800 balles++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Alex De La Iglesia (2002) |
8.5/10++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ Un nouvel uppercut de la part de l'un des réalisateurs européens les plus inspirés de notre génération, en tout cas l'un des seuls qui possède cette fougue si reconnaissable, autant dans les images qu'il produit que dans sa façon de les raconter. 800 balles est l'occasion pour le cinéaste de rendre un nouvel homme au cinéma qu'il aime, le western pour cette fois et c'est fait avec tellement de respect pour les gimmicks qu'il s'approprie qu'on ne peut que se laisser porter pour 2h de plaisir intense en pleine espagne poussiéreuse où les moteurs diesel côtoient les colts et les vieilles ambiances du far west.
Une nouvelle fois, le réalisateur se démarque par cette capacité innée qu'il a à provoquer les ruptures de ton. Si toute la première partie de son film est assez légère et l'occasion pour lui de tirer son chapeau à tous ces westerns qui nous ont tous fait briller les yeux, en refaisant à sa sauce ce que le genre a de plus typique, il sort les armes pendant toute la dernière heure pour insuffler à 800 balles un côté bien plus sombre car réaliste. C'est aussi ce que j'aime dans le cinéma de l'espagnol, cette capacité à retomber sur ses pieds alors même qu'il part loin dans cette recherche du burlesque maîtrisé.
Le panache de ses oeuvres, il le trouve aussi dans ce savoir faire qui est sien en matière de mise en scène. 800 balles est empreinte de sa technicité qu'il allie à une créativité sans borne pour nous offrir des passages savoureux. Comment ne pas sourire devant cette fête complètement débridée où filles de joie font la danse des canards les seins à l'air alors que les hommes se laissent aller au jeu et la picole sans aucune bride. De La Iglesia se permet même d'y insérer un enfant, qui semble être la seule présence qui ait les pieds sur terre dans cet univers en roue libre. Le contraste est saisissant et permet au film, malgré ses airs complètement excessifs, de ne pas nous perdre.
Enfin, impossible de parler de 800 balles sans évoquer ce grand père haut en couleurs, incarné par un Sancho Gracia terriblement incarné. Il apporte malgré son âge une fraîcheur au film qui fait plaisir. Toute sa bonne humeur, cette joie de vivre qu'il dégage ainsi que son franc parler et son caractère entier font de cet homme un être auquel on s'attache tout de suite. Le reste du casting sent bon l'univers De La Iglesia, on retrouve les habituelles bonnes trognes qui peuplent ses bobines. Et comme à son habitude, il prend un malin plaisir à filmer de près les jolis corps de ses actrices, toutes superbement mises en valeur. Le bougre sait y faire pour nous attendrir avec quelques bouts de tissus judicieusement dépiécés !
800 balles est un moment jouissif qui donnera le sourire à tout amateur de western et de l'univers de De la Iglesia. On y sent, comme dans chacun de ses films, un amour véritable pour ce cinéma qui le passionne. Véritablement habité par un univers qui lui est propre, il ne cesse, réalisation après réalisation, de proposer à ses spectateurs des moments d'évasion faits d'images et de sentiments, avec une générosité jamais contenue.