To The Wonder (A la Merveille) de Terrence Malick
(2013)
Une énorme déception. Jusque là, Terrence Malick avait clairement réalisé des films moins bon que d'autres, mais pas à ce point là, et c'est d'autant plus marquant qu'un tel film arrive deux ans après son chef-d’œuvre. La note d'intention du projet avait vraiment de quoi faire saliver, puisque Malick s'intéresse cette fois au film de couple à travers plusieurs stades, entre une jeune femme vivant en France et un américain qui va la persuader de partir aux États-Unis avec elle. En soi, le film est loin d'être totalement mauvais, mais son plus gros défaut vient de la comparaison avec l'autre film de romance qu'avait réalisé Malick auparavant. Car là où The New World proposait une histoire déchirante, un véritable triangle amoureux exploité, To the Wonder montre quelque chose de bien plus fade et qui donne l'impression d'avoir été vu ailleurs de meilleure façon. Pour ce film, Malick retrouve plus ou moins le même style de mise en scène et de narration que dans The Tree of Life, mais le fait que là où ce dernier permettait de s'attacher vraiment aux personnages présentés, ici on se désintéresse plus qu'autre chose du destin de ce couple dont la destinée se voit venir longtemps à l'avance.
L'autre problème du film vient d'un parti-pris pourtant intéressant, puisque le scénario s'intéresse avant tout au point de vue féminin, mais là encore le fait de ne pas comprendre le personnage de Ben Affleck empêche totalement l'attachement au couple dans sa globalité, et c'est encore pire lorsque arrive le personnage de Rachel McAdams, trop peu traité à l'écran pour être intéressant. Même le personnage de Javier Bardem paraît traité de façon assez grossière, se contentant finalement d'être un spectateur passif n'ayant aucune action sur le déroulement du film. Comble de la déception, le montage est ici clairement anecdotique comparé aux films précédents de Malick. Là où The Thin Red Line, The New World et surtout The Tree of Life s'inspiraient du montage russe pour créer un sens entre les images et décupler la puissance du propos, To the Wonder se contente d'aligner les images les unes après les autres, donnant la véritable impression de se retrouver devant une œuvre que son auteur ne maîtrise pas complètement. Reste donc une jolie bande-son, une Olga Kurylenko magnifique et surtout une mise en scène à tomber par terre, dans la lignée de The Tree of Life avec une caméra en perpétuel mouvement et des plans beaux à en pleurer, mais ce n'est hélas pas assez pour faire un film, et il serait bon que Terrence Malick s'en souvienne avant de renouveler l'erreur sur ses prochains métrages.
NOTE : 6,5/10