[Jack Spret] Mes critiques en 2013

Modérateur: Dunandan

Möbius - 6,5/10

Messagepar Jack Spret » Mar 05 Mar 2013, 23:25

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Je lève mon verre à Mr Rochant !


De mémoire, je crois que je n'ai jamais été initié au cinéma d'Eric Rochant. Certains le houspillent de pâle copieur, d'autres disent de lui qu'il est l'un des cinéastes français les plus doués de sa génération. Il faut bien avouer qu'en terme de mise en scène et des scénario bétonné, personne ne se bouscule au portillon du cinéma français. Alors quand Rochant vient trouver les spectateurs français en leur proposant un film d'espionnage international qui semble bâti autour d'un solide scénario et d'un duo d'acteurs excellent, il est difficile de faire la fine bouche et de lui préférer Boule & Bill ou Turf.

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Jean Dujardin prouve encore une fois qu'il est l'un des meilleurs acteurs français en activité.


Möbius prend le temps de poser son atmosphère paranoïaque et brumeuse. Par contre, le cinéaste choisit d'y aller franco en introduisant en deux courtes scènes ses deux protagonistes. Car plus qu'un film d'espionnage pur et dur, c'est une romance compliquée qui nous est délicatement amenée. Et cette surprise pour le moins inattendue à de quoi déjouer les attentes du spectateur venu voir quelque chose de pêchu mais aussi de le décevoir si, par la tournure adoptée, Rochant ne convint pas son public. Même si Jean Dujardin et Cécile de France assure les arrières du réalisateur, le pari est risqué. D'autant plus qu'il n'est pas très prolifique et que son dernier film, aussi amusant soit-il, était une comédie passée inaperçue.

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Les scènes de sexe sonnent vraiment juste, même si les mimiques de l'actrice prêtent à sourire.


Venimeuse et déroutante, l'histoire d'amour entre ces deux partis pris (l'un par son travail, l'autre par son pays) détonne dans un univers habitué à la tension et l'action. Dans Möbius, tout est posé, calme et jamais frondeur. Mais lorsque la situation le réclame, Rochant parvient à nous pondre l'un des meilleurs passages du film où l'agent russe qu'incarne notre frenchy va laisser exploser son amour pour la belle financière dans une bagarre cloisonnée admirablement filmée. Egalement scénariste, le cinéaste mesure la justesse de sa mise en scène tel un chef d'orchestre qui jouerait de tous les instruments à la fois, faisant ainsi preuve d'une perfectionnisme qui force le respect. Mais qui pousse aussi à se retrouver parfois seul lorsqu'il s'agit de prendre des décisions importantes.

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La détente à la russe, ça n'a rien de relaxant...


Et ce final, émouvant mais raté, laisse béat le spectateur qui, au détour d'un faux twist, s'attend à voir réapparaître une pointe d'action dans ce film légèrement creux. Sauf que le générique lui fauche son enthousiasme et il repartira bredouille, mitigé entre l'appréhension d'avoir raté quelque chose et la sensation d'avoir vu une très belle histoire d'amour sur fond d'espionnage. Quoi qu'il en soit, il aura au moins fait l'effort de ne pas aller voir Boule et Bill et aura permis au cinéma français de se renouveler et de saluer l'audace de certains artistes qui n'hésitent pas à prendre le taureau par les cornes pour livrer un cinéma de qualité.

6,5/10

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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

Messagepar padri18 » Mer 06 Mar 2013, 08:45

Complètement d'accord avec ta critique :super:
Il est vrai que l'histoire d'amour prend un peu trop le pas sur le côté espionnage, et les scènes d'orgasmes de Cecile de France n'aident pas vraiment...
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

Messagepar nicofromtheblock » Mer 06 Mar 2013, 09:54

C'est vrai que les scènes d'orgasme m'ont bien fait marrer : j'avais l'impression de voir le clip "Jizz in my pants" de The Lonely Island. :eheh:
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Cours, Lola, cours - 6,5/10

Messagepar Jack Spret » Jeu 07 Mar 2013, 20:16

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Une course contre la montre épileptique !


C'est drôle comme l'Allemagne (et en général l'Europe de l'Est) aime se démarquer du cinéma traditionnel avec des tentatives underground toutes plus intéressantes les unes que les autres. Cours, Lola, cours a tout du premier film fauché et ambitieux, où le manque de moyens apparent laisse la place à une créativité débordante. Avec deux bouts de ficelles, Tom Twyker parvient à nous pondre un long métrage extrême, où l'intensité de sa mise en scène sert complètement son récit, situé à mi chemin entre fantastique et sociétal (à l'instar de Kontroll). Baignant dans la culture nocturne allemande, le film tient sa fraîcheur de son actrice principale, véritable pile électrique donnant de sa personne à chaque instant.

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Complètement barré, le film est un cartoon dopé au speed !


Cours, Lola,cours n'est pas sans rappeler un certain Trainspotting qui lançait définitivement la carrière de son cinéaste. On peut en dire autant de Tom Twiker qui, après des débuts passés inaperçus dans nos contrées, parvient à avoir un reflet un peu plus international, jusqu'à le propulser au rang de co-réalisateur du prochain film des Wachowski, Cloud Atlas. Et la boucle est bouclée tant la poésie de ses images, sa capacité à tenir en haleine le spectateur en un temps record et sa narration éclatée où les paradoxes temporels flirtent avec une nonchalance incroyable avec de la musique techno, donnant à son film un pur produit estampillé Berlinois, dans l'ère du temps et véritable porte-étendard d'une mode qui se cherche encore, ressemble à ce vent de nouveauté que cherche les deux frangins pour leur fresque temporelle.

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Les fils rouges de chaque répétition sont les seuls moment de répit accordés au spectateur.


Psychédélique, la mise en scène emprunte au clip cette capacité à nous submerger d'images et d'informations, de paroles et de musiques, tout en restant compréhensible et fluide. Même s'il n'innove que dans sa manière de raconter une histoire, le réalisateur montre déjà l'étendue d'un talent qui a bien appris ses leçons et qui n'attend qu'un budget plus conséquent pour exploser et s'affirmer. Si les personnages secondaires au couple ne brillent pas par leurs qualité d'interprétation, la jeune Franka Potente rattrape le niveau grâce à un charme animal et une sensibilité débordante, jonglant sans cesse entre joie et tristesse, indécision et confiance en soi.

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Il faut une forme olympique pour courir durant les 2/3 du film.


Cours, Lola, cours n'a pas volé son statut de rareté cinématographique et sa réputation d'OFNI underground. Des débuts prometteurs qui démontre une fois de plus qu'avec peu d'argents et plein d'idées, on arrive à se démarquer du tout venant.

6,5/10

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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

Messagepar Alegas » Jeu 07 Mar 2013, 20:33

Par contre, c'est pas un premier film. :wink:
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Ven 08 Mar 2013, 03:17

Ja Alegas, ich bin mit dir einverstanden !

Non mais tu pourrais te renseigner un peu avant Jack ^^!

Puis je suis un peu plus généreux que toi avec ce film, je trouve que c'est une petite bombe d'énergie (malgré sa redondance, mais justement sa courte durée empêche l'ennui de s'installer trop vite).
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

Messagepar zack_ » Ven 08 Mar 2013, 11:11

Pareil. Je lui reproche juste une image un peu baveuse.
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

Messagepar Jack Spret » Ven 08 Mar 2013, 15:53

Alegas a écrit:Par contre, c'est pas un premier film. :wink:


C'est pas parce que c'est ton troisième ou quatrième que c'est pas un de tes premiers films :wink:


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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

Messagepar Mark Chopper » Ven 08 Mar 2013, 15:56

La preuve, De Palma vient de signer un film qui rappelle ses premiers :chut:
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A toute épreuve - 10/10

Messagepar Jack Spret » Sam 09 Mar 2013, 11:53

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Le summum du cinéma d'action !


A toute épreuve. En voila un titre à multiples facettes qui mérite qu'on s'y attarde. Car il résiste autant à l'épreuve des balles qu'à l'épreuve du temps. A la force de son poignet, Woo parvient à hisser son cinéma dans les cimes les plus inatteignables du cinéma d'action. L'adieu à la hong-kongaise est fait de bruit et de fureur chez John Woo. Même si A toute épreuve apparaît comme son film le plus abouti dans presque tous les domaines (le scénario est somme toute assez basique) , on est loin d'y retrouver les procédés qui imprègne son style depuis ses débuts. L'amitié virile, les atermoiements amoureux, les rivalités, l'honneur et tout ce qui fait appartient à son cinéma sont bel et bien présents. Mais sa manière de les intégrer au récit à changé, comme si ce cadeau d'adieu, en plus d'être ce qui se fait de mieux dans le genre, cherchait à prouver aux Américains qu'il sait s'adapter à leurs codes et leurs attentes.

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Toutes les fusillades sont aussi spectaculaires que jouissives !


Plus d'actions et de ralentis, moins de passages gênants et de musiques niaises. Ici, on est au coeur d'un véritable mythe porté à bout de bras par son cinéaste et ses acteurs, tous plus impliqués les uns que les autres. Le film n'a pas volé son statut d'oeuvre culte tant il accumules les séquences d'anthologie où la destruction, la violence et la mort sont les maîtres mots du cahier des charges que s'est imposé l'équipe de tournage. Les décors sont littéralement pulvérisés au gré des fusillades et des explosions qui parsèment l'intégralité du long métrage. Mais Woo ne se contente pas de livrer une démo technique sur plus de 2 heures. Son scénario habile et drôle, moyen mais solide, ponctuent la séance de quelques cliffhangers vraiment puissants, comme ce climax de fin qui s'étend sur plus de 3/4 d'heures.

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Ces deux fortes têtes forment un duo détonnant.


Il s'agit d'ailleurs du plus gros morceau de bravoure jamais tourné, tous films confondus (je pense que je ne m'avance pas trop en disant ça). Toute la première heure tend à poindre à ce moment ultime où l'on découvre enfin le théâtre des pires hostilités: l'hôpital. Cet hôpital on va y passer une heure en compagnie de tous les personnages de l'intrigue, du collègue de travail de l'inspecteur Tequila au bad guy qui incarne à la perfection le côté obscur de Tony. Et le point d'orgue est ce fabuleux plan séquence où les deux compères vont dessouder du mafieux sur deux étages, tout en prenant l'ascenseur entre temps, mais en intégrant également une portée dramatique à l'action qui constitue le passage d'un état d'esprit à l'autre, le temps de changer d'étage. Les deux protagonistes vont alors avoir, à partir de cet instant tragique, une seule et même volonté: venger la mort d'un collègue dont ils sont tous deux responsables.

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Tout ce qui est susceptible d'exploser explosera !


S'il on fait le lien entre la dernière oeuvre chinoise et le premier film américain de Woo, on remarque quelques similitudes qui prête à sourire comme ce pistolet aux allures d'arme de pirate qu'utilise les deux enflures de chaque film, témoin entre deux filmographies qui n'auront plus grand chose à voir. Epuré de tous les à-côtés qui nuisent à la lisibilité de l'action et à la linéarité du récit, A toute épreuve est une oeuvre somme de tout le talent et le travail accumulé de Woo. Pierre angulaire du cinéma hong-kongais, il n'a pas fini de faire jalouser la relève qui, à défaut d'atteindre la cheville de Woo, peine à se renouveler et à apporter leur pierre à l'édifice (Johnnie To se démarque vraiment de ses contemporains).

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Woo apporte même une touche fantastique, en faisant passer Tequila pour le "fantôme" de son coéquipier le temps d'une vengeance.


Intemporel (les bruitages ont quand même un peu vieillis), jubilatoire (on ne s'ennuie pas une seule seconde), intense et doté d'une capacité de revisionnage infinie, A toute épreuve est une mine d'or inépuisable que des bandits de plus ou moins grande envergure viennent piller sans vergogne à la recherche de la pépite qui leur procurera une aussi belle et longue consécration dans le cinéma d'action.

10/10

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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

Messagepar Mark Chopper » Sam 09 Mar 2013, 12:17

Il est toujours bon de voir certains noter ce film à sa juste valeur.

Sinon, je remarque un 7 dans les autres notes :chut:
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

Messagepar pabelbaba » Dim 10 Mar 2013, 11:00

Gros Approved! Joli Critique en plus pour LE chef d’œuvre de Woo. :super:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Plomb dans la Tête (Du) - 7/10

Messagepar Jack Spret » Dim 10 Mar 2013, 14:58

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"- On va la faire à l'ancienne, baby !"


Ce que j'adore chez Walter Hill, c'est qu'il ne se prend pas la tête. Fuck the rules ! Toujours aussi généreux avec son public, il se contente de rester hors des modes et fait son cinéma. Celui là même qu'il aimerait aller voir en salles. Alignant les punchlines jusqu'à satiété, ce faux buddy movie n'entache en rien l'aura de Stallone, contrairement à ses contemporains qui se sont plantés en beauté en tentant de réincarner le mythe qu'il représentait auprès de tout un pan de spectateurs nourri à la péloche sévèrement burnée. Et ça fait plaisir de voir que l'action à la sauce 80's revient sur le devant de la scène depuis quelques années. Mais jamais avec autant de panache qu'avec Du plomb dans la tête.

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Sous exploité, le sidekick de Stallone permet à ce dernier d'être à la fois touchant et drôle.


Rugueux et sec, le film ne souffre d'aucun temps mort. Aussi poisseuse que l'atmosphère qui se dégage des paysages de la Nouvelle-Orléans, les mentalités des personnages sont complexes, souvent coincés entre un besoin de justice immédiate et une certaine ligne de conduite. Il est dommage de constater que Jimmy Bobo ne soit pas plus développé tant son côté papa poule est traité rapidement, avec une scène touchante où il explique à son acolyte (le terme partenaire est mal à propos) qu'il n'a pas été le père qu'il aurait aimé être. Une faille émotionnelle qui le rend beaucoup plus humain, à l'image de la scène des bains turcs qui montre que l'improvisation n'est pas de son monde.

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Le film livre toujours la marchandise.


Old school jusque dans ses rouages scénaristiques, Du plomb dans la tête n'a rien à envier à de grosses productions hollywoodiennes. Même si l'action est brève et toujours confinée, elle sait être spectaculaire, notamment grâce à son réalisme et sa lenteur qui font que chaque coup reçu est ressenti brutalement par le spectateur (la scène dans les toilettes parle d'elle même). Sous ses faux air de 48 heures musclé, Hill préfère iconiser Stallone et lui permettre de regagner les faveurs du public, même s'il n'a jamais véritablement perdu son aura d'action guy au fil des années. Quand à Jason Momoa, il commence à s'imposer, à l'instar de Statham, comme une valeur sûre de l'actionner bourrin, aidé par son physique impressionnant (aussi svelte et rapide que grand et baraqué).

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Deux écoles s'affrontent pour notre plus grand plaisir.


Sans aucune morale, Du plomb dans la tête inonde la fourmilière des bien-pensants, les laissant sur le carreau par la violence du film. Animé par une envie de retrouver le charme des anciennes productions (Joel Silver, tu es mon héros !) Walter Hill montre qu'il en a encore sous le coude et qu'il n'est pas prêt d'être nostalgique d'une époque où le pain quotidien du public en terme d'action correspondait parfaitement aux valeurs défendues dans ce film.

7/10

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Voyage au bout de l'enfer - 8,5/10

Messagepar Jack Spret » Mar 12 Mar 2013, 22:36

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Un voyage dont on ne revient pas indemne...

La guerre du Vietnam, elle a été traitée en long, en large et en travers. Toujours avec plus (Taxi Driver) ou moins (Full Metal Jacket) de recul, elle a constitué en une sorte d'exutoire pour certains cinéastes, en profitant pour y mettre toutes leurs angoisses et leurs peurs, leurs souvenirs et leurs cauchemars dans un évènement qui renvoie le peuple américain à revoir sa définition du patriotisme, de l'honneur et du soldat dans son ensemble. Qu'elle rabaisse l'Américain (Outrages), le broie émotionnellement (Platoon) ou le transforme en une figure mythique (Apocalypse Now), elle permet de délivrer une large palette d'émotions et de montrer, dans son plus simple appareil, ce qu'un homme est capable de faire au nom de son pays.

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Un mariage est la meilleure occasion de rassembler tout le monde.

Tout en retenue, Voyage au bout de l'enfer n'est pas aussi guerrier que son titre pourrait le laisser prétendre. Je lui préfère d'ailleurs largement le titre original The Deer Hunter, soit une vision très noble de l'homme armé. En le représentant comme quelqu'un d'aussi simple et d'aussi banal, Cimino parvient à faire du personnage de Robert De Niro le parfait archétype du citoyen lambda qui s'est vu retiré de sa terre promise (travail, amis, amour) pour être amené sur un terrain de chasse sauvage et sans aucunes autre règle que celle de tuer ou être tué. Le gibier à bois remplacé par le Vietcong, le cinéaste dépeint l'atrocité de la guerre en faisant de l'adversaire des Etats-Unis une simple proie à éliminer afin de pouvoir ajouter à son tableau de chasse le trophée qu'il représente (les décorations de son uniforme).

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Le retour à la normalité n'est pas sans difficultés.

Cette expérience bouleversante qu'est la guerre peut changer radicalement n'importe quel être humain. Et Michael ne déroge pas à la règle lorsqu'à son retour, il n'est plus capable d'abattre froidement un simple cerf. Il a évolué, sa notion de respect, aussi bien de la vie et de la mort, a évolué. Et c'est lors de cette scène cruciale, mondialement connu, de la séance de roulette russe, que Michael va comprendre à quel point la vie n'est pas que ce que l'on en fait, mais que certains choix nous sont imposés sans que l'on en connaisse forcément l'issue. C'est en métaphore du conflit opposant les Américains aux Vietnamiens que vient se présenter à nous ce jeu statistique qui tient autant du hasard que de celui qui distribue les cartes. Et dans cette guerre, les ennemis sont tout autant fautifs que les dirigeants alliés.

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Certains luttent pour rester en vie, d'autres n'ont plus ce courage.

Michael Cimino semble être touché par la grâce à certains moments. La maestria visuelle dont il fait preuve ferait pâlir nombre réalisateurs lorsque l'on sait que Voyage au bout de l'enfer est son second film. Mais ce perfectionnisme de tous les instants et cette volonté de vouloir délivrer un film fleuve où le combat au quotidien et plus important que celui qu'on livre pour notre patrie a tendance à appesantir le sujet de son chef d'oeuvre, ponctuant la pellicule de moments bien trop épuisants où la patience parvient à effleurer ses limites (le mariage est beaucoup trop long). Cependant, cette faculté de nous emmener au coeur du conflit uniquement durant 45 minutes sur les 183 du film, c'est un exploit que n'importe qui serait bien en peine de récidiver.

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L'amitié peut vaincre beaucoup de choses, mais pas la folie...

Le casting impeccable finit d'installer Voyage au bout de l'enfer comme une pièce maîtresse du cinéma américain. Ce revers de la médaille qu'on cherche à dissimuler sous le manteau du patriotisme étoilé. Nombreux sont ceux à être rentrés au pays dans le même état d'esprit que Michael. Nombreux sont ceux à avoir continué à vivre ce cauchemar vert à l'odeur de napalm nuit et jour après leur rapatriement. Ce sont leurs histoires qui sont les plus intéressantes à raconter. Non pas celles des soldats morts au combat, non pas celles des généraux vainqueurs mais celles de ces héros qui, au quotidien, continue de vivre leur Vietnam intérieur. Celui là même qui les empêche de retourner à la réalité et de se réintégrer à leur société.

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Les paysages sont à couper le souffle, alternant entre beauté et abomination.

Contemplatif, Cimino réussit le tour de force de nous embarquer dans un voyage sans retour, où notre âme restera emprisonné de ces images à la beauté surnaturelle (il y a une multitude de plans absolument splendides), flirtant avec l'impression d'avoir vécu la guerre comme jamais, au plus près de la cruauté des hommes, et celle de ne jamais réalisé à quel point celle-ci a pu être horrible. Même si 3 heures peuvent paraître longues et que le cinéaste accentue trop longuement son propos, c'est pour que son écho se répercute au plus profond de notre mémoire pour ne jamais oublier cette époque.

8,5/10

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Mort sur le Grill - 0,5/10

Messagepar Jack Spret » Ven 15 Mar 2013, 19:45

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Mais comment on peut pondre un truc pareil ?

Sam Raimi n'est pas le plus à plaindre dans l'histoire. Même s'il nous balance son histoire de manière fainéante et foutraque après le génie dont il avait fait preuve dans son Evil Dead, ce sont les scénaristes qu'ils faudrait passer sur la chaise électrique. Et c'est dur pour moi de dire une telle chose car ce sont les frères Coen qui sont derrière ce massacre narratif. Mort sur le grill se veut un épisode de Tex Avery avec de véritables acteurs sauf que je ne les ai jamais vus à l'écran. Ou alors il s'agissait de ces attardés mentaux tout droit sortis d'un asile qui gigotaient en riant à tue tête et en grognant à l'écran.  Trop foutraque, quelques idées intéressantes mais jamais exploitées au maximum (le méchant qui tire le tapis) et un sens du rythme très personnel ajouté à une bande sonore et musicale trop omniprésente. Je ne le conseillerai même pas à mon pire ennemi !

0,5/10

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