The Devil's Advocate (L'Associé du Diable) de Taylor Hackford
(1997)
Un film que j'appréhendais de visionner à nouveau, de peur de le revoir sérieusement à la baisse, et finalement ça passe tout seul. Mieux encore : le film est bien plus intéressant à revoir, non seulement pour y déceler des subtilités qu'on aurait pu louper par le passé, ou tout simplement parce qu'il paraît impensable de revoir un film pareil aujourd'hui. Vendu sur les simples noms de son duo d'acteur, mêlant l'acteur qui n'avait plus rien à prouver et le jeune loup en train de percer à vive allure, The Devil's Advocate est pourtant bien plus qu'il n'y paraît. Il est difficile de découvrir le film sans être totalement spoilé sur la nature même du métrage (même la bande-annonce d'époque dévoilait le premier twist du film), mais le fait est que même sans la surprise, l’œuvre conserve néanmoins un impact bien réel, ou comment basculer du drame au fantastique peu à peu. Malgré sa longueur, le récit n'est jamais ennuyeux, soutenu par un rythme qui ne faiblit jamais, et la dernière demi-heure déjoue toutes les attentes non seulement en allant à fond dans le trip fantastique mais aussi via un ultime retournement de situation qui, loin d'être un effet de petit malin, se révèle être la conclusion méritée d'un récit qui assume sa vision jusqu'au bout (à ce titre, la réplique finale est sacrément jouissive).
Si Taylor Hackford est loin d'être un grand réalisateur, il n'en est pas moins un faiseur honnête capable de bonnes surprises, et on est sans aucun doute en face de son meilleur film. La mise en scène s'efface derrière son sujet pour finalement surprendre et changer de ton de la même façon que le récit (la rupture totale étant finalement cette scène hypnotisante de l'avocat dans les rues désertes de New-York), et le dernier dialogue entre Al Pacino est Keanu Reeves est vraiment bien maîtrisé (avec, de surcroît, quelques très beaux plans), malgré son côté explicatif qui aurait pu rendre la séquence ennuyeuse. Al Pacino est juste magistral et, chose étonnante, n'en fait pas des tonnes malgré un personnage qui aurait clairement pu le faire partir en roue libre. Keanu Reeves souffre évidemment de la comparaison avec son confrère, mais le fait est qu'il livre là une interprétation honnête et sans faute, de loin son meilleur rôle avec la trilogie Matrix. On même le droit à Charlize Theron et Connie Nielsen en atouts charme, et ça fonctionne très bien. Un film très recommandable sur la tentation et l'ambition dans la société d'aujourd'hui, et qui vieillit étonnamment bien.
NOTE : 8/10