MES CHERS VOISINS++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Alex De La Iglesia (2000) |
7.5/10++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ Film typique de son auteur, mes chers voisins est une belle comédie noire à l'acidité très marquée. Sous ses faux airs de farce comique se cachent en effet une belle critique de ce rapport qu'a l'humain avec l'argent. Difficile en effet de ne pas céder à son appel et ce qu'il représente. Vie plus facile d'où la nécessité de travailler n'est plus qu'un lointain souvenir mais également cet indéniable pouvoir qu'il procure. Mais bien plus que ces effets matérialistes, c'est bel et bien à ce côté obsessionnel qu'il peut déclencher que le cinéaste met en exergue ici.
A travers une galerie de personnages bien barrés ayant tous le même but, à savoir un trésor en billets planqué dans l'immeuble qu'ils habitent tous, De La Iglesia s'amuse à montrer le côté pervers qu'engendre ce rêve que beaucoup partagent, à savoir cet accès à une grosse somme d'argent. Unis sans l'être autour de leur objectif commun, les habitants oublieront leurs principes les plus chers pour cette matière sans odeur mais au pouvoir réel. Bien entendu, De La Iglesia oblige, ce n'est jamais martelé avec une quelconque intention moralisatrice mais bien plus un prétexte à la fable sociale où la comédie côtoie le glauque. Et si le sous texte critique est présent, Mes chers voisins est avant tout un très chouette moment de rigolade, assumé dans une surenchère qu'on aurait même voulu encore plus osée pour le coup. Car si le réalisateur parvient sans mal à instaurer une ambiance réussie dans toute la première partie du film, il semble un peu plus timide dans tous son dénouement, en tout cas pas aussi timbré que ce à quoi il nous a habitué.
Toujours est-il qu'on retrouve dans ce film tout l'univers qui fait la force de son cinéma. Des personnages aux tronches bien marquées, aux caractères improbables mais terriblement attachants à l'écran. Des idées qui n'hésitent pas à aller au bout de leur inspiration, comme cet accident d’ascenseur sorti de nulle part qui fait son petit effet. C'est d'ailleurs dans ces petits moments intenses que l'on ressent tout le savoir-faire de De La Iglesia. Sous ses airs de ne pas y toucher, il livre tout de même une bobine très maîtrisée formellement, qui souffre certes de quelques passages un peu limites (la chute de la vieille par exemple) mais qui ne paraissent jamais loupés. C'est vraiment la force de l'espagnol de réussir à sortir le meilleur avec les moyens qu'il a au moment où il réalise ses films. Une nouvelle très belle marche dans une filmographie qui ne cesse de me charmer et conforte ce sentiment qui me fait penser qu'il est assurément l'un des meilleurs réalisateurs européens en activité.