Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain de Jean Pierre Jeunet
Synopsis: Amélie, une jeune serveuse dans un bar de Montmartre, passe son temps à observer les gens et à laisser son imagination divaguer. Elle s'est fixé un but : faire le bien de ceux qui l'entourent. Elle invente alors des stratagèmes pour intervenir incognito dans leur existence. Le chemin d'Amélie est jalonné de rencontres : Georgette, la buraliste hypocondriaque ; Lucien, le commis d'épicerie ; Madeleine Wallace, la concierge portée sur le porto et les chiens empaillés ; Raymond Dufayel alias "l'homme de verre", son voisin qui ne vit qu'à travers une reproduction d'un tableau de Renoir. Cette quête du bonheur amène Amélie à faire la connaissance de Nino Quincampoix, un étrange "prince charmant". Celui-ci partage son temps entre un train fantôme et un sex-shop, et cherche à identifier un inconnu dont la photo réapparaît sans cesse dans plusieurs cabines de Photomaton.Jean Pierre Jeunet nous revient donc 4 ans après sa petite escapade hollywoodienne pour ce qui est sans doute son film le plus personnel à ce jour. On y découvre une Audrey Tautou alors (quasiment) inconnue, 3 ans avant le chef d'oeuvre que sera un long dimanche de fiançailles. Jean Pierre Jeunet est sans doute le réalisateur le plus atypique dans le paysage cinématographique français. Son style très personnel ne plait assurément pas à tout le monde, et je dois avouer qu'il m'a fallu quelques années pour y adhérer (delicatessen ou bien encore la cité des enfants perdus). Le fabuleux destin d'Amélie Poulain n'échappe pas à la règle, mais il est malgré tout plus grand public que ses précédesseurs (alien mis à part). Alors, près de 7 ans après la sortie du film au cinéma, que reste-t-il ? A l'époque certaines critiques ont vu dans ce film une France idéalisée, limite homophobe (le seul arabe du film s'appele lucien !). Bon c'est sûr qu'il y a de quoi se poser des questions. Jeunet nous livre une France d'un autre temps, lorsqu'il explore Paris, la ville est à l'image de l'héroïne (amélie, pas la drogue), et ça se traduit à l'écran par un refus catégorique de la réalité. En parfait contrepoids Jeunet nous présente des personnages bourrés de défauts qui vont les rendre attachants. Prenons au hasard l'hypocondriaque notoire, l'amant jalou, le poète raté ou encore l'homme de verre...et j'en passe... Bon revenons à nos moutons maintenant !!!
Jeunet nous livre donc un film à la fois tendre, poétique, délivrant le message d'amour le plus simple qui soit: apprécier les choses de la vie, aussi simple soient-elles. Se contenter de ce qu'on a, sourire à la vie malgré les blessures qu'elle nous inflige. Car c'est de ça qu'il s'agit, tous les personnages sont torturés, et vivent tous dans une profonde solitude. Bien sûr ça peut paraitre un peu gnangnan vu comme ça, mais après tout pourquoi pas ? Je crois que je me suis beaucoup identifié à cette Amélie dans un certain sens. Identification plus aisée aux personnages du film dans la mesure où aucun personnage ne semble sortir d'un magazine de mode, le casting est en lui même impeccable. On retrouve des "gueules" chères au réalisateur (dommage qu'on ait pas eu droit à Ron Perlman). Le film est au final un assemblage de petites choses, de petits rien du tout, qui mis bout à bout prennent la plus grande des significations. Bien sûr, ces petits rien, ce sont des souvenirs d'enfance du réalisateur, souvenirs finalement partagés par toute une génération dont je suis exclu (sans y être insensible pour autant) alors s'imprégner du film n'est pas forcément aisé au 1er abord. Accompagnée par une bande originale composée de main de maitre par Yan Tiersen, la photographie aux tons rouges, ocres et verts contribue à rendre le film unique. Jeunet prouve en outre une fois de plus qu'il est un excellent faiseur d'image, c'est simple, chaque plan ressemble à un tableau de maitre. Là aussi bien sûr, ça ne plaira pas à tout le monde. A celà s'ajoute un humour pince sans rire qui flotte sur le film à tout instant. Un pur moment de bonheur.
Voilà mon ptit avis sur mon plus gros coup de coeur de 2001, mais qui ne fera sans doute pas l'unanimité.
9/10