Sans analyser ou approfondir , je dirais que
To the Wonder est LA réussite de Malick dans le sens où, ça y est, le "poème" tant recherché par le cinéaste existe enfin. De film en film , Malick épurait ses scenarii, épurait sa mise en scène et transformait petit à petit un style plutôt statique pour une mise en scène voluptueuse, tout en mouvement, gracieux, enivrante, immersive et poétique.
A la Merveille est tout cela encore plus que
The Tree of Life. La poésie , qu'on le veuille ou non, peut tout aussi bien raconter une histoire et décrire des personnages à sa façon qu'un roman...Les deux représentent pourtant le même art, à savoir l'écriture mais ils ne l'abordent pas de la même manière. Ils n'ont pas les mêmes ambitions.
Malick est un des rares cinéastes à ignorer totalement les codes cinématographiques les plus basiques. Osons le dire : un cinéma nouveau est né avec
To the Wonder et
The Tree of Life. Ici, le cinéaste s'affranchit de tout, il est libre, il compose, il improvise et conçoit ses films avec le cœur. Tel un musicien, il prend les notes au vol et écrit son thème en se laissant aller au rêve. Chaque plan possède un sens, une idée, un concept et il faudrait le triple de cette critique pour en faire le tour. Pour citer un blog
( Cinealain)" Une économie orale qui oblige les acteurs à substituer les dialogues par des émotions". Depuis quand l'Histoire de la Vie se fait sous forme de dialogue ? Elle existe par les collisions, les rencontres par le regard, le hasard, les aléas inexplicables de nos humeurs et de nos convictions. Dans la Nature et dans le Cosmos tant évoqué dans The Tree of Life, Malick faisait cette analogie entre l'histoire de l'univers et l'histoire humaine. Le vrai dialogue est donc intérieur. La narration centralisée est mis à bas. La vie est faite d'instants, Malick les met en scène son montage exprime une volonté d'aérer au maximum son récit. Un style qui dérange et qui ennuie beaucoup de spectateurs mais ils oublient que le cinéma est un territoire artistique où chacun apporte une pierre à l'édifice. On pointe du doigt les protagonistes creux mais Malick met le Monde en scène. Ses personnages souffrent en silence
(l'usage de la voix-off murmurée permanente ne fait que dévoiler une absence évidente de communication avec autrui, chez Malick, l'Homme se parle à lui-même). On souffre d'ignorer, on souffre d'aimer, on souffre de vivre, on souffre de souffrir, on aime l'Amour mais on a peur de se perdre en son sein, oublier la maitrise. Le prêtre et Affleck sont, d'après le premier, des hommes forts car ils bloquent leurs sentiments mais ils en souffrent. On pointe du doigt la narration décentrée mais c'est justement un renouveau, une tentative qui propose d'aborder le cinéma sous de nouveaux angles.
N'oublions pas que ce style de cinéma "évoque" plus qu'il ne raconte. Malick ne cherche pas à "approfondir" selon les règles établies mais profite de quelques instants ou fragments de vie
(qu'il faut trier, relier) qu'il met en scène pour symboliser le sentiments de ses personnages et faire jaillir l'émotion par l'union de la beauté de l'image et le sens qui outrepasse notre raison pour atteindre la vision. Chaque film provoque et enfonce le cou. Malgré le silence omniprésent des personnages, le film dit tout. Des sourds et malentendants "ressentiraient" le film sans avoir besoin des rares phrases prononcées. Anecdote: une scène peut appuyer cette idée puisqu'il s'agit d'un dialogue via le langage des signes.
On atteint un nouveau degré dans le film sensitif qui en déstabilisera plus d'un. Peut-être qu'elle se trouve ici,
A la Merveille, cette liberté artistique tant prisée. Cette volonté de rêver en improvisant, en composant au montage, en s'autorisant absolument tout en post-production quitte à couper des acteurs et des dizaines de dialogues au dernier moment.
Terrence Malick et Emmanuel Lubezski forme un duo d’artistes hors pair. Relation fusionnelle qui atteint ici son apogée. On peut aisément percevoir
To the Wonder comme un film qui complète l’
Arbre de Vie. Un diptyque qui s'inscrit , dans son intégralité, dans une logique indéniablement très personnelle où l'évolution de la filmographie du réalisateur prend un nouveau sens à tous les niveaux
(surtout la forme) : le cinéma de Malick est là. Son est avant tout sensitif, sensoriel, interprétatif, parfois figuratif et on sent que depuis ses débats, Malick cherche à purifier son cinéma. Dire qu'il filme du vent et ne raconte rien , c'est passer à côté de tout ça.
Tout passe par l'image, donc par le plus pur langage cinématographique qui puisse exister, à la frontière du film muet,
To the Wonder n'a besoin que d'une succession de plans pour exprimer tout son cœur, toute sa puissance évocatrice.
A la Merveille est donc un pur film, un métafilm dans l’œuvre du cinéaste...en attendant les prochains, car, à suivre de près les étapes de la filmographie du bonhomme, on se doute bien que son œuvre ultime sera très certainement sans aucunes paroles.
Après
The Tree of Life, on était en droit de se dire "ça y est, THE masterpiece du maître" et force est de constater qu'il franchit une nouvelle étape qui déstabilisera encore plus ses détracteurs ou les moins fans de sa secte.
Sa narration devient de plus en plus aérienne donc, sans début, milieu ni fin. Le summum de cette pratique est-il vraiment atteint ?
A la Merveille , je l'ai vu comme une dédicace donc , que ce soit au monument central du film
(finalement peu shooté mais emblématique puisque le film se clôt avec un plan du Mont St-Michel), à l'Amour, à la Création, à la Vie, au Monde tout simplement. On peut aussi y voir une grosse déclaration d'amour à la Femme
(entité prédominante du film car l'Homme est en retrait, essentiellement cadré de dos, souvent sous les yeux, sous le regard, comme s'il fuyait, qu'il devenait insaisissable parce que l'Homme est une force impassible, aux émotions transparentes). Une âme en peine qui ne choisit pas vraiment ses amours. Le regard des femmes, langoureux,est omniprésent. Le regard de l'homme se perd, hors-champ ou à l'horizon, toujours, perdu, tournant autour de lui comme cherchant quelque chose auquel se rattacher, une providence. Accepter l'amour de l'autre c'est sortir des limbes , c’est exister. On sort de l'indifférence, de l'oubli, mais la perte de contrôle de l'affection nous tient à distance.
Les multiples plans des plaines sous l’immensité céleste de Marina louant la Nature et l'Univers rappelle les plans de Q'Orianka Kilcher dans le Nouveau Monde tout comme la personnalité que ces cadres évoquent. Chez Malick, la femme est toujours plus énergique que l'homme,, plus spirituelle, plus heureuse, plus contemplative et rêveuse
("[..]cet amour qui vient de tout autour[...] toi, Nuage, tu m'aimes aussi ?"). Plus admirative de ce qui l'entoure, plus idéaliste, plus positive. On repense forcément au personnage de Jessica Chastain, fébrile, innocente, à l'aura angélique.
Malick passe au peigne fin la vie amoureuse de ses débuts idylliques à son glas le plus effroyable : la solitude (magnifique scène durant laquelle Affleck se retrouve seul chez lui, à tourner en rond dans un appartement vide et sans vie).
To the Wonder est un film sur l’engagement et tout ce qu'il implique. Qu'il soit sentimental ou idéologique, celui-ci es toujours simple quand il est neuf mais avec le temps, la lassitude, l'introspection, et le cycle mouvementé de la vie, on peut facilement perdre pied et c'est très largement exprimé par le prêtre qui cite l’Évangile à sa façon et Jésus qui ne peut sauver les hommes que s'ils se trompent mais qui choisissent
(donc qui ont foi en quelque chose) plutôt que ceux qui ont peur du choix.
En définitive, si on ne sait pas ce que l'on veut on est perdu. Si l'on s'engage, on peut échouer mais le vécu sera là. Il existera et contribuera contribuer à la Vie, à notre propre vie. Nous en sortirons grandis et l’expérience inscrira dans notre mémoire un nouveau "souvenir". Une étape de plus. Ne serait-ce pas ce que sous-entend le dernier plan du film sur la Merveille ? Telle l'ultime image de
The Tree of Life, celui de
To the Wonder évoque un chemin qui mène quelque part. Dans
L'Arbre de Vie, le pont menait, hors-champ, vers l'inconnu (car le film évoquait la mort, le deuil, l'au-delà) alors que celui du dernier film montre la destination : Le Mont-St Michel, la Merveille, la trace d'un amour porté à sa conclusion. Marina revoie mentalement le meilleur souvenir qu'elle a de son idylle. Elle revoit un monument gigantesque, solitaire sur une vaste étendue de sable mais qui se laisse parfois emprisonné par la Mer. L'Amour peut devenir une prison
(plusieurs plans montrent les personnages comme des esclaves ou prisonniers de l’être aimé: Marina se laisse couvrir le visage par un rideau immaculé puis plus tard elle essaye de le faire à son homme mais n'y arrive pas ; Jane a les mains liées par une corde, face à Neil ) mais il peut aussi libérer, prtoéger, rassurer et combler. Aimer l'autre, c'est l'aider. Les allusions christiques ne sont donc pas anodines dans ce nouveau film.
L’Homme est effacé par l'énergie de la jeune femme, puis par la maturité de l'autre dont le mode de vie et l'âge ne lui permet plus de perdre du temps avec le mauvais homme ; l'Homme aimant mais incomplet et solitaire. De nombreux plans métaphorisent l'incompatibilité du couple : elle dans la maison qui le regarde lui à l'extérieur , regard au sol ; un autre plan nous les présente regardant dans deux direction opposée puis un autre plan sous-entend qu'il y a une barrière invisible entre le couple et la petite fille
(la baie vitrée de la laverie sépare le trio ).
Marina est instable et il suffit de voir la realtion qu'elle entretient avec sa fille pour le confirmer (pour revenir aux USA, elle confie celle-ci à son père et communique avec elle par web-cam que la petite fille interrompt parce que sa mère adoptive lui dit "ça suffit". Autre remarque: les seules scènes où l'acteur est "seul", il travaille. Marina est ailleurs. Sa vie passe sous silence. Seule, elle erre dans les plaines
(plaines qui formaient le décor principal des deux premiers films de Malick et cette herbe omniprésente dans toutes ces œuvres), elle danse et court et chante. Deux pôles totalement opposés qui s'attirent mais se rejettent. Affleck refuse peut-être l'amour de Jane parce qu'elle lui ressemble trop alors que Marine l'enivre par sa force.
Il y aussi ce plan sur Olga qui le bras de son homme pour réclamer un câlin qu'il lui refuse. Pourtant, bien avant, une scène très touchante nous dévoile un homme à genoux devant sa femme, comme un ultime recueillement, un des rares moments où l'Homme avoue sa faiblesse, il remet sa vie entre les mains de sa bien-aimée, il se soumet. Celui-ci avait peur de s'engager avec son premier amour qui le réclamait et qui insistait sur le temps perdu mais la peur de ses propres sentiments l'a conduit à s'engager vers Marina , plus jeune, plus folle de vie mais avec qui l'engagement est finalement impossible. Ironie du sort: quand il décide de s'engager, il échoue. Et tous échouent. On ne sait pas ce qu'on veut dit la première partie du film et la seconde dit
"Nous n'obtenons jamais ce que nous voulons parce que nous le fuyons". Ce qui est très révélateur c'est de voir qu'Affleck se met à côtoyer le prêtre lui qui dit
" Je n'avais pas la foi" et à le suivre lors de ses sorties quotidiennes afin d'apporter du soutien aux plus nécessiteux.
Déclaration d'amour à la France, à Paris
(Malick y a vécut), à la langue française
(le film possède plus de dialogues en français et de voix-off en français qu'an anglais : Malick aime cette langue, il l'a parle couramment). La voix-off du prêtre est en espagnol. La gitane s'exprime en italien face à Marina qui répond à peine en français
(on doute même d'une chose: se comprennent-elles ?) . Universalité que Malick côtoie de plus en plus dans ses œuvres jusqu'à évoqués les différences en filigrane
(le repas avec des Noirs dans Tree of life, le passage avec l'homme qui boite, la vieillesse aussi, l'accompagnement dans la mort évoqué à la fin de To the Wonder avec le prêtre, handicapé mental qui le réclame etc...). Le dernier film de Malick évoque aussi le choc des cultures avec l'arrivée aux USA et plus tard le départ du principalement à la petite fille. Chaque film de Malick rend hommage à plusieurs domaines artistiques, à plusieurs œuvres d'arts et encore une fois, je le répète, mais le cinéma de Terrence Malick est un cinéma que l'on ne peut pas
(ou presque) relier à d'autres films car les références de ce cinéaste tourne exclusivement autour d'autres domaines artistiques, ses références tiennent plus de la musique classique, de la peinture, de la philosophie et de la poésie ou de la sculpture que du cinéma. Thoreau et le transcendantalisme, le Christianisme, le Naturalisme, l’Impressionnisme...Au mieux pourrions-nous citer quelques films de Tarkovski et de Murnau pour enrichir et citer quelques références parfois évidentes. On sent Malick très attiré par le cinéma russe voir même la littérature
(Dostoïevski...)Les plans naturalistes sont omniprésents comme toujours, comme pour signifier que la Nature préexiste à l'Homme et quand les trois derniers films de Malick m'évoquaient une citation d'un roman de Cormac McCarthy :
" Il pensait que dans la beauté du monde il y avait un secret qui était caché. Il pensait que pour que batte le cœur du monde il y avait un prix terrible à payer et que la souffrance du monde et sa beauté évoluaient l'une par rapport à l'autre selon des principes de justice divergents et que dans l'abyssal déficit le sang des multitudes pourrait être le prix finalement exigé pour la vision d'une seule fleur."To the Wonder, lui, m’évoque une citation du scientifique Hubert reeves :
" Nous sommes l'Univers qui se contemple". Je n'irai pas plus loin concernant cette phrase et son contexte scientifique mais dans le film de Malick, plusieurs phrases sous-entendent clairement cette idée, notamment venant des introspections du prêtre et quelques questions que se posent les trois personnages centraux du film. La souffrance est nécessaire pour Malick.
A plusieurs moments, on sent que l’humanité
(chez Malick) est perdue, ignorante et se rattache à ce qu'elle peut : un autre être, envers qui elle peut se vouer corps et âme. Pour donner un sens à sa vie et là encore, je cite approximativement le prêtre qui dit que
" c'est nous qui donnons un sens aux choses et qui sublimons l'univers même s'il n'est pas beau". Malick fait de même avec ses films. Le prêtre est là pour observer le Monde, lui qui connait si bien l'humain , lui qui écoute les confessions, qui conseille, qui absout. Il voit et ne comprend pas Dieu. Il assiste à "tout" en aidant les autres, la mine pourtant blasée, blessée et sceptique.
Il sublime le quotidien, il sublime chaque instant, chaque coucher de soleil, chaque fleur, chaque rideau, chaque lumière, chaque ombre, chaque caresse. L'univers du directeur photo est éthéré, tout est chorégraphié avec une grâce esquive. Tout en lumières naturelles, Lubezski se laisse emporter par la folie de sa caméra ailée qui prend des souvent des allures de caméra subjective signifiant un promeneur, un esprit voguant à son gré dans la vie de quelques êtres humains, en tant que pur observateur totalement passif
(le silence de Dieu?). Virevolte, improvisation
(Malick préfère cadrer un vol d'oiseau au-dessus d'un acteur plutôt que continuer à shooter son interprétation), sensation de flottement et de légèreté. Dans
The Tree of Life, il mettait en scène le complexe d'Oedipe avec un talent indéniable et d'une subtilité cristalline magistrale. Dans son dernier film il fait de même avec la scène de l'adultère dans laquelle Olga Kurylenko brille par son talent d'actrice : tentation, culpabilité, désir, sensualité, tout y passe, sans paroles. L'actrice principale du film réussit un grand pari, elle qui était habitué à des rôles commerciaux plutôt insipides.
Les quelques plans de corolles ou de fleurs éclosent insistent sur ce symbole très féminin. L'orchidée
(en début de texte) symbolise les "pensées" , la fleur bleue aperçue dans le film
(une rose semble t-il) symbolise la réussite, la mystère, l'espoir éternel , la pureté d'un amour impossible, la rose rouge au à la Merveille symbolise l'amour absolu...Peut-être qu'il y a beaucoup à décrypter via ces images florales. L’immanence chez Malick ? Assurément. L'auteur en dit le moins possible et c'est par ce silence qui palpable et immersif, Malick renforce le pouvoir d'identification de ses deux derniers films en dépoussiérant ce qui pourrait trop "cibler" un public donc, les personnages n'ont pas de prénoms ou presque. Les noms des choses n'ont plus d'importance , tout est "un", tout se ressent, se voit, se perçoit. Les personnages crèvent l'écran sans étaler leurs propres vies, leurs propres passés, sans que le scénario ne les présentent au public de manière conventionnelle. Ainsi, Malick frôle du doigt cette universalité qu'il recherche tant. Évasif, découpant ses films par d'amples ellipses , le style du réalisateur rend possible l’interprétation personnelle
(mais toujours au travers d'une logique imparable) : chacun ressort du film avec sa propre version et c'est par l'échange et les multiples visions qu'on atteint progressivement une nouvelle compréhension. Est-ce pour ces raisons que le cinéaste demeure muet, invisible et impénétrable ? Malick s'efface derrière son œuvre en faisant d'elle son "moyen" de communication et d'extériorisation. Il n'y à qu'à voir le tournant autobiographique pur et simple que prennent ses fictions de en plus personnelles et hermétiques à ceux qui ne se reflètent pas dedans.
Un film sur la solitude, les sentiments, le changement, l’incommunicabilité, la Foi, le rapport homme/femme (
le couple , ses hauts et ses bas, le volte/face des humeurs), le rapport prêtre/Dieu, prêtre/hommes, et le tout rapport au Monde. L’Homme évolue dans ce Tout mais par rapport à lui. Pas indépendamment de lui . La destruction d'un couple puis d'un autre, le cycle de l'amour, l'instabilité des rapports humains, L'altruisme pour l'humanité et ses tares
(les malades, la trisomie, les inadaptés, les pauvres) et un discours écologique latent
(le travail de Ben Affleck, le clin d’œil au pétrole, au terrassement, à la pollution des eaux)...et toujours cet univers silencieux, ce Dieu muet qui entoure nos vies. Une caméra-ballet époustouflante
(on a jamais vu une steadycam aussi maitrisée), un directeur de photo qui laisse à sa caméra le soin d'épouser chaque mouvement ; des plans ultimes et magnifiques sublimés par la musique utilisée encore une fois démentielle et par la narration morcelée, faites de flash-backs et de plans énigmatiques que l'on pourrait interpréter comme étant purement figuratif mais qui semblent plutôt définir l'état d'esprit d'un personnage plutôt qu'un plan du réel.
To the Wonder est-il un film de trop dans la filmo de Malick ? Redite ou pas ? Non. Certes, la tonalité est la à peu près la même que son dernier film mais le fond est toujours nouveau car il est exploré via de nouvelles entités. Le Monde reste inchangé, Malick demeure inchangé mais ses histoires changent parce que les personnages et les époques changent. Dans les points négatifs on notera : la voix-off française trop murmurée et un montage sonore parfois douteux qui recouvre trop les phrases d'Olga ; le cinéma de Malick décuplé par 10 qui va forcément rebuter quelqu’un de ses plus ardents défenseurs. A trop libérer d'énergie, a vouloir toujours en faire plus, on s'autodétruit. Le prochain film de Malick pourrait en pâtir.
Pour ceux qui trouvent que Malick est lent - mais céleste -(toujours mieux que de faire du "statique"), il faut vraiment vous nettoyer les yeux car le montage de ses deux derniers films est souvent " limite " épileptique. "
"Ce n'est pas la lumière qui manque à notre regard, c'est notre regard qui manque de lumière" disait Gustave Thibon
. Rarement vu un plan qui dure plus de 10-15secondes. C'est l'ensemble, la narration et l'ambiance qui induisent le public en erreur et le plonge dans la torpeur car chez Malick, tout est mouvement, rien n'est figé. Ses films ne sont plus du tout statiques.
Pour finir je dirais que
To the Wonder n'est pas un film dépaysant car tout l'exotisme des précédents films n'a plus lieu d'être. de la guerre, à l'histoire, au Pacifique Sud en passant par l'Amérique originelle, les effets spéciaux cosmiques de son dernier film, les années 40-50 etc...Malick s'éloigne du cinéma de genre et inscrit
A la Merveille à notre époque donc tout est très commun. On ne voyage pas, on est là, chez nous , dans nos vies et le cinéaste s'amuse à traiter quelques thèmes contemporains en filigrane
(les inégalités sociales par exemple, et l'écologie citée plus haute). Malick aurait immiscé un peu de politique dans tout ça ?
On peut ressortir de la salle étourdit et ravit tant l'expérience est exaltante. En tout les cas, et pour en rajouter une couche dans le positif, Malick est un artiste qui "cultive" son public par le nombre de références bibliques, littéraires et artistiques en tout genre qui agrémentent ses films. Rien que ses best-of classique/cantique valent le détour et fait profiter l’ouïe de délices musicaux insoupçonnés par nos oreilles.
On notera l'utilisation de Tchaikovsky June: Barcarolle, comme pour l'Ours de Jean-Jacques Annaud.