entamé il y a déjà longtemps par le réalisateur qui a rapidement perverti le réel), ne l’empêche pourtant jamais d’ancrer son film dans un discours extrêmement cohérent et multiple, construisant à travers la philosophie des arts martiaux et leurs différentes approches un portrait inédit de ce qu’est devenu la Chine contemporaine.
Wong Kar-wai ne filme pas une scène de combat car il fait un film sur un maître de kung-fu mais il le fait car cette scène est nécessaire pour construire son personnage et son récit.
Non seulement The Grandmaster est un modèle de mise en scène élégante et réfléchie, car tantôt organique, tantôt intime ou plus atmosphérique, elle est en permanence en fusion totale avec le récit, mais il reste également un modèle de narration éclatée. Lister les grandes scènes tient de la mission impossible tant chaque plan est un tour de force, qu’il s’agisse de la composition des cadres ou du mouvement, comme du découpage (la séquence où Zhang Ziyi couvre Chang Chen de son manteau par exemple représente la grâce faite film) à l’exception donc de ces transitions abruptes liées à un montage pas tout à fait achevé.