Dream Home, de Pang Ho-cheung (2010) L'histoire : Une jeune femme économise de l'argent pour acquérir l'appartement de ses rêves. Face au refus du couple de propriétaires de baisser son prix, elle décide d'exécuter un maximum de locataires de l'immeuble au cours d'une nuit...Film après film, Pang Ho-cheung s'est affirmé comme la révélation la plus intéressante du cinéma de Hong Kong de ces dernières années, depuis la rétrocession de l'ex-colonie britannique à la Chine, en 1997, jusqu'à nos jours : malgré tout, celui-ci reste un inconnu pour le grand public et n'élargit pas son audience au-delà d'un cercle d'initiés. Son parcours éclectique y est sans doute pour beaucoup : difficile de reconnaître sa patte lorsqu'il signe, la même année, une comédie romantique (
Love in a Puff) et un
revival du
Category III. Loin de l'aspect craspec de ces productions au cours des années 1980 et 1990,
Dream Home surprend avec sa mise en scène soignée et sa magnifique photographie, qui tranchent avec toutes les horreurs présentes à l'écran. Mieux encore : il se présente comme l'une des plus grandes réussites du
slasher et prouve ainsi qu'il est encore possible de livrer un excellent film qui s'inscrit dans ce genre sinistré.
Les scènes intimistes, flash-backs qui présentent les motivations de l’héroïne, m'avaient quelque peu gêné lors de la découverte de
Dream Home, voici deux ans : je les avais trouvées aussi confuses que la chronologie et avais pensé qu'elles malmenaient le rythme de l'ensemble. Nul doute que je ne désirais qu'une chose à ce moment-là, ce que tout amateur du genre attend de ce type de production : des scènes de violence et rien d'autre. Avec cette redécouverte, je trouve ces passages limpides et ils donnent une vraie force au propos. Mieux : ils favorisent l'empathie pour un personnage qui devrait apparaître détestable et rendent l'expérience que constitue le visionnage de ce film encore plus gênante, voire délicieusement malsaine. Le jeu de Josie Ho, interprète principale et productrice, y est pour beaucoup et le fait que son personnage soit une tueuse du dimanche, sans talent pour les exécutions, nourrissent leur caractère singulier.
La force de
Dream Home consiste bien à évoquer une thématique sociale susceptible de toucher un maximum de personnes (crise financière/immobilière), diluée à travers le prisme du cinéma de genre. Rarement un
slasher n'aura offert un tel spectacle en terme d'exécutions : sanglantes, voire carrément gores, celles-ci ne font pas dans la dentelle. Tout y passe : de la femme enceinte au policier en passant par un dealer. Inventives, mêlant souvent
eros et
thanatos (l'incroyable scène de la levrette, qui voit une femme se faire littéralement baiser par un mort), et variées (strangulation, énucléation, éviscération, balle en pleine tête, le tout filmé plein cadre), elles bénéficient d'effets spéciaux et de maquillages de qualité. En somme, une belle réussite sans concession qui gagne à être revue.
Note : 8/10