Un DTV notable mais qui se tire une balle dans le pied...
Cold Blood alias Deadfall alias Blackbird. Autant de titres pour cacher la misère d'un scénario au rabais, allant piocher allègrement dans Un plan simple de Raimi. Y'a pas grand chose à en dire si ça n'est que c'est vraiment bien torché pour un film directement sorti en vidéo chez nous. Eric Bana cabotine à mort et ça fonctionne. Il vole carrément la vedette à tous les autres acteurs dont le cerveau semble gelé par le froid glacial qui fournit aux paysages une jolie dimension picturale, notamment avec une course de motoneiges haletante. D'ailleurs, il est rageant de constater que le film soit scindé en deux: d'un côté la survie d'Adisson et de l'autre, la romance niaise de sa soeur avec l'acteur principal de la série Sons of anarchy. Il y a deux mots, pour exprimer sa qualité de prestation: monolithique ou inexpressive. Je parierai plutôt sur la deuxième catégorie. Un thriller qui se laisse regarder mais dont la fin téléphonée mérite qu'on traque à mort le scénariste jusque dans les plus hauts recoins des vallées enneigées de l'Amérique du Nord.
"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ? - Si c’est un échange de fluides corporels, je suis pas contre. Mais alors dans ce cas, tu passes devant."
Après Martine, les aventures estivales des Puputes !
Mais qu'est-ce que je pouvais attendre d'un tel film où la bande annonce, superficielle à outrance, montrait déjà tout ce que j'allais devoir subir durant plus d'1h30 ? Oubliez l'expérimentation de la mise en scène ! Korine nous met deux trois ralentis de fessiers juvéniles et de décolletés aguicheurs sur fond d'électro, mixant le noir et blanc et les couleurs criardes comme pour nous expliquer à nous, abrutis consommateurs de publicités et de clips musicaux, que notre génération ne se base que sur le physique et sur le buzz, sur l'apparence et la transparence médiatique. Oubliez la subversion espérée ! Korine prend des égéries Disney toutes proprettes pour que son message vomitif à souhait soit compris par le plus idiot de ses spectateurs. Oubliez le franchissement des limites propre au statut indépendant d'un tel cinéaste ! Korine nous balance dix milles plans de boobs sans qu'aucun ne dépasse vraiment 2 secondes, le tout sans jamais mettre le sexe au centre de son message racoleur et pervers.
Puputes en cours de gym.
Fort d'un buzz alimenté par des milliers de puceaux en chaleur, rodés à l'idée de voir se faire dépuceler de jeunes ados pré pubères par de jeunes adultes testostéronés à Miami, capitale du bling bling assumé, Spring Breakers est le genre de film aussi inoffensif qu'un exhibitionniste sur une plage nudiste. Autant la mise en scène fait l'effort de subjuguer par des idées clairement à l'opposé de ce que le public rameuté attend (le braquage filmé de l'extérieur, nous ramenant à notre état de voyeur), autant la philosophie qui se dégage des scènes, des images et des dialogues est d'une connerie abyssale. Le tout chaperonné par un James Franco en totale roue libre, sorte de chapelier fou dans un monde de vices et d'interdits.
Puputes en balade.
Alien ! Non mais le type s'appelle Alien ! Comme si on avait pas compris que cette période de Spring Break était l'occasion de voir un monde nouveau, interdit, dangereux et excitant. Comme si cette planète de faux-semblants ne pouvait pas nous être présentée autrement que par un type qui s'appelle Alien. Comme si le film n'était voué à être visionné que par des Mormons. De toute manière, c'est sûr que la planète MTV, j'en suis mais alors à des années lumière. Il y a une telle quantité de scènes hilarantes qu'on est en droit de se demander si Harmony Korine n'a pas louper sa vocation. Il faut voir des jeunettes inconscientes se vanter d'avoir braquer un fast food, voir James Franco chanter et jouer au piano du Britney Spears, voir la femme du réalisateur se faire limite violer par une bande d'ados en rut pour se rendre compte qu'on touche là au sublime de la déliquescence. Dutroux approved !
Puputtes en vendetta.
Spring Breakers est une farce acidulée, à la psychologie de bazar et à la photographie aussi somptueuse qu'un cocktail mais tout aussi faible en punch. Je préfère me regarder un clip MTV d'un groupe de rap américain lambda. Au moins ça dure 5 minutes à tout casser et ça essaye pas d'être intelligent.
"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ? - Si c’est un échange de fluides corporels, je suis pas contre. Mais alors dans ce cas, tu passes devant."
Et encore, je voulais être encore plus méchant mais bon, j'me suis dit qu'il y avait des fans alors j'me suis retenu
"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ? - Si c’est un échange de fluides corporels, je suis pas contre. Mais alors dans ce cas, tu passes devant."
La promo a eu un double effet kiss cool : attirer plus de spectateurs mais décevoir ceux qui l'ont jugé à ses publicités sans s'intéresser au passif du réal.
A force de le démonter, vous me donnez envie de le voir. Un peu comme Cosmopolis l'année dernière, que j'avais été l'un des seuls ici à aimer.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."
C'est toujours jouissif de voir les Américains se prendre une grosse branlée !
Alors qu'on pourrait croire à la vue de l'affiche qu'on va se retrouver en face d'un clip patriotique, cherchant à embrigader par des notions séculaires de vaillance et d'honneur des jeunes désoeuvrés, Antoine Fuqua détourne les attentes de certains et les craintes des d'autres en livrant un actionner aussi efficace qu'inattendu. Dans la droite lignée des Die Hard (on pense énormément à Une journée en enfer), La chute de la Maison Blanche n'épargne pas les Américains et leur statut de "maîtres du monde", les mettant en proie à une menace fantôme qui montre que leur pseudo-invincibilité n'est pas si méritée que ça. Une prise de risque honorable dans une production estampillé 100% américaine.
Gerard Butler est une vraie réponse à John McClane.
Cependant, je suis conscient qu'il s'agit d'un film et qu'il ne reflète en rien la réalité. Mais lorsqu'on cherche à créer de l'empathie avec un fait possible ou probable qui toucherait la plus puissante force mondiale (avec la Chine, il ne faut plus se leurrer), on emprunte quand même aux traumas et aux peurs des citoyens et des gouvernements, américains en premier lieu mais pouvant prendre une proportion mondiale et s'appliquer à de nombreux pays qui sont susceptibles d'être dans la ligne de mire de dictatures ou de pays oppressés (notre entrée en guerre au Mali peut éventuellement donner lieu à ce genre de scénarios catastrophes). Ce qui est d'autant plus intéressant dans ce film, c'est la balance constante entre patriotisme exacerbé (les discours du président, l'homme patriote) et pertes humiliantes (destruction de l'Obélisque, bannière étoilée mitraillée, innocents tués par dizaine).
Y'a des plans tellement jouissifs !
Avec Du plomb dans la tête, on est servis en terme de nostalgie. Le film de Fuqua est un retour aux sources, directement ancré dans les années 80 où l'action ne servait que la forme et non le fond. Gerard Butler s'inscrit dignement dans les plus grandes figures héroïques jamais vu sur grand écran. Son style de baroudeur pétri de punchlines et d'une carrure imposante en fait un homme de terrain plus que suffisant pour passer 2 heures trop courtes en compagnie de ce que les Etats-Unis savent livrer de meilleur en terme de sauveur. D'ailleurs, son héroïsme est passé sous silence à notre plus grande joie, le rendant d'autant plus admirable et évitant ainsi une happy end trop téléphonée. Mais cette fin à un arrière goût de patriotisme gerbant sous prétexte que l'Amérique est capable de se relever de tout et n'importe quoi, sans avoir besoin de le crier sur les toits.
Les hommes de l'ombre sont d'une inefficacité exemplaire, au grand dam du héros.
En terme d'action, on est bien servis avec des explosions dantesques (d'ailleurs les références à la mythologie sont omniprésentes), des fusillades nourries, des headshots violents et nombreux. Banning ne s'ennuie jamais et avance, tel un minotaure enragé, dans les couloirs labyrinthiques de la Maison Blanche, à la recherche de pauvre Nord-Coréens perdus loin de chez eux. Jeu de cache-cache en huis-clos géant, le rythme est soutenu tout du long avec des interventions fréquentes du Pentagone, permettant de souffler entre deux combats musclés. La VF est plutôt bonne à ma grande surprise, même si on perd en iconisation lors de punchlines qui s'avéraient puissantes en version originale et qui perdent en intensité une fois traduites.
Pour faire chuter la Maison Blanche, la Corée n'y va pas par 4 chemins.
Généreux, encourageant pour la suite de la carrière de Butler, efficace dans sa capacité à livrer aux spectateur un concentré d'action pure et brutale, Antoine Fuqua fait carton plein et offre un film d'action couillu et old school, pour le bonheur des vieux et, espérons-le, des jeunes, qui peuvent se mettre à apprécier des légendes vivantes, comme nous le faisions étant plus jeunes avec Schwarzy, Stallone et cie.
"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ? - Si c’est un échange de fluides corporels, je suis pas contre. Mais alors dans ce cas, tu passes devant."
Cent fois plus ! Ça torture, ça headshote, ça se bat à mains nues en close combat. C'est du très lourd !
"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ? - Si c’est un échange de fluides corporels, je suis pas contre. Mais alors dans ce cas, tu passes devant."