Boulevard des Chattes Sauvages, de Yasuharu Hasebe (1970)
(Stray Cat Rock : Sex Hunter) L'histoire : A Okinawa, une bande de filles s'oppose à une bande de garçons, ces derniers souhaitant expulser de la ville tous les métisses japonais/américains...Troisième volet de la saga
Stray Cat Rock qui en comprendra cinq au total, tous tournés sur une période d'un an,
Boulevard des Chattes Sauvages reste le seul à avoir été exploité en dehors du Japon, notamment aux Etats-Unis et en France. Rien d'étonnant, ce film surpassant sans peine les paresseux et dispensables premiers volets, grâce à son écriture moins brouillonne, qui développe d'intéressantes thématiques, sa mise en scène plus appliquée et sa capacité à iconiser, peut-être pour la première fois, celle qui sera l'idole féminine du cinéma japonais des années 1970 : Meiko Kaji. Arborant ici une tenue qu'elle reprendra à l'occasion dans la saga
La Femme Scorpion et le premier
Wandering Ginza Butterfly, tenue à ce point marquante que Sion Sono lui rendra hommage dans son chef-d'oeuvre
Love Exposure, elle impose enfin ce jeu qui l'a rendu si célèbre, avec une économie de mots et son regard noir, perçant et envoûtant.
Reprenant la trame d'un de ses anciens films,
Savage Wolfpack, Yasuharu Hasebe (réalisateur du premier volet qui reprend les choses en main après avoir laissé les clés du
second à Toshiya Fujita) livre un long-métrage en phase avec son époque, entre anti-américanisme et fascination pour la culture de l'occupant, avec cette jeunesse en mode
sexe, drogues et rock'n'roll qui lui permet d'aborder le thème du racisme et celui de la crainte de l'émancipation féminine. Mais il emprunte aussi à un genre en perdition : le western. A la fois tourné vers le passé et l'avenir, ce film incarnant le véritable acte de naissance de la
pinky violence après des tentatives bien trop brouillonnes,
Boulevard des Chattes Sauvages n'est certes pas sans défaut dans son écriture, mais il mérite d'être vu par tout fan de Meiko Kaji qui se révèle, une fois de plus, irrésistible.
Un film dont l'ambiance psychédélique risque d'en dérouter plus d'un, mais qui reste malgré tout une date pour le cinéma d'exploitation japonais des années 1970.
Note : 6,5/10